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16/06/24 AR Plan d'urgence nucléaire et radiologique
Arrêté royal du 16 juin 2024 portant fixation du plan d'urgence nucléaire et radiologique pour le territoire belge, la mer territoriale et la zone économique exclusive

Annexe

1 Généralités

1.1 Introduction

Chaque activité industrielle comporte des risques que notre société tolère implicitement comme les conséquences d'un choix de vie conscient. Toutefois, notre société exige que tout soit mis en oeuvre pour maîtriser ces risques. La Belgique a donc mis en place un système de gestion et de contrôle pour assurer une protection efficace de la population, des travailleurs et de l'environnement contre le danger des rayonnements ionisants (voir Lexique). Les dispositions strictes mises en oeuvre tant du point de vue de la sûreté des installations nucléaires (voir Lexique) concernées que de la radioprotection visent à prévenir tout accident grave ou, à tout le moins, à limiter au maximum leurs effets. Si, malgré ces dispositions, une situation d'urgence (voir Lexique) devait néanmoins survenir, les autorités doivent s'y préparer afin d'en limiter les conséquences pour la population, l'environnement et les activités socio-économiques.
Le plan d'urgence nucléaire et radiologique pour le territoire belge, la mer territoriale et la zone économique exclusive (4) vise à répondre à ces préoccupations et utilise les dispositions et approches internationalement reconnues en termes de radioprotection (5) (en particulier les principes de justification et d'optimisation, voir § 6.1). Il intègre la dimension internationale intrinsèquement liée à ce type de situation. Le plan s'inscrit également dans les dispositions générales de la planification d'urgence et de la gestion de crise en Belgique. Il en utilise les principes et dispositions générales, sous réserve de dispositions particulières précisées dans le présent plan.
La première partie du présent plan est structurée de façon à suivre le déroulement chronologique d'une situation d'urgence à caractère nucléaire ou radiologique (6) . Le chapitre 1 décrit l'objectif et la portée de ce plan, ainsi que le déroulement général d'une situation d'urgence. Le chapitre 2 explique en détail le rôle des différents acteurs et cellules de crise durant la période aiguë (voir Lexique) ainsi que la façon dont la coordination est organisée aux différents niveaux. Le chapitre 3 aborde la période de transition, laquelle a vocation à préparer la période de rétablissement (voir Lexique) décrite au chapitre 4. La deuxième partie du plan présente quant à elle les principes de base applicables en cas de situation d'urgence. Ainsi, les principes employés pour définir les zones de préparation (voir Lexique) autour des différentes installations nucléaires sont exposés au chapitre 5. Le chapitre 6 décrit en détail les actions de protection qui peuvent ou doivent être mises en oeuvre, tant pour les intervenants (voir Lexique) que pour la population. Le chapitre 7 précise comment tous les principes évoqués au sein des chapitres précédents peuvent être préparés au cours de la période qui précède une situation d'urgence. Enfin, le chapitre 8 donne un aperçu des termes et abréviations utilisés dans ce document et des références utiles.

(4)
Ci-après “plan d'urgence nucléaire”
(5)
Notamment les prescriptions générales de sûreté établies par l'AlEA et la CE et les principes directeurs de HERCA WENRA
(6)
Ci-après “situation d'urgence”

1.2 But du plan d'urgence nucléaire et radiologique

Le présent plan d'urgence décrit l'organisation générale de la réponse aux situations d'urgence à caractère nucléaire ou radiologique affectant ou menaçant (in)directement le territoire et la population. Il doit être complété par des plans particuliers d'urgence et d'intervention et des procédures opérationnelles. Le but de la gestion et de la coordination d'une situation d'urgence est de:
Reprendre le contrôle de la situation et en limiter les conséquences;
sauver les vies humaines;
éviter ou minimiser les effets déterministes sévères (voir Lexique);
assurer les premiers soins et traitements médicaux urgents et gérer le traitement des personnes sévèrement irradiées;
garder le public informé et maintenir sa confiance dans la gestion de la situation d'urgence par les autorités publiques;
réduire l'apparition d'effets stochastiques (voir Lexique);
lutter, dans la mesure du possible, contre les conséquences non-radiologiques;
protéger, dans la mesure du possible, les biens et l'environnement;
préparer, dans la mesure du possible, le retour à une situation sociale et économique normalisée.
Comme tout plan d'urgence, le présent plan doit être considéré comme un fil conducteur pour la mise en oeuvre des actions de protection à prendre en cas de nécessité. Il établit les missions à accomplir par les différents services, disciplines et organismes, chacun dans le cadre de leur compétence légale et réglementaire.
Le présent plan ne porte toutefois pas préjudice à l'accomplissement des missions légales et réglementaires que les départements, services, organismes et institutions - en ce compris les autorités locales (gouverneurs (8) et bourgmestres) - concernés doivent assurer au quotidien. En cas d'activation du présent plan (voir Lexique), il leur appartient donc également de prendre les dispositions requises pour assurer les missions qui leur sont confiées dans ce plan.

(8)
Dans le cadre du présent plan, le mot gouverneur doit s'entendre, en ce qui concerne le territoire de la Région bruxelloise, comme désignant l'autorité de l'agglomération bruxelloise compétente en vertu de l'article 48 de la loi spéciale du 12 janvier 1989 relative aux Institutions bruxelloises.

1.3 Champ d'application

Les dispositions du présent plan d'urgence s'appliquent à tous les cas où la population qui se trouve sur le territoire belge est, ou risque d'être, menacée par une exposition radiologique anormale (13) via différentes voies d'exposition dues à:
l'irradiation externe par exposition à une source de rayonnements externe;
l'irradiation externe et/ou la contamination externe par la contamination de l'air et/ou par des substances radioactives déposées (contamination du territoire belge);
l'irradiation interne et/ou la contamination interne par:
l'inhalation de gaz contaminés et/ou,
l'ingestion d'aliments ou d'eau contaminés et/ou,
l'absorption par la peau et/ou,
la contamination de plaies ouvertes.
Ce plan d'urgence s'applique en cas de situation d'urgence résultant:
d'événements à caractère nucléaire ou radiologique (14) (voir Lexique) survenant dans les installations nucléaires de classe I actuelles (et futures) en exploitation (15) en Belgique jusqu'à l'obtention de l'autorisation de démantèlement et sous réserve de l'évaluation du risque résiduel à soumettre à l'approbation de l'organisme de surveillance nucléaire (16) . Cela concerne, à ce jour, les centrales nucléaires de Doel et de Tihange, le SCK CEN à Mol, l'Institut des Radioéléments (IRE) à Fleurus, Belgoprocess à Dessel, et le JRC-Geel à Geel (voir figure 1);
d'événements à caractère nucléaire ou radiologique survenant dans les centrales nucléaires actuelles et futures en exploitation situées à l'étranger, en particulier celles situées dans un rayon de 100 km autour du territoire belge, à savoir les centrales nucléaires de Chooz, Gravelines et Cattenom (France), et la centrale nucléaire de Borssele (Pays-Bas) (voir figure 1 et § 2.2.1);
d'événements à caractère nucléaire ou radiologique concernant des engins militaires ou survenant dans des installations militaires (voir § 2.2.5);
de la chute d'un engin spatial contenant une source radioactive (voir § 2.2.4);
d'événements à caractère nucléaire ou radiologique survenant dans la mer territoriale ou la zone économique exclusive avec un impact (potentiel) pour le territoire belge ou la population (voir § 2.2.3).
En cas d'événements à caractère nucléaire ou radiologique à l'étranger, les citoyens belges qui s'y trouvent sont tenus de suivre les recommandations des autorités compétentes sur place (voir § 2.2.2).
Les situations d'urgence à caractère nucléaire ou radiologique résultant d'actes terroristes ou de malveillance relèvent du champ d'application du plan d'urgence national relatif à l'approche d'un incident criminel ou d'un attentat terroriste impliquant des agents chimiques, biologiques, radiologiques et nucléaires (CBRNe) du 11/06/2018 et/ou du plan d'urgence national relatif à l'approche d'une prise d'otage terroriste ou d'un attentat terroriste du 18/20/2020. Néanmoins, les principes directeurs du présent plan, notamment en ce qui concerne les actions de protection, seront d'application pour la gestion de crise.
Figure 1: Les installations nucléaires de classe 1 en exploitation en Belgique et les centrales nucléaires situées à l'étranger à moins de 100km du territoire belge
Dans les autres situations d'urgence, le présent plan ne s'applique pas en première instance. Par exemple (liste non-exhaustive):
les situations d'urgence survenant dans une installation de classe I mise définitivement à l'arrêt et soumise à un arrêté de démantèlement;
les situations d'urgence survenant dans une installation de classe II ou classe III (voir RGPRI);
les situations d'urgence survenant lors du transport de produits radioactifs en dehors des limites des installations nucléaires;
Dans ces situations, la coordination et/ou la gestion de l'intervention (voir Lexique) et des actions de protection s'effectuera, selon les cas, au niveau communal ou provincial. Chaque autorité locale prévoit, par conséquent, une annexe à son PGUI afin de pouvoir répondre à ces situations.
Ceci n'exclut pas que, en cas de besoin, les autorités, communales ou provinciales puissent faire appel aux autorités fédérales pour assurer la coordination stratégique (voir Lexique) de la situation d'urgence (demander le passage en phase fédérale), un soutien ou une coordination en termes de matières scientifiques, techniques, logistiques, de communication et/ou de mesures dans l'environnement.

(13)
Au-delà de la limite de dose annuelle, déterminée aux articles 20.1.2, 20.1.3, 20.1.5 de l'AR du 20 juillet 2001.
(14)
Ci-après “événement”
(15)
Ci-après “installation nucléaire”
(16)
Dans le cadre du présent plan, le terme “organisme de surveillance nucléaire” doit être compris comme l'Agence Fédérale de Contrôle Nucléaire (AFCN) ensemble avec la fondation Bel V.

1.4 Périodes consécutives d'une situation d'urgence (avant - pendant - après)

Dans le contexte du présent plan, les périodes consécutives suivantes d'une durée variable sont considérées:
La période de préparation qui précède la situation d'urgence (décrite au chapitre 7);
la période aiguë;
la période de transition;
la période de rétablissement qui suit la situation d'urgence.
Les situations d'exposition représentées dans la figure ci-dessous sont décrites au sein du § 6.2.2.
Le cadre de rétablissement représenté dans la figure ci-dessous est décrit au sein du chapitre 4.
Figure 2: Périodes consécutives d'une situation d'urgence (avant - pendant - après) (18)

(18)
© Tous droits réservés. Directives sur la planification du rétablissement à la suite d'une urgence nucléaire ou radiologique. Santé Canada, 2020. Modifié, adapté et reproduit avec l'autorisation du Ministère de la santé, 2023.
1.4.1 La période aiguë
La période aiguë débute par la prise de connaissance d'un événement présentant un risque d'exposition de la population à des rayonnements ionisants au-delà de la limite de dose annuelle pour la population. La période aigüe se compose:
éventuellement d'une menace (20) résultant de défaillances dans une installation ou d'un événement annoncé (par exemple: retour de satellite,. ..) avec un risque d'une contamination radioactive (voir Lexique) du territoire belge ou d'exposition radiologique de la population belge;
éventuellement d'un rejet (voir Lexique) de substances radioactives dans l'environnement et/ou d'une exposition radiologique qui demandent la mise en oeuvre urgente d'actions de protection;
d'une période durant laquelle la connaissance de l'événement et de son évolution probable est approfondie, permettant d'évaluer le passage vers la période de transition. Cette période s'étend au-delà de la période aiguë.

(20)
Cette période n'est pas systématiquement présente. Il est également possible que la période aiguë reste limitée à la période de menace. Durant cette période, des actions de protection peuvent être préparées ou déjà être décidées par mesure de précaution.

1.4.2 La période de transition
La période de transition (voir Lexique) doit conduire progressivement vers une sortie de la situation d'urgence et un retour à la situation existant avant la crise ou une nouvelle situation d'exposition créée par la contamination de l'environnement suite au rejet de substances radioactives.
En cas de contamination de l'environnement, la période de transition a pour objectif de lever ou d'adapter les actions de protection mises en oeuvre durant la période aiguë, d'éventuellement prendre de nouvelles actions de protection jugées nécessaires sur la base d'une connaissance plus complète des conséquences attendues, de se concerter avec les partenaires concernés (22) et de préparer la période de rétablissement. La période de transition est détaillée au sein du chapitre 3.

(22)
II faut entendre le terme “les partenaires concernées” dans un sens très large: chaque individu, collectivité, institut, organisation... qui peuvent être touchés par les conséquences (radiologiques et autres) d'une situation d'urgence, qui doivent agir pour en limiter les conséquences ou qui participent à la gestion de l'évènement.

1.4.3 Fin de la situation d'urgence
La fin de la situation d'urgence correspond à la fin de la période de transition et de la gestion de crise à proprement parler. Elle implique qu'un bilan post-crise ait été réalisé et qu'un certain nombre de conditions soient rencontrées (voir 3.11), garantissant que toutes les actions permettant la transition vers la période de rétablissement, laquelle peut éventuellement se poursuivre à l'issue de la situation d'urgence, aient été entreprises.
La fin de la situation d'urgence est constatée par la Cellule de gestion et entraine la levée de la phase fédérale par le ministre qui a l'Intérieur dans ses attributions (24) .

(24)
Ci-après “ministre de l'Intérieur”

1.4.4 La période de rétablissement
Si les conséquences de la situation d'urgence le nécessitent, une période de rétablissement se poursuit après la levée de la phase fédérale.
Selon les caractéristiques de la situation d'urgence, ces conséquences peuvent amener à:
une situation nouvelle, qualifiée de:
situation d'exposition existante pour la population et planifiée (voir Lexique) pour les travailleurs en charge des travaux de remédiation (voir Lexique), notamment lorsque des substances radioactives ont été effectivement rejetées, qu'elle a provoqué une contamination étendue et rémanente de l'environnement et qu'elle entraine une exposition chronique de la population;
situation d'exposition planifiée lorsque seuls les intervenants pourraient être soumis à une exposition radiologique lorsqu'il n'y a pas de contamination de l'environnement ou dans le cas d'une contamination localisée;
ou à un retour à la situation existant avant l'événement, en l'absence d'une contamination rémanente et étendue de l'environnement, par exemple lorsque la situation d'urgence s'est limitée à une période de menace ou encore après décontamination d'une zone limitée.
Une analyse des besoins en matière de rétablissement doit être effectuée dès le début d'une situation d'urgence dans le cadre de la coordination stratégique, et un bilan post-crise doit être réalisé avant la levée de la phase fédérale en vue de déterminer si la période de rétablissement doit se poursuivre après la levée de la phase.
La période de rétablissement peut être très courte, de quelques jours à quelques semaines, mais peut également s'étendre sur plusieurs (dizaines d') années après la situation d'urgence lorsque l'environnement est gravement contaminé et que les populations sont soumises à un risque de situation d'exposition existante. Dans ce cas, la protection des populations contre cette contamination rend nécessaire la mise en oeuvre d'actions de protection sur des zones plus ou moins étendues. La période de rétablissement vise les objectifs fondamentaux suivants:
la protection des populations contre les dangers des rayonnements ionisants;
l'appui aux populations victimes des conséquences de l'événement;
la réhabilitation progressive des territoires affectés;
la restauration des activités économiques et du tissu social.
La gestion de cette période et les décisions relatives aux stratégies de rétablissement nécessitent une concertation régulière avec les partenaires représentatifs des populations et secteurs concernés. Cette concertation doit être initiée et coordonnée par les départements fédéraux concernés. Le cas échéant la concertation peut être initiée et coordonnée par les départements régionaux concernés. La période de rétablissement est détaillée au sein du chapitre 4.

2 L'organisation de la gestion de crise pendant la phase fédérale

La période aiguë d'une situation d'urgence est souvent caractérisée, du moins dans les premières heures qui suivent son apparition, par une connaissance limitée de l'événement et de ses conséquences réelles ou potentielles. Les premières décisions concernant la mise en place d'actions de protection (voir chapitre 1) sont souvent prises par mesure de précaution sur base d'une évaluation des conséquences attendues, réalisée de manière suffisamment conservative mais néanmoins aussi réaliste que possible. Le schéma ci-dessous montre l'organisation générale de la gestion de crise pendant la période aiguë et la période de transition.
Figure 3: Organisation générale une situation d'urgence gérée à l'échelon national

2.1 Les situations d'urgence dans les installations nucléaires de classe 1 en Belgique

La gestion d'une situation d'urgence suite à un événement dans une installation nucléaire de classe 1 en Belgique (voir § 1.3) est menée immédiatement à l'échelon national et, selon la classe d'urgence (voir § 2.1.2.3), dans la phase fédérale. Cette approche définie en amont est basée sur différentes considérations et choix:
la centralisation de l'expertise technique et radiologique disponible au niveau national pour analyser l'événement et les éventuelles conséquences radiologiques. Cette analyse doit, le cas échéant, aboutir à des avis cohérents en ce qui concerne les actions de protection directes et indirectes (voir Lexique) pour la population et l'environnement sur le territoire belge en fonction du risque radiologique;
le caractère éventuellement transfrontalier de telles situations d'urgence et des actions nécessaires, à la fois communales, provinciales, nationales et internationales;
la nécessité de mobiliser immédiatement des capacités nationales d'alerte de la population;
le besoin d'une information cohérente pour l'ensemble de la population et à destination des pays voisins et des organisations internationales.
La préparation et la gestion de crise lors de telles situations d'urgence nécessitent une collaboration très étroite avec l'exploitant de l'installation nucléaire concernée, ainsi qu'avec les différentes instances compétentes aux différents niveaux: les départements fédéraux concernés, les gouverneurs et les bourgmestres concernés, les autorités fédérées et les instances internationales. Cette collaboration répond à la nécessité de mettre en oeuvre une gestion de crise intégrée en ce qui concerne les domaines suivants:
image commune de la situation;
préparation des décisions relatives aux actions de protection;
déclenchement des actions et suivi de leur application.
Selon les compétences et le rôle de chaque cellule impliquée dans la gestion de crise, il est alors tenu compte de différents aspects:
radiologique-technique;
opérationnel;
socio-économique;
communication avec la population;
contexte international.
2.1.1 Gestion de l'événement sur le site
Conformément aux principes internationaux et à l'article 28 de la loi du 15 avril 1994, l'exploitant est et reste responsable, même en cas de situation d'urgence, de la sûreté nucléaire de l'installation et des mesures de gestion technique sur le site. L'exploitant est également responsable de la protection (notamment radiologique) des personnes présentes sur son site exploité.
Toutefois, lorsque le plan d'urgence nucléaire est activé, les autorités en charge de la gestion de la situation d'urgence peuvent, à tout moment, si l'ordre public ou la protection de la population le nécessite, imposer à l'exploitant des actions en vue du contrôle de la situation d'urgence sur le site d'exploitation. L'imposition de ces actions est effectuée conformément aux mesures de sécurité décrites à l'article 10septies de la loi du 15/04/1994 par un inspecteur nucléaire de l'AFCN.

2.1.1.1 Plan interne d'urgence de l'exploitant

L'exploitant est tenu de prendre toutes les mesures de sauvegarde requises pour assurer la sécurité des personnes et des biens (26) sur son site. Un plan interne d'urgence (PIU) doit être établi par chaque exploitant et pour chaque installation nucléaire. La structure et le contenu de ce PIU doivent être évolutifs et celui-ci doit couvrir les éléments suivants:
la détection rapide et la classification d'un événement;
l'alerte sur site 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, la mobilisation rapide du personnel d'intervention et l'alerte et l'accompagnement des services de secours externes;
la protection de toutes les personnes présentes sur le site avec une attention pour les actions de regroupement, recensement, évacuation et décontamination;
la protection du personnel d'intervention;
la communication aux autorités de la situation sur site, comprenant la notification rapide et l'ensemble de l'information nécessaire ultérieurement;
l'information de la population et la communication aux médias en accord avec la stratégie de communication nucléaire nationale; celle-ci se limite aux informations relatives à la situation sur le site d'exploitation et son évolution;
l'évaluation de la situation d'un point de vue technique et radiologique (sur et autour du site);
l'évaluation des rejets radioactifs;
les premiers secours et le traitement sur site de victimes, dans la limite de ses capacités, en ce compris les actions de décontamination et leur transfert vers des hôpitaux spécialisés;
le contrôle, la réparation ou la remise en état sûr des installations;
l'information sur les mesures actives et passives de sécurité incendie et les ressources en eau;
les accès au site et aux bâtiments qui y sont situés;
les modalités de coopération avec les autorités et services externes via l'ensemble des moyens à sa disposition, dans le but de prévenir ou d'atténuer les conséquences néfastes pour la santé des travailleurs et de la population et pour l'environnement, la chaîne alimentaire et l'eau potable.
Le PIU de l'exploitant doit être transmis pour information à la zone de secours territorialement compétente et aux autorités locales et fédérales concernées.

2.1.1.2 Collaboration de l'exploitant à la coordination opérationnelle et stratégique

Lorsque le plan d'urgence nucléaire est activé et qu'une intervention sur site est requise, une représentation physique de l'exploitant au niveau opérationnel (voir § 2.1.5.2.10) est requise obligatoirement. Cette représentation doit permettre d'assurer le retour d'informations nécessaires au sujet des conditions en vigueur sur le site pour lequel la responsabilité et la compétence technique de l'exploitant restent pleines et entières. L'exploitant garde un rôle de conseiller et d'accompagnement relatif aux risques du site.
Au niveau stratégique, l'exploitant est également représenté au sein de la Cellule d'évaluation (§ 2.1.4.1.1) afin d'assurer une fonction de personne de liaison devant permettre aux autorités responsables de la coordination et la gestion de crise de disposer des informations nécessaires à la prise de décisions.
Au-delà de cette représentation requise, une participation de l'exploitant ou de son représentant à d'autres niveaux (qu'ils soient stratégiques ou opérationnels) reste possible sous réserve que cette participation:
soit préalablement convenue entre l'exploitant et l'autorité ou service sollicitant cette participation;
puisse être conciliée avec l'exécution de ses propres missions (en particulier sur le site);
ne soit pas en contradiction avec les dispositions prévues au présent plan
et que les modalités associées à cette participation (présence physique, canal d'information dédié, profil requis...) soient explicitement prévues et intégrées dans les plans et procédures des partenaires concernés (exploitant, autorité/service demandeur).

(26)
La sécurité des personnes est toujours prioritaire.

2.1.2 Déclaration et notification d'un événement par l'exploitant

2.1.2.1 Introduction

Parmi tous les événements, seuls certains requièrent l'activation du présent plan. Dans ce cas, on parlera de notification aux autorités. Dans les autres cas, lorsque l'événement ne nécessite pas l'activation d'une réponse externe et donc la mise en oeuvre du présent plan, on parlera de déclaration aux autorités (voir Lexique).
Les exploitants des installations nucléaires de classe I ont l'obligation de déclarer ou notifier tout événement concernant la sûreté nucléaire, la protection de la population et de l'environnement aux instances désignées conformément au cadre réglementaire existant, défini par le présent plan et par le Règlement technique de l'AFCN (28) .
Toute déclaration ou notification d'événement par un exploitant doit comporter les informations suivantes:
le nom de l'entreprise et le caractère “nucléaire” du site;
la localisation (unité ou installation concernées);
la classe d'urgence de l'événement;
une brève description de la situation;
l'activation ou la non-activation du plan interne d'urgence du site concerné;
l'accès conseillé aux services de secours en fonction de la situation radiologique et de la météo sur site (si besoin d'intervention).
Ces informations seront alors immédiatement transmises aux services appelés à intervenir sur le site ou, en l'absence d'intervention sur site, aux services identifiés comme destinataires de ces informations dans les plans d'urgence ou procédures externes.

2.1.2.2 Déclaration de la classe d'urgence Alert

La déclaration d'événements Alert (voir Lexique) par l'exploitant aux instances désignées s'effectue oralement avec l'obligation d'un contact direct réussi (voir Lexique). La déclaration est ensuite confirmée par écrit, de préférence par e-mail, via un formulaire standard prédéfini.
La déclaration Alert doit permettre à l'AFCN en concertation avec sa filiale Bel V:
d'évaluer (la nature et la gravité de) l'évènement;
de confirmer qu'il s'agit effectivement d'une situation ne nécessitant aucune action de protection en-dehors du site (off-site) et sans aggravation possible attendue et dès lors ne nécessitant pas de préparer une réponse des autorités en-dehors du site; ou de requalifier la déclaration.
La déclaration au NCCN, au gouverneur et bourgmestre(s) doit permettre à ceux-ci:
de répondre aux éventuelles questions des citoyens et des médias;
de développer un type de réaction appropriée (par exemple lancer des procédures internes);
d'éviter une réaction excessive et inutile (par exemple mobilisation des structures de crise);
d'informer des partenaires ou instances homologues des pays voisins, après la réception de la confirmation de la classe d'urgence.

2.1.2.3 Notification: Classes d'urgence qui nécessitent l'activation du plan d'urgence nucléaire

Les événements qui nécessitent l'activation du présent plan et par conséquent l'organisation d'une réponse structurée en-dehors du site d'exploitation, doivent être identifiés par l'exploitant et immédiatement faire l'objet d'une “notification” aux autorités compétentes et destinataires visés par les prescriptions et modalités fixées par le présent plan. Cette notification s'effectue oralement avec l'obligation d'un contact direct réussi. La notification est ensuite confirmée par écrit, de préférence par e-mail, via un formulaire standard prédéfini.
Toute notification entraine l'activation du présent plan ainsi que la mobilisation et la convocation immédiate des cellules de crise nationales prévues par le présent plan.
Selon les cas, ces événements sont à assimiler à l'une des classes d'urgence suivantes, telles que définies dans les prescriptions générales de sûreté établies par l'AlEA:
Facility emeragency: une situation se produit dans une partie d'un site nucléaire dont la gravité nécessite la prise d'action(s) de protection à l'attention du personnel (ou assimilé) présent sur site et des intervenants, et d'autres actions de réponse uniquement sur le site ou la partie concernée. Aucune action de protection en-dehors du site (off-site) n'est à ce stade attendue. Toutefois, afin d'anticiper toute aggravation et de préparer la réponse des autorités en-dehors du site, le plan d'urgence nucléaire est activé par précaution.
Site area emeragency: une situation se produit sur un site nucléaire dont la gravité requiert l'activation du plan d'urgence nucléaire afin d'organiser la réponse des autorités en-dehors du site. Par précaution l'avertissement, la mise à l'abri et la mise à l'écoute (voir Lexique) de la population sont automatiquement mises en oeuvre dans la zone centrale de la zone de planification d'urgence (bloc S, § 5.2.3) (voir Lexique) par le Gouverneur de la province concernée.
La gravite de l'événement ne devrait toutefois pas conduire dans l'immédiat à des actions directes de protection pour la population au-delà de la zone centrale de la zone de planification. La prise d'actions de protection indirectes (protection de la chaîne alimentaire, de l'environnement et de l'eau potable) est possible.
General emeragency: une situation se produit sur un site nucléaire dont la gravité requiert l'activation du plan d'urgence nucléaire afin d'organiser la réponse des autorités en-dehors du site.
La gravité de l'événement est telle que, dès la notification, l'avertissement, la mise à l'abri et la mise à l'écoute de la population sont automatiquement mises en oeuvre dans la zone centrale de la zone de planification d'urgence par le Gouverneur de la province concernée. Des actions directes et indirectes de protection pour la population au-delà de la zone centrale de la zone de planification (bloc S, § 5.2.3), devront probablement être mises en oeuvre.
Cas particulier: - General emeragency - Reflex mode: une situation se produit (ou s'est produite) sur un site nucléaire dont la gravité requiert l'activation du présent plan afin d'organiser la réponse des autorités en-dehors du site. La cinétique de l'événement et l'ampleur attendue de ses conséquences nécessitent l'avertissement, la mise à l'abri et la mise à l'écoute automatique de la population dans la zone réflexe (§ 5.2.3.) (voir Lexique) par le Gouverneur de la province concernée.
Comme décrit ci-dessus, la réception d'une notification, peu importe sa classe d'urgence, entraine l'activation du plan d'urgence nucléaire et la mobilisation immédiate des cellules de crise nationales. Ces éléments impliquent également le déclenchement d'une phase fédérale, qui relève de la responsabilité du ministre de l'Intérieur qui est seul habilité à poser cet acte.
Toute notification fait l'objet d'une première analyse de l'AFCN et sa filiale Bel-V visant à infirmer, confirmer ou requalifier sa classe d'urgence. Le résultat de cette analyse est transmis au NCCN dans l'heure de la réception de la notification.
Lorsqu'une notification est confirmée ou requalifiée sous la classe d'urgence Facility emergency par l'AFCN et sa filiale Bel V dans le cadre de cette première analyse, en raison du peu de probabilité que des actions de protection hors site soient nécessaires, le ministre de l'Intérieur peut décider d'attendre les premières analyses des cellules de crise nationales (évaluation de la cellule d'évaluation et recommandations du Comité fédéral de coordination) avant de déclencher la phase fédérale.
Lorsqu'une notification est confirmée ou requalifiée sous la classe d'urgence Site area emergency, General emergency ou General emergency - Reflex mode et que des conséquences hors-site sont attendues, il est important que la prise en charge de la coordination stratégique à l'échelon national soit la plus rapide possible. C'est pourquoi, lorsqu'une notification de ces classes d'urgence est confirmée ou requalifiée, ou à défaut de confirmation ou d'infirmation de la classe d'urgence par l'AFCN et sa filiale Bel V dans l'heure de la réception de la notification, si la phase fédérale n'est pas encore déclenchée, le ministre de l'Intérieur la déclenche et prend en charge la coordination stratégique sans attendre une première évaluation de la cellule d'évaluation et les recommandations du Comité fédéral de coordination.
Le tableau ci-dessous synthétise les classes d'urgence et les actions attendues associées.
Tableau 1: classes d'urgence et actions de réponse associées
Alert
Facility emergency
Site area emergency
General emergency
Lutte contre les conséquences sur le site et analyse de la situation.
 
Activation du plan d'urgence nucléaire par précaution et convocation des cellules de crise. Actions de protection et de réponse sur le site (ou partie du site) concerné.
 
Déclenchement de la phase fédérale au plus tard une heure après la réception de la notification
Actions de protection (avertissement, mise à l'abri, mise à l'écoute) dans la zone centrale (bloc S) par précaution et éventuellement actions de protection indirectes (chaîne alimentaire).
 
Actions de protection directes et indirectes au-delà du bloc S probables.
Cas particulier:
General emergency - reflex mode
Actions de protection immédiates (avertissement, mise à l'abri, mise à l'écoute) dans la zone réflexe (blocs S et X)
Pour chacune de ces classes d'urgence, des critères opérationnels (techniques et radiologiques) sont établis par l'exploitant concerné en concertation avec l'AFCN. Ces critères sont consignés dans le plan d'urgence interne des installations concernées.

(28)
Règlement technique de l'Agence fédérale de Contrôle nucléaire du 5 juillet 2019 fixant les modalités et les critères de déclaration d'événements liés à la sûreté nucléaire, à la protection des personnes et de l'environnement dans les établissements de classe I.

2.1.3 Alerte et mobilisation des structures de crise à différents niveaux

2.1.3.1 Procédures d'alerte en cas de déclaration de la classe d'urgence Alert

En cas de déclaration Alert (voir § 2.1.2.2), les instances suivantes sont averties immédiatement par l'exploitant avec l'obligation d'un contact direct réussi, soit pour information soit pour action, et dans l'ordre présenté ci-dessous:
- Centrale d'urgence 112: pour information ou intervention des services de secours sur le site en fonction de la nécessité ou de la demande par l'exploitant;
- Zone de secours compétente, uniquement en cas de demande d'intervention sur le site;
- Bel V: pour vérification du caractère adéquat de la déclaration (en concertation avec l'AFCN);
- AFCN: pour vérification du caractère adéquat de la déclaration (en concertation avec Bel V);
- NCCN: pour information.
Figure 4: Schéma de déclaration d'événements par l'exploitant: Classe d'urgence “Alert”
Si le contact direct avec l'une des autorités ne peut pas être établi après trois essais, les autres autorités sont informées et l'autorité qui n'a pas pu être contactée est recontactée par la suite. Le NCCN en est informé lors du contact direct.
Ensuite, l'exploitant envoie une déclaration écrite (avec formulaire standard prédéfini) dans les plus brefs délais aux instances susmentionnées et aux instances citées ci-dessous:
Gouverneur ou représentant mandaté du territoire où se situe le site: pour information;
Bourgmestre(s) ou représentant(s) mandaté(s) du territoire où se situe le site: pour information.
L'AFCN, après concertation avec Bel V confirme au NCCN et à l'exploitant via un contact direct réussi le caractère adéquat de la déclaration (et donc l'absence de nécessité d'activation du présent plan) ou requalifie en notification et sollicite via le NCCN l'activation du présent plan. L'AFCN informe ensuite l'exploitant de la requalification. Le NCCN relaie cette confirmation aux autorités locales (gouverneur, bourgmestre(s)) et à la centrale d'urgence 112, ou, en cas de requalification, active le présent plan. Les instances homologues étrangères ne sont informées de l'événement (sans l'envoi du formulaire standard) qu'après avoir reçu la confirmation de la classe d'urgence.

2.1.3.2 Procédures d'alerte en cas de notification

En cas de notification (voir § 2.1.2.3), les instances suivantes sont averties immédiatement par l'exploitant via contact direct réussi et dans l'ordre repris ci-dessous:
Centrale d'urgence 112 (déclenchement schéma d'alerte opérationnel);
Zone de secours compétente, uniquement en cas de demande d'intervention sur le site;
Bel V pour vérification du caractère adéquat de la notification (en concertation avec l'AFCN);
AFCN pour vérification du caractère adéquat de la notification (en concertation avec Bel V);
Gouverneur ou représentant mandaté de la province où se situe le site (actions réflexes si nécessaire et alerte et mobilisation de la cellule de crise provinciale);
NCCN(avertissement et mobilisation des cellules de crise);
Bourgmestre(s) ou représentant(s) mandaté(s) de la commune où se situe le site (alerte et mobilisation des cellules de crise communales).
Figure 5: Schéma de notification d'événements par l'exploitant
Si le contact direct avec l'une des autorités ne peut pas être établi après trois essais, les autres autorités sont informées et l'autorité qui n'a pas pu être contactée est recontactée par la suite. Le NCCN en est informé lors du contact direct.
Ensuite, l'exploitant envoie une notification écrite (avec formulaire standard prédéfini) dans les plus brefs délais aux instances susmentionnées.
L'AFCN, après concertation avec Bel V, confirme au NCCN et à l'exploitant via un contact direct réussi dans l'heure de la réception de la notification le caractère adéquat de celle-ci ou la requalifie dans une autre classe d'urgence. Le NCCN relaie cette confirmation ou requalification aux autorités locales (gouverneur, bourgmestre(s)) et à la centrale d'urgence 112.

2.1.3.3 Procédures de mobilisation en cas de notification

En cas de notification, les autorités et instances averties par l'exploitant prennent sans délai les actions qui s'imposent (voir Figure 5):
l'alerte et la mobilisation par les centrales d'urgence 112 de(s) service(s) de secours pour une éventuelle intervention sur le site;
l'activation par le NCCN du plan d'urgence nucléaire et l'alerte et la mobilisation par ce dernier des cellules de crise nationales,
l'alerte et la mobilisation des cellules de crise provinciales (CC-Prov) et communales (CC-Com) au sein des zones de planification d'urgence et, le cas échéant, la prise immédiate d'actions de protection directes de la population par les gouverneurs et les bourgmestres concernés;
en fonction de la nécessité, et à la demande du président du Comité fédéral de coordination, les instances suivantes sont alertées par le NCCN et, le cas échéant, leurs structures de crise respectives sont mises en stand-by ou mobilisées (conformément à leurs procédures internes):
les cellules de crise des (autres) gouverneurs et l'autorité compétente de l'agglomération bruxelloise;
les cellules de crise des départements fédéraux;
les (autres) entités fédérées/centres de crise régionaux.
à la demande du président du Comité fédéral de coordination, les pays voisins et les instances internationales (UE, AIEA) sont alertés par le NCCN.
L'alerte et la mobilisation des autorités, instances et services concernés doivent permettre:
vérifier le caractère adéquat de la notification;
d'évaluer les aspects techniques et radiologiques de l'événement et des éventuelles conséquences pour la population, la chaîne alimentaire, l'environnement et l'eau potable;
de prendre les actions directes et indirectes de protection nécessaires pour la population;
de prendre en considération les conséquences socio-économiques générales de la situation d'urgence et des actions de protection prises ou proposées;
d'assurer l'alerte et l'information adéquate à la population;
de coordonner l'implémentation des actions de protection;
d'organiser les échanges d'information et la coopération avec les instances internationales et les instances des pays voisins qui exercent une fonction équivalente.

2.1.4 Organisation au niveau national

2.1.4.1 Coordination et gestion au niveau fédéral

Dans le cadre de la phase fédérale de la gestion de crise, les autorités fédérales sont responsables de la gestion et de la coordination de crise. Cette mission est assurée par la Cellule de gestion avec l'appui du Comité fédéral de coordination. Ce dernier est lui-même soutenu par différents organismes et cellules de crises.
Le président de COFECO peut solliciter la mise en place d'autres cellules de crise complémentaires. Ces cellules complémentaires sont reprises au § 2.1.4.1. Si la situation l'exige, d'autres cellules de crise ad hoc peuvent être mises sur pied en tant que plateformes de concertation et de coordination supplémentaires visant à appuyer certains aspects spécifiques de la gestion de crise nationale.
La présidence des différentes cellules de crise:
prépare l'ordre du jour des réunions et coordonne les travaux de la cellule;
veille à ce que les informations nécessaires soient partagées lors des réunions;
veille à une répartition claire des tâches entre les différents membres, conformément aux compétences de chacun;
veille à l'élaboration concertée de (propositions de) décisions avec l'ensemble des membres;
veille au suivi des décisions par les différents membres;
coordonne le secrétariat des réunions et remet un rapport consolidé aux membres de la cellule.
Chaque membre des différentes cellules de crise:
s'assure de récolter et transmettre aux membres de sa cellule et au président les informations qui relèvent de ses domaines de compétence;
est responsable de l'exécution des décisions et des actions qui relèvent de ses domaines de compétence, conformément à la stratégie globale déterminée et des accords conclus au sein de la Cellule de gestion
prend, en concertation avec le président, les dispositions nécessaires pour assurer que la fonction qu'il exerce au sein de la cellule soit pourvue pour toute la durée des travaux, et si nécessaire organise une relève.
Les rôles et les missions de ces cellules sont détaillés dans les paragraphes ci-dessous.
À moins qu'il n'en soit décidé autrement par les présidents des cellules de crise et si la situation le permet, les réunions des cellules de crise au niveau national se déroulent dans les locaux du NCCN pour des raisons organisationnelles et logistiques. Si les prescriptions de sécurité le permettent, les présidents des cellules de crise peuvent décider d'organiser les réunions de manière virtuelle ou partiellement virtuelle.

2.1.4.1.1 Le Centre de crise National (NCCN)
Le NCCN est 24h/24 au service du gouvernement fédéral. Ceci signifie que le NCCN suit les évènements qui, selon les informations reçues pourraient aboutir à des situations d'urgence nécessitant une gestion ou un appui à l'échelon national. Il rassemble, analyse et diffuse de manière permanente des informations pertinentes à l'attention du gouvernement. De plus, le NCCN offre son infrastructure et son expertise à la gestion interdépartementale des situations d'urgence.
Dans le cadre du présent plan d'urgence et de la période aiguë de la gestion de crise, les missions du NCCN concernent plus spécifiquement:

L'alerte et la mobilisation des structures et cellules de crise.
Le NCCN avertit en première instance immédiatement l'organisation interne et le ministre de l'Intérieur et assure l'alerte et la mobilisation des cellules de crise nationales qui se réunissent au NCCN.
Le NCCN est aussi le point de contact international (National Warning Point - NWP) pour les situations d'urgence susceptibles d'avoir un impact transfrontalier. Il assure l'alerte des points de contact (inter)nationaux des pays voisins et des instances internationales (UE et AIEA). La communication vers la Commission européenne et l'AlEA peut être préparée par la Cellule internationale (voir § 2.1.4.4.2) et est envoyée après approbation par le président de COFECO.

La gestion de l'information relative à la situation d'urgence
La gestion des situations d'urgence dans le cadre d'une phase fédérale est un processus interactif qui se déroule entre et au sein des cellules et structures de crise activées aux différents niveaux. Le NCCN conserve à tout instant une vue globale de la situation d'urgence et des actions d'application. Il assure:
la diffusion de l'information officielle en ce qui concerne la situation et les actions décidées vers les présidents des cellules de crise, vers les cellules de crise départementales fédérales et les autorités fédérées/centres de crise régionaux ainsi que vers les pays voisins et les instances internationales en collaboration avec la Cellule internationale;
la réponse aux questions relatives à la situation d'urgence en collaboration avec la Cellule d'information;
la transmission d'informations et de questions spécifiques aux cellules de crise concernées.

L'appui logistique: infrastructure et personnel
Outre l'infrastructure de gestion de crise, le NCCN met aussi à disposition des cellules de crise fédérales son personnel, notamment pour:
la distribution (digitale) de documents pertinents;
l'utilisation d'outils spécifiques de communication et d'applications informatisées;
le contenu des fonctions d'appui, en faveur du Comité fédéral de coordination (logbook, rapports de situation...).

2.1.4.1.2 La Cellule de gestion

1 Missions
Le ministre de l'Intérieur est compétent pour le déclenchement de la phase fédérale de gestion de crise.
Dans le cadre de la phase fédérale de la gestion de crise, la Cellule de gestion prend des décisions sur les actions de protection directes et indirectes de la population (voir § 6.3) sur proposition du Comité fédéral de coordination et elle en assume la responsabilité politique et juridique. Elle établit une stratégie globale sur la gestion de crise et elle peut en outre prendre toute action qu'elle estime nécessaire pour l'intérêt général.

2 Présidence et composition
La Cellule de gestion est présidée par le ministre de l'Intérieur et est composée de ministres et secrétaires d'état, ou de leurs délégués, ayant des responsabilités directes en cas de situation d'urgence nucléaire ou radiologique. Le cas échéant, le premier ministre d'autres ministres fédéraux, des ministres d'entités fédérées et secrétaires d'état, ou leurs délégués, peuvent être invités à joindre la Cellule de gestion.

3 Fonctionnement
Le fonctionnement de la Cellule de gestion fait l'objet d'accords conclus au niveau politique.

4 Interactions avec les autres cellules et entités
La Cellule de gestion informe le Comité fédéral de coordination sur les décisions prises au niveau politique. Les mécanismes d'interaction entre la Cellule de gestion et le Comité fédéral de coordination sont décrits dans les procédures de fonctionnement du Comité fédéral de coordination.

2.1.4.1.3 Le Comité fédéral de coordination (COFECO)

1 Missions
Le comité fédéral de coordination est la cellule multidisciplinaire composée d'experts qui dirige et coordonne la situation d'urgence au niveau national et qui a pour mission:
la création d'une image globale de la situation, de son évolution et de la coordination de la situation d'urgence dans tous ses aspects;
De préparer et proposer des décisions relatives aux actions de protection à la Cellule de gestion;
la priorisation des décisions qui ont été validées par la Cellule de gestion;
la diffusion de l'information sur les actions déclenchées aux instances et services nationaux (y compris l'exploitant) et internationaux;
la coordination de l'engagement des moyens nationaux ou générés de manière nationale (moyens via les services d'intervention nationaux, via réquisitions, via mécanismes d'assistance internationaux, via départements fédéraux...) en appui à l'exécution des actions sur le terrain;
le suivi des actions de protection validées par la Cellule de gestion;
veiller à anticiper les aspects relatifs au rétablissement et de conseiller la Cellule de gestion à cet égard afin que le bilan post-crise puisse être établi.

2 Présidence et composition
Sans préjudice des compétences légales de chacun, le Comité fédéral de coordination est présidé par le Directeur général du NCCN ou son représentant. Le comité est constitué, dans sa composition de base, des représentants:
de la Direction générale Sécurité Civile;
du SPF Santé Publique, Sécurité de la chaîne alimentaire et Environnement (32) ;
de la Police intégrée;
du Ministère de la Défense;
de “AFCN en ce qui concerne les aspects radiologiques/techniques;
de la Cellule d'information pour les aspects de communication;
de l'Agence fédérale de la Sécurité de la Chaîne Alimentaire (AFSCA) en ce qui concerne la sécurité alimentaire;
du ministre de l'Intérieur comme personne de liaison avec la Cellule de gestion;
des gouverneurs des provinces touchées en fonction de la nécessité et des disponibilités.
Indépendamment de la classe d'urgence qui conduit à l'activation du plan d'urgence nucléaire, le Comité fédéral de coordination est activé dans sa composition de base.
En fonction de la nécessité, le président du Comité fédéral de coordination peut faire appel à d'autres experts pour participer aux travaux du comité, comme:
les représentants des entités fédérées/centres de crise régionaux concernés;
les représentants des autres départements et services fédéraux responsables des secteurs socio-économiques (voir Lexique) spécifiques (33) ;
les correspondants nationaux des pays voisins menacés ou touchés;
les personnes de liaison liées aux mécanismes d'assistance internationale;
les autres représentants des départements et services fédéraux en cas d'événements multirisques.

3 Fonctionnement
Le Comité fédéral de coordination prend en considération les aspects radiologiques-techniques, opérationnels, socio-économiques ainsi que la communication avec la population et le contexte international (voir § 2.1). La prise en considération de ces éléments constitue un processus interactif qui doit en fin de compte aboutir à la remise d'avis intégrés à la Cellule de gestion, ainsi qu'au suivi des décisions prises. Le Comité fédéral de coordination veille à anticiper les aspects relatifs au rétablissement. Le fonctionnement du Comité fédéral de coordination doit être structuré au travers d'une procédure de fonctionnement interne.

4 Interaction avec d'autres cellules et structures de crise
Dans le cadre des missions susmentionnées, le Comité fédéral de coordination est en interaction avec d'autres cellules et structures de crise. Ces interactions se déroulent soit par le biais de contacts directs ou via des outils informatisés, par l'intermédiaire de représentants ou de personnes de liaison ainsi que par l'intermédiaire du NCCN.

La Cellule de gestion
Le Comité fédéral de coordination informe la Cellule de gestion sur la situation et lui soumet des avis intégrés relatifs aux actions de protection à prendre telles que décrites dans le présent plan.

La Cellule d'évaluation (CELEVAÜ)
Le Comité fédéral de coordination est en contact avec la Cellule d'évaluation pour se forger une image de la situation technique et radiologique sur et en dehors du site et sur son évolution attendue. Il reçoit de la Cellule d'évaluation les propositions d'actions de protection sur base de l'analyse des conséquences radiologiques.

La Cellule d'information (CELINFO)
Le Comité fédéral de coordination reçoit de la Cellule d'information des analyses du suivi des informations fournies à la population et aux médias sur la situation d'urgence et sur les actions de protection, ainsi que sur leur perception. Il supervise les actions d'alerte et d'information de la population coordonnées par la Cellule d'information.

Les cellules de crise provinciales (CC-Prov)
COFECO est en contact avec les cellules de crise provinciales, sur la perception de la situation au niveau local et la faisabilité opérationnelle des actions de protection proposées. Il fournit aux cellules de crise provinciales les informations relatives aux actions de protection directes et/ou indirectes pour la population, le personnel d'intervention et la chaine alimentaire.

Les cellules de crise des départements fédéraux
COFECO supervise la diffusion d'informations relatives aux décisions prises et aux actions qui doivent être prises au niveau des départements concernés. Il se concerte avec les cellules de crise des départements fédéraux sur l'impact des actions de protection sur les secteurs socio-économiques spécifiques relevant de leurs compétences. Si nécessaire, le président de COFECO peut décider de mobiliser une Cellule socio-économique pour l'appuyer dans ces missions (voir § 2.1.4.4.3).

Les entités fédérées/centres de crise régionaux
COFECO supervise la diffusion d'informations relatives aux décisions prises et aux actions qui doivent être prises au niveau des entités fédérées concernées. Il se concerte avec les entités fédérées sur l'impact de la situation d'urgence et des actions de protection sur des secteurs socio-économiques spécifiques relevant de leurs compétences. Si nécessaire, le président du Comité fédéral de coordination peut décider de mobiliser une Cellule socio-économique pour l'appuyer dans ces missions (voir § 2.1.4.4.3).

Les structures de crise nationales homologues dans les pays voisins
Le Comité fédéral de coordination supervise l'alerte et l'échange d'informations avec les structures de crise nationales homologues dans les pays voisins. Si nécessaire et si la situation le permet, ils se concertent sur l'impact transfrontalier éventuel, l'alignement et le suivi des actions de protection et de communication à prendre de part et d'autre de la frontière. Ils se concertent sur les demandes d'assistance mutuelle. Si nécessaire, le président du Comité fédéral de coordination peut décider de mobiliser une Cellule internationale pour l'appuyer dans ces missions (voir § 2.1.4.4.2).

Les instances internationales
Le Comité fédéral de coordination supervise l'alerte et l'échange d'informations avec les instances internationales (UE, AIEA) et assure, si nécessaire, l'activation de mécanismes d'assistance internationale, éventuellement soutenu par une Cellule internationale (voir § 2.1.4.4.2).

L'exploitant de l'installation concernée
L'interaction entre le niveau national et l'exploitant de l'installation nucléaire concernée se déroule essentiellement via la Cellule d'évaluation. Toutefois, si l'ordre public ou la sécurité de la population le nécessite, le Comité fédéral de coordination peut entrer en contact avec l'exploitant pour faire le suivi des actions nécessaires à la maîtrise de la situation sur le site d'exploitation, en ce compris la protection des personnes présentes (voir § 2.1.1).

Le PC-ops
L'interaction avec le PC-Ops se déroule essentiellement via le/les gouverneur(s) de la/des province(s) concernée(s). Toutefois, si la situation le nécessite, le président du Comité fédéral de coordination peut solliciter la présence du Dir-PC-Ops lors des entretiens entre COFECO et le(s) CC-Prov(s).

2.1.4.2 Analyse radiologique/technique

2.1.4.2.1 La Cellule d'évaluation (CELEVAL)

1 Missions
La Cellule d'évaluation est chargée de rassembler les informations techniques, météorologiques et radiologiques pertinentes. Sur la base de ces informations, elle évalue les conséquences des évènements survenant tant en Belgique qu'à l'étranger et leurs conséquences sur le plan radiologique afin de conseiller le Comité fédéral de coordination sur les actions de protection pour:
la population;
les intervenants;
la chaîne alimentaire;
l'environnement et
l'eau potable.
Ceci s'applique au territoire belge et/ou pour les ressortissants belges à l'étranger. Dans sa démarche, elle doit considérer l'évolution attendue de la situation sur les plans techniques, météorologiques et radiologiques ainsi que l'impact de conditions aggravantes qui pourraient éventuellement survenir.

2 Présidence et composition
La Cellule d'évaluation est présidée par l'AFCN et elle se compose d'experts de services publics ayant des responsabilités en matière radiologique et scientifique, auxquels sont adjoints des experts des services ou organismes désignés, à savoir:
L'AFCN et sa filiale Bel V.;
l'AFSCA;
l'Institut royal météorologique (IRM);
le Centre d'étude de l'énergie nucléaire (SCK CEN);
l'Institut National des radioéléments (IRE);
l'exploitant concerné.
En fonction de la nécessité, le président de la Cellule d'évaluation peut faire appel à d'autres experts pour participer aux travaux de la Cellule d'évaluation.

3 Fonctionnement
Le fonctionnement de la Cellule d'évaluation doit être structuré au travers d'une procédure de fonctionnement interne. Néanmoins, c'est un processus cyclique comportant diverses étapes dont les principales sont:
la collecte d'informations en provenance de l'exploitant permettant d'établir de manière aussi précise que possible le terme source (voir Lexique) à considérer (quantités rejetées et évolution temporelles, évolutions attendues) et les conditions météorologiques sur le site d'exploitation (sur base des mesures locales);
la collecte d'informations en provenance des organisations météorologiques et de la Cellule de mesure;
la synthèse des informations disponibles à un moment donné;
l'évaluation de la situation technique et des conséquences radiologiques potentielles s'appuyant sur ces informations et les résultats de modélisations;
la définition d'une stratégie de mesure et d'échantillonnage adaptée, en collaboration avec la Cellule de mesure;
la préparation des synthèses techniques et radiologiques et des résultats de mesure en vue de pouvoir les transmettre aux pays voisins et aux instances internationales.
Ces différentes étapes doivent permettre dans les meilleurs délais:
le développement de recommandations au COFECO, basées sur l'évaluation;
la communication de ces recommandations au Comité fédéral de coordination.
La Cellule d'évaluation se mobilise dans les locaux du NCCN. En cas d'indisponibilité de ces locaux, elle doit être capable de se mobiliser dans les locaux l'AFCN (CI2C).

4 Interactions avec les autres cellules et entités
Dans le cadre des missions susmentionnées, la Cellule d'évaluation est en interaction avec d'autres cellules et structures de crise. Ces interactions se déroulent soit par le biais de contacts directs ou via des outils informatisés, par l'intermédiaire de représentants ou de personnes de liaison ainsi que par l'intermédiaire du NCCN.

Cellule de crise de l'exploitant concerné
La Cellule d'évaluation est en contact avec la cellule de crise de l'exploitant pour se forger une image de la situation technique et radiologique sur le site et sur son évolution attendue.

Le Comité fédéral de coordination
La Cellule d'évaluation conseille COFECO sur les actions de protection de la population et de l'environnement. Elle fournit les réponses aux questions et demandes particulières du Comité fédéral de coordination. De son côté, le Comité fédéral de coordination informe la cellule d'évaluation, en retour, des décisions effectivement prises par la Cellule de gestion et des actions exécutées. Ces informations sont intégrées dans les évaluations ultérieures de la Cellule d'évaluation.

La Cellule de mesure (CELMES)
La Cellule de mesure est en soutien direct à la Cellule d'évaluation. La Cellule de mesure transmet sans délai les résultats des mesures de terrain disponibles qu'importe leur origine (TELERAD [voir Lexique], équipes déployées sur le terrain, AGS, drones,. ..) sous une forme exploitable et préalablement convenue. Un membre de la Cellule d'évaluation en tant que personne de liaison avec la Cellule de mesure assure l'interface entre les deux cellules.

Cellule interne de crise de l'AFCN (CI2C)
La CI2C est une entité mise en place et gérée par l'AFCN en étroite collaboration avec ses partenaires. Lorsqu'elle est activée à la demande du président de la Cellule d'évaluation, l'appui de la CI2C (backoffice) peut être sollicité pour l'exécution de tâches complémentaires. Les mécanismes d'interaction entre la Cellule d'évaluation et la cellule interne de crise de l'AFCN sont décrits dans les procédures de fonctionnement interne de la Cellule d'évaluation.

Poste de commandement opérationnel (PC-ops)
L'interaction entre les cellules de crise au niveau national et le PC-Ops se déroule essentiellement via la/les cellule(s) de crise provinciale(s). Toutefois, si la situation le nécessite, la Cellule d'évaluation peut entrer en contact avec le PC-Ops pour lui transmettre les informations et conseils utiles à l'évaluation du risque radiologique auquel seraient ou pourraient être exposés les intervenants sur le site.

Contacts internationaux
Si la situation le nécessite, la Cellule d'évaluation peut entrer en contact direct avec ses homologues d'autres pays pour l'échange d'informations sur le plan technique/radiologique. Toutefois, la communication des actions de protections planifiées ou prises reste la prérogative du Comité fédéral de coordination, éventuellement soutenu par une Cellule internationale (voir § 2.1.4.1.5).

2.1.4.2.2 La Cellule de mesure (CELMES)

1 Missions
La Cellule de mesure fournit l'expertise et les moyens de mesure et d'échantillonnage requis afin de mesurer les niveaux de débit de dose ambiant et de contamination radioactive dans l'environnement.
La Cellule de mesure est chargée de l'exécution de la stratégie de mesure définie en concertation avec la Cellule d'évaluation.
Dans la période aiguë de la situation d'urgence, la Cellule de mesure peut entamer des mesures de sa propre initiative dans l'attente des instructions de la Cellule d'évaluation.
Les mesures qu'elle collecte doivent permettre de déterminer et de délimiter les zones à risques, de vérifier le niveau de contamination dans les produits de la chaîne alimentaire, y compris l'eau potable, de vérifier le niveau de contamination dans les produits importés ou destinés à l'exportation, de reconstituer les doses reçues par la population, etc.

2 Présidence et composition
La Cellule de mesure est présidée par l'AFCN et elle se compose de représentants des services publics et d'autres institutions et organismes disposant des principaux moyens de mesures et ayant les compétences nécessaires et une expertise reconnue dans les domaines de la métrologie nucléaire et/ou de l'échantillonnage.
Les représentants des services publics appartiennent aux entités suivantes:
l'AFCN;
l'AFSCA;
les unités opérationnelles de la Protection civile;
le ministère de la Défense (34) .
Les experts des autres institutions ou organismes sont des représentants:
du SCK CEN;
de l'IRE.
Au besoin, la participation d'autres organismes et instituts pourrait être requise par le ministre de l'Intérieur, sur demande de l'AFCN ou de la Cellule d'évaluation, pour participer aux missions de la Cellule de mesure, par exemple:
les exploitants d'autres installations que l'installation concernée;
des laboratoires et services de contrôle physique des universités;
des organismes de contrôle physique agréés.
d'autres partenaires ayant conclu une convention pour effectuer des interventions pour l'AFCN.
Enfin, il peut également être fait appel à des équipes internationales conformément aux mécanismes d'assistance internationale (voir § 2.1.7.2.2), le cas échéant, via la Cellule internationale (voir § 2.1.4.1.5, si mobilisée).

3 Fonctionnement
Afin d'assurer les missions qui lui ont été confiées, la Cellule de mesure s'articule autour de deux niveaux opérationnels:
un niveau fédéral;
un niveau local.
Le niveau fédéral (“Cellule de m esure-fédérale”) assure la coordination générale des travaux de la cellule. Il est en contact direct avec le coordinateur des équipes mobiles de mesure pour définir le plan opérationnel des mesures et échantillonnages à réaliser sur le terrain.
Le niveau local (“Cellule de mesure - locale”) regroupe les équipes mobiles de mesure et d'échantillonnage sur le terrain, ainsi que les moyens et dispositifs de mesures complémentaires, par voies terrestre, maritime ou aérienne.
Des moyens aériens de détection et de mesure par spectrométrie gamma aérienne (appartenant au SPF Intérieur et gérés par le SCK CEN et l'IRE) peuvent être mis en oeuvre sur décision du ministre de l'Intérieur. Ils sont installés dans un aéronef de la Défense (si disponible), de la Police ou, à défaut, d'une firme privée, et sont accompagnés par un opérateur fourni par le SCK CEN ou par l'IRE. D'autres partenaires peuvent être consultés afin d'obtenir un appui supplémentaire.
La Protection civile est chargée de la mise en place et de la coordination du camp de base qui accueille les équipes mobiles de mesure. Sa localisation est choisie parmi des lieux prédéfinis. Les aspects de dosimétrie personnelle des équipes de mesure sont également gérés au niveau du camp de base.
Le fonctionnement de la Cellule de mesure doit être structuré au travers d'une procédure de fonctionnement interne.

4 Interactions avec les autres cellules et entités
Dans le cadre des missions susmentionnées, la Cellule de mesure est en interaction avec d'autres cellules et structures de crise. Ces interactions se déroulent soit par le biais de contacts directs, via des outils informatisés ou par l'intermédiaire de représentants ou de personnes de liaison.

La Cellule d'évaluation
La Cellule de mesure est en soutien direct de la Cellule d'évaluation pour l'évaluation des conséquences radiologiques associées à la situation d'urgence.

Cellule interne de crise de l'AFCN (CI2C)
Lorsque la CI2C est activée à la demande du président de la Cellule d'évaluation, la Cellule de mesure peut solliciter son appui dans l'exécution de ses tâches.

L'exploitant de l'installation concernée
La Cellule de mesure intègre dans sa collecte les résultats pertinents des mesures effectuées sur le site et aux abords du site par les équipes de mesures de l'exploitant de l'installation concernée.

Intervenants sur le terrain (via le PC-Ops)
La Cellule de mesure locale intègre dans sa collecte les résultats pertinents des mesures de débit de dose et de contamination des intervenants effectuées durant leur intervention. Ces résultats sont transmis via le PC-Ops au coordinateur des équipes mobiles de mesures et à la Cellule de mesure fédérale.

2.1.4.3 Alerte et information de la population lors d'une situation d'urgence nucléaire ou radiologique

L'alerte est la première action de communication de crise. Elle a pour objectif d'avertir aussi rapidement que possible la population menacée par une situation d'urgence via un message uniforme, clair et concret émanant d'une source officielle, clairement identifiée, afin que la population puisse agir comme premier acteur de sa propre sécurité. L'alerte peut se faire via divers canaux de communication redondants et complémentaires permettant de diffuser aussi largement que possible les messages urgents pour la population.
L'information de la population implique quant à elle que les autorités informent régulièrement, via une communication de crise rapide, claire et structurée, la population (in)directement concernée de (l'évolution de) la situation, de actions de protections décidées et des recommandations quant aux bons comportements à adopter.
Les autorités compétentes veillent ensemble à une communication de crise cohérente en cas de situation d'urgence, via notamment:
une stratégie de communication de crise nucléaire qui reprend l'organisation de la discipline 5, les canaux pour l'alerte et la diffusion de l'information, ainsi que la répartition des missions entre les principaux acteurs;
des plans d'urgence et d'intervention (voir Lexique) provinciaux et communaux;
des plans d'intervention monodisciplinaires propres à la discipline 5 qui traduisent l'opérationnalisation de la stratégie susmentionnée au niveau local.
La coordination de la communication de crise lors d'une situation d'urgence est dirigée par la Cellule d'information au niveau national.

2.1.4.3.1 La Cellule d'information (CELINFO)

1 Missions
La Cellule d'information veille à l'alerte et à l'information de la population. Elle organise la coordination des actions relatives à la communication de crise avec les différents services et autorités concernés. La Cellule d'information veille également de près au suivi et à l'analyse des informations et des perceptions de la population et des médias sur la situation d'urgence, les actions prises et les recommandations communiquées.
Chaque acteur au sein du plan actuel contribue à la communication de crise en fonction de ses compétences.

2 Présidence et composition
La Cellule d'information est présidée par le NCCN. La cellule est constituée, dans sa composition de base, des représentants chargés de la communication:
Du ministre de l'Intérieur;
du NCCN;
du SPF Santé publique;
de l'AFCN;
de l'AFSCA.
Elle peut être élargie si nécessaire:
aux représentants chargés de la communication des autres ministres, autorités et services impliqués dans la coordination et la gestion de la situation d'urgence en fonction de leur domaine de compétence;
à un conseiller scientifique désigné par l'AFCN, pour aider à la vulgarisation des éléments techniques et radiologiques de la communication;
à un représentant de l'exploitant concerné, pour une cohérence et complétude de l'information liée au site concerné et aux actions menées;
à tout autre expert compétent.

3 Fonctionnement
L'alerte des membres de la Cellule d'information, l'organisation propre, la méthode de travail de la cellule et l'interaction avec les autres représentants de la discipline 5 et le communicateur de l'exploitant doivent être décrits dans les procédures de fonctionnement interne.

4 Interaction avec les autres cellules et structures de crise
Dans le cadre des missions susmentionnées, la Cellule d'information est en interaction avec le Comité fédéral de coordination. Cette interaction se déroule par l'intermédiaire d'une personne de liaison qui siège au sein du Comité fédéral de coordination.
Étant donné que l'alerte et l'information de la population font intégralement partie de la gestion de crise, cette représentation de la Cellule d'information au sein du Comité fédéral de coordination a pour objectif de:
partager l'analyse situationnelle réalisée par le suivi des informations et des perceptions de la population et des médias;
conseiller stratégiquement en matière de communication de crise;
veiller à l'exécution des décisions prises en termes d'alerte et d'information de la population.
Pour une communication de crise optimale, un contact a lieu régulièrement entre les communicateurs des autorités et services concernés pour veiller ensemble à une information claire, cohérente et structurée à la population. Des contacts ont également lieu en ce sens avec (les communicateurs de) l'exploitant concerné.
Au niveau international, l'information nécessaire est transmise et échangée avec les (communicateurs des) autorités homologues des pays voisins, en collaboration avec la Cellule internationale (si mobilisée).

2.1.4.4 Les cellules complémentaires

2.1.4.4.1 Le Hub logistique national (NatLogHub)
Le Hub logistique national est une plateforme de concertation et de coordination complémentaire qui peut être mobilisée sur décision du président du Comité fédéral de coordination.

1 Missions
Le Hub logistique national est une plateforme de concertation et de coordination visant à appuyer les missions de COFECO concernant la gestion des moyens logistiques au niveau national et international, en étroite collaboration avec les partenaires concernés. Les aspects à prendre en compte concernent entre autres:
les besoins en matière de logistique et leur évaluation;
fairel'inventaire de la répartition actuelle de l'appui logistique sur le terrain, de la disponibilité des ressources logistiques qui n'ont pas encore été déployées, et des besoins potentiels pour la suite de la gestion de la crise;
veiller à une répartition efficace des moyens nationaux et internationaux par le biais d'une procédure de demande;
proposer une (re)distribution des ressources sur le terrain, une stratégie de déploiement des ressources non encore déployées et d'acquisition de ressources supplémentaires;
garder une vue d'ensemble des moyens déjà déployés et anticiper les besoins logistiques futurs en fonction de l'évolution de la situation;
proposer l'activation des mécanismes d'assistance internationale, en concertation avec la Cellule internationale (si mobilisée);
veiller à la mise en oeuvre coordonnée et au suivi des décisions prises et des actions à entreprendre;
faire un rapport au Comité fédéral de coordination des éléments listés ci-dessus.
La mise en place du NatLogHub vise à permettre une coordination optimale des moyens nationaux et internationaux entre les différents services concernés, sans porter préjudice aux missions de ces derniers qui restent responsables de la mise en oeuvre des décisions et des actions relevant de leur domaine de compétence. Cette mise en oeuvre s'effectue conformément à la stratégie globale déterminée et aux accords conclus au sein de la Cellule de gestion.

2 Présidence et composition
Sans préjudice des compétences légales de chacun, le NatLogHub est présidé par le NCCN. Le Hub est constitué, dans sa composition de base, des représentants:
de la Direction générale Sécurité civile;
du Ministère de la Défense;
du zones de secours;
du Centre de crise National.
En fonction de la nécessité, le président du NatLogHub peut faire appel à d'autres experts pour participer aux travaux du Hub.

3 Fonctionnement
Le fonctionnement du Hub logistique national doit être structuré au travers d'une procédure de fonctionnement interne.

4 Interaction avec d'autres cellules et structures de crise

Le Comité fédéral de coordination
Le Hub logistique national travaille en appui du Comité fédéral de coordination. Son président transmet au Comité fédéral de coordination ses analyses et ses propositions d'actions à effectuer en ce qui concerne les aspects logistiques liés à la situation d'urgence. De son côté, le Comité fédéral de coordination informe le NatLogHub, en retour, de la validation ou des modifications apportées à ces propositions.

La Cellule internationale
Le Hub logistique national est en interaction avec la Cellule internationale pour l'échange d'informations sur les aspects liés aux besoins en matériel et en personnel qui doivent être demandés dans le cadre de l'assistance internationale.

2.1.4.4.2 La Cellule internationale
La Cellule internationale est une cellule de crise complémentaire qui peut être mobilisée sur décision du président du Comité fédéral de coordination.

1 Missions
La Cellule internationale est une plateforme de concertation et de coordination visant à appuyer les missions de COFECO concernant le suivi et la coordination de l'ensemble des aspects internationaux à prendre en compte dans le cadre de la situation d'urgence, en étroite collaboration avec les partenaires concernés. Ces aspects concernent entre autres:
La Lagestion des formulaires sur les plateformes WebECURIE (CE) et USIE (AIEA) (voir Lexique);
Le partage d'informations avec les pays voisins (l'alerte est effectuée par le NCCN, conformément aux procédures d'alerte décrites au § 2.1.3);
Le partage d'informations avec les partenaires internationaux;
La préparation et/ou l'appui et le suivi des demandes d'assistance internationale;
La ré aration et le suivi des offres d'assistance internationale;
L'appui à la cellule de crise du SPF Affaires étrangères.
La mise en place de la Cellule internationale vise à permettre une coordination optimale entre les différents services concernés, sans porter préjudice aux missions de ces derniers qui restent responsables de la mise en oeuvre des décisions et actions relevant de leur domaine de compétences. Cette mise en oeuvre s'effectue conformément à la stratégie globale déterminée et aux accords conclus au sein de la Cellule de gestion.

2 Présidence et composition
Sans préjudice des compétences légales de chacun, la Cellule internationale est présidée par le NCCN. La cellule est constituée, dans sa composition de base, des représentants:
de l'Agence fédérale de Contrôle nucléaire;
du Service public fédéral des Affaires étrangères;
du Centre de crise National.
En fonction de la nécessité, le président de la Cellule internationale peut faire appel à d'autres experts pour participer aux travaux de cette cellule.

3 Fonctionnement
Le fonctionnement de la Cellule internationale doit être structuré au travers d'une procédure de fonctionnement interne.

4 Interactions avec d'autres cellules et structures de crise
Le Comité fédéral de coordination La Cellule internationale travaille en appui du Comité fédéral de coordination. Elle transmet au Comité fédéral de coordination ses analyses et propositions d'actions en ce qui concerne les aspects internationaux liés à la situation d'urgence. De son côté, le Comité fédéral de coordination informe la Cellule internationale, en retour, de la validation ou des modifications apportées à ces propositions.

La Cellule d'évaluation
La Cellule internationale est en interaction avec CELEVAL pour l'échange d'informations sur les aspects techniques, radiologiques et météorologiques nécessaires à la mise en oeuvre de ses missions.

Le Hub logistique national
La Cellule internationale est en interaction avec le NatLogHub pour l'échange d'informations sur les besoins en matériel et en personnel qui doivent être demandés dans le cadre de l'assistance internationale.

2.1.4.4.3 La Cellule socio-économique (ECOSOC)
Dans la période aiguë de la gestion de crise, les analyses radiologiques-techniques et les analyses opérationnelles sont prioritaires. Toutefois, l'impact de la situation d'urgence sur les secteurs spécifiques de la vie sociale et économique, doit aussi être prise en considération. Le président du Comité fédéral de coordination peut décider de mobiliser une Cellule socio-économique (ECOSOC) pour l'appuyer dans sa mission de coordination.
Le suivi des conséquences socio-économiques de la situation d'urgence au niveau local est assuré en première instance par les gouverneurs et bourgmestres dans le cadre de l'exécution sur le terrain des actions décidées au niveau national.

1 Missions
La Cellule socio-économique est une plateforme de concertation et de coordination visant à appuyer les missions du Comité fédéral de coordination concernant le suivi et la coordination des aspects socioéconomiques à prendre en compte lors d'une situation d'urgence, en étroite collaboration avec les partenaires concernés. Ces aspects concernent entre autres:
identifier et analyser les conséquences directes de la situation d'urgence et des actions prises ou envisagées dans le cadre de la coordination stratégique sur des secteurs spécifiques (vulnérables) de la société;
organiser la concertation transversale d'un secteur socio-économique spécifique;
élaborer et proposer au Comité fédéral de coordination des actions concertées visant à limiter l'impact socio-économique de la situation d'urgence;
veiller à la mise en oeuvre coordonnée et au suivi des décisions prises et des actions à entreprendre sur la base de la stratégie globale déterminée et des accords conclus au sein de la Cellule de gestion.
La mise en place de la cellule ECOSOC vise à permettre une coordination optimale entre les différents services concernés, sans porter préjudice aux missions de ces derniers qui restent responsables de la mise en oeuvre des décisions et actions relevant de leur domaine de compétence. Cette mise en oeuvre s'effectue conformément à la stratégie globale déterminée et aux accords conclus au sein de la Cellule de gestion.

2 Présidence et composition
Sans préjudice des compétences légales de chacun, la Cellule socio-économique est présidée par le président du Service public fédéral Économie, PME, Classes moyennes et Énergie ou de son représentant. La Cellule socio-économique est composée du:
Président du SPF Économie, P.M.E., Classes moyennes et Énergie;
Président du SPF Santé Publique;
Président du SPF Mobilité et Transports;
Président du SPF Finances;
Président du SPF Emploi, Travail et Concertation Sociale;
Président du SPF Sécurité Sociale;
Président du SPF de programmation Intégration Sociale.
Chaque membre peut déléguer ses compétences à un représentant dûment informé et habilité. Le président sollicite la participation de représentants de départements des entités fédérées aux réunions de la Cellule socio-économique lorsque leur participation est nécessaire pour mener à bien ses missions. Le président de la Cellule socio-économique peut convoquer aux réunions de cette cellule toute autre personne, service ou autorité nécessaire, en ce compris des experts.

3 Fonctionnement
La présidence de la cellule:
prépare l'ordre du jour des réunions et coordonne les travaux de la cellule;
veille à ce que les informations nécessaires soient partagées lors des réunions;
veille à une répartition claire des tâches entre les différents membres, conformément aux compétences de chacun;
coordonne le secrétariat des réunions et remet un rapport consolidé aux membres de la cellule ainsi qu'au Comité fédéral de coordination;
représente la Cellule socio-économique au sein des réunions de COFECO.
Le fonctionnement de la Cellule socio-économique doit être structuré au travers d'une procédure de fonctionnement interne.

4 Interactions avec les autres cellules et structures de crise

Le Comité fédéral de coordination
La Cellule socio-économique travaille en appui de COFECO. Son président siège au sein de ce Comité. La Cellule socio-économique fournit au Comité fédéral de coordination ses analyses et propositions d'actions relatives aux aspects socio-économiques et aux conséquences de la situation d'urgence.

2.1.4.5 Les cellules de crise départementales

Les cellules de crise départementales sont des cellules de crise complémentaires qui peuvent être mobilisées sur décision du président du Comité fédéral de coordination.

1 Missions
Les cellules de crise départementales:
organisent l'engagement des collaborateurs qui sont envoyés vers le Comité fédéral de coordination, ou vers des structures de crise à d'autres niveaux.
coordonnent les actions spécifiques au sein de secteurs socio-économiques concernés qui relèvent de leur domaine de compétence, le cas échéant, en concertation et collaboration avec les entités fédérées qui sont responsables au sein du même domaine de compétence,
assurent le soutien stratégique des actions prises par les gouverneurs et bourgmestres envers les secteurs spécifiques au niveau local dans le cadre de l'exécution des actions de protection comme décrites dans le présent plan.
soutiennent la transmission d'information vers les secteurs pour lesquels ils sont compétents.

2 Fonctionnement
Le fonctionnement des cellules de crise départementales est une prérogative de l'autorité fédérale dont relève la cellule de crise départementale.

3 Interaction avec d'autres cellules et structures de crise
Dans le cadre des missions susmentionnées, les cellules de crise départementales sont en liaison avec le Comité fédéral de coordination, la Cellule socio-économique et la Cellule d'information. Ces interactions peuvent se dérouler via le NCCN ou via les représentants dans les cellules respectives.
L'interaction avec les gouverneurs et bourgmestres en ce qui concerne le suivi des actions envers les secteurs socio-économiques spécifiques au niveau local, se fait via le Comité fédéral de coordination.
Pour la collaboration avec les entités fédérées au sein du même domaine de compétences, les structures existantes traditionnelles peuvent être utilisées. Le cas échéant, les représentant(s) des autorités fédérées concernées peuvent être intégrés dans la cellule de crise départementale (niveaux fédéral et fédérés ensemble, voir § 2.1.6).

(32)
Ci-après “SPF Santé Publique”
(33)
Par exemple: intérêts belges à l'étranger, mobilité, installations industrielles (voir Lexique) à risques dans l'environnement immédiat, activités économiques vitales, fourniture d'énergie, télécommunications, établissements pénitentiaires, etc...
(34)
Les unités opérationnelles ou moyens de la Défense n'interviendront que dans la mesure du possible, si leurs moyens sont disponibles et opérationnels.

2.1.5 Organisation au niveau local

2.1.5.1 L'appui à la coordination stratégique nationale par le niveau provincial et communal

La direction de la gestion de crise et la responsabilité de la prise d'actions de protection pour la population se situent au niveau national. Ceci n'entrave toutefois pas la responsabilité du(des) gouverneurs et bourgmestre(s) concernés en ce qui concerne la gestion de la situation sur leur territoire.
Nonobstant la gravité de l'événement qui entraîne l'activation du présent plan et, le cas échéant, le déclenchement de la phase fédérale de la gestion de crise, les cellules de crises provinciales et communales (éventuellement en composition réduite) des provinces concernées et des communes impactées situées dans la zone de planification d'urgence sont immédiatement mobilisées.
En fonction de la nécessité, les gouverneurs non concernés par la zone de planification d'urgence peuvent être alertés par le NCCN en vue de l'activation de leur cellule de crise provinciale, en ce qui concerne:
l'éventuel soutien à la gestion de crise et à l'exécution des actions de protection dans les provinces touchées (par exemple en ce qui concerne les centres de contrôle de la contamination et de décontamination et les centres d'accueil (voir Lexique) en cas d'évacuation);
si la situation le requiert, l'exécution des actions de protection sur leur territoire.

2.1.5.1.1 Les cellules de crise provinciales et communales
L'appui à la coordination stratégique du niveau national est assuré au niveau provincial par le gouverneur en collaboration avec le(s) bourgmestre(s) concerné(s).
Cet appui à la coordination stratégique vise en première instance la prise des décisions nécessaires:
en vue de l'exécution sur le terrain des actions de protection validées par la Cellule de gestion;
en tenant compte de la situation locale spécifique.

1 Missions
Dans le cadre de l'appui à la coordination stratégique du niveau national, la cellule de crise provinciale (en collaboration avec les cellules de crise communales concernées) assume les missions suivantes:
la formulation d'avis au Comité fédéral de coordination sur la faisabilité des actions de protection proposées;
la transmission au Comité fédéral de coordination d'informations relatives à l'état d'avancement de l'exécution sur le terrain des actions de protection décidées;
Si nécessaire ou selon des accords spécifiques, la demande du déploiement des antennes opérationnelles ou thématiques;
la diffusion d'informations à la population en ce qui concerne la situation au niveau local, dans le cadre des travaux de la Discipline 5;
l'alerte des et l'échange d'informations avec les structures de crise homologues étrangères voisines en vue d'une exécution cohérente des actions sur le terrain dans la région frontalière;
la notification au Comité fédéral de coordination du besoin de soutien et moyens supplémentaires, notamment en ce qui concerne les moyens opérationnels pour l'exécution des actions sur le terrain;
la notification du besoin de soutien et moyens supplémentaires en ce qui concerne le suivi des actions vers les secteurs socio-économiques spécifiques;

2 Présidence et composition
Le(s) gouverneur(s) et le(s) bourgmestre(s) concerné(s) sont assistés par leur cellule de crise provinciale ou communale et en assurent la présidence.
Le cas échéant:
les deux structures peuvent être fusionnées en une cellule de crise provinciale intégrée, présidée par le gouverneur et avec participation du(des) bourgmestre(s) concerné(s);
deux ou plusieurs cellules de crise communales peuvent être fusionnées, sur décision des bourgmestres concernés, en une cellule de crise communale commune, co-présidée par les bourgmestres concernés.

3 Fonctionnement
Le fonctionnement des cellules de crise provinciales ou communales est détaillé au travers des plans d'urgence et d'intervention et des procédures de fonctionnement interne.
En ce qui concerne les situations spécifiques suivantes, les accords ci-après sont d'application:
en cas de “Site area emergency” et “General emergency”, le gouverneur de la province sur laquelle se situe le site s'assure que la population dans l'environnement immédiat du site (dans le bloc S, voir § 5.2.3) est avertie, se met à l'abri et suit les messages des autorités via les médias;
en cas de situation “General emergency - Reflex mode”, le gouverneur de la province sur laquelle se situe le site concerné assure le suivi de la mise en oeuvre immédiate des actions réflexes de protection préalablement définies (c'est-à-dire avertir la population - mettre à l'abri - suivre les messages des autorités via les médias) dans la zone réflexe préalablement définie.
Cette initiative du gouverneur est prise dès l'alerte, et ce, en attendant la mise en place effective des cellules et structures de crise aux différents niveaux et le passage éventuel à une autre classe d'urgence (voir Tableau 1) décidé par la Cellule de gestion sur base de l'avis du Comité fédéral de coordination.
Si la situation locale spécifique requiert des actions urgentes de protection de la population en attendant les décisions de la Cellule de gestion ou des décisions stratégiques qui ne sont pas tout à fait cohérentes avec les décisions de la Cellule de gestion, les gouverneurs et bourgmestres peuvent le cas échéant prendre ces actions, à condition que:
une concertation préalable ait déjà eu lieu à ce sujet entre le président du Comité fédéral de coordination et le Gouverneur;
une concertation préalable ait déjà eu lieu à ce sujet entre le Bourgmestre et son Gouverneur.

4 Interaction avec d'autres cellules et structures de crise

Le Comité fédéral de coordination
Les cellules de crise provinciales concernées sont en contact avec le Comité fédéral de coordination sur la perception de la situation au niveau local et la faisabilité opérationnelle des actions de protection proposées et la transmission d'informations relatives à l'état d'avancement de l'exécution sur le terrain des actions de protection décidées.

Le PC-ops et les antennes opérationnelles
Les gouverneurs concernés sont en contact avec le PC-Ops en ce qui concerne les actions de protection prises et leur exécution sur le terrain et en ce qui concerne la protection du personnel d'intervention.
L'interaction entre le(s) gouverneur(s) et - si déployées - les antennes opérationnelles, est détaillé dans les plans particuliers d'urgence et d'intervention.

La Cellule d'information
Les cellules de crise provinciales et communales sont en contact avec la Cellule d'information en ce qui concerne la diffusion d'informations à la population au niveau local, dans le cadre des travaux de la discipline 5.

Les structures de crise homologues dans les pays voisins
Les cellules de crise provinciales sont en contact avec les structures de crise homologues étrangères voisines en ce qui concerne l'alerte et l'échange d'informations en vue d'une exécution cohérente des actions sur le terrain dans la région frontalière.

Les autorités fédérées/le centre de crise régional
Les cellules de crise provinciales sont en interaction avec les autorités fédérées/le centre de crise régional concerné en ce qui concerne l'appui relatif au suivi des actions vers les secteurs socioéconomiques spécifiques qui relèvent de leur responsabilité.

2.1.5.2 La coordination opérationnelle

La coordination opérationnelle (voir Lexique) au niveau local est assurée à différents niveaux selon les besoins:
au sein du PC-Ops;
au sein d'antennes opérationnelles multidisciplinaires et/ou thématiques.
La mise en place d'un PC-Ops n'est pas automatique lors de l'activation du plan d'urgence nucléaire. Elle dépend du fait que des actions sur le site ou sur le terrain s'imposent.
La décision d'installer un PC-Ops repose soit:
surles échanges opérationnels issus de la concertation capot (voir Lexique) organisée suite à la mobilisation des services d'intervention sur le site;
sur le plan particulier d'urgence et d'intervention qui convient des critères opérationnels à appliquer dès l'alerte.
La détermination de la localisation du PC-Ops doit être préparée en identifiant préalablement différents lieux ou locaux (au moins 2 ou 3). Les lieux potentiels doivent se trouver dans les différents secteurs autour du site en question afin de pouvoir choisir au moment même, lors d'une situation d'urgence, le meilleur lieu et ce, compte tenu de la direction du vent.
Une antenne opérationnelle ou thématique peut être mise en place à la demande du Dir-PC-Ops ou du/des Gouverneur(s). Cette décision doit être notifiée aux CU112 concernées et communiquée à tous les partenaires dans le portail national de sécurité (voir Lexique). Il est possible qu'une antenne soit installée dans une autre province que celle où se situe le site nucléaire concerné.
La détermination de la localisation des antennes doit être préparée en identifiant préalablement différents lieux ou locaux et en les intégrant dans les plans particuliers d'urgence et d'intervention.

2.1.5.2.1 Le PC-Ops et les antennes opérationnelles ou thématiques

1 Missions
Le PC-Ops et les antennes s'occupent de la coordination opérationnelle sur et autour du site nucléaire, c'est-à-dire le contrôle de la source et le contrôle de l'impact. Outre les missions générales définies dans l'arrêté royal du 22 mai 2019 relatif à la planification d'urgence et la gestion de situations d'urgence à l'échelon communal et provincial et au rôle des bourgmestres et des gouverneurs de province en cas d'événements et de situations de crise nécessitant une coordination ou une gestion à l'échelon national (36) , les tâches suivantes doivent être exécutées:
le suivi et l'évaluation dosimétrique des intervenants et la transmission des données nécessaires à l'AFCN-(voir § 6.2.5);
la mise à disposition des comprimés d'iode aux services d'intervention (qu'ils soient ou non directement impliqués dans l'intervention).
Une antenne opérationnelle ou thématique a pour but d'appuyer le PC-Ops ainsi que les cellules de crises provinciales afin de fournir une coordination opérationnelle locale ou thématique. Les missions spécifiques des antennes doivent être définies dans les plans particuliers d'urgence et d'intervention.

2 Présidence et composition
Le PC-Ops est composé des directeurs opérationnels des disciplines et de toute autre personne invitée par le Dir-PC-Ops. Dans le cadre du présent plan, une représentation physique de l'exploitant au sein du PC-Ops est également obligatoire lorsqu'une intervention sur site est requise. Le PC-Ops est dirigé par le Dir-PC-Ops dont les conditions de désignation et les missions sont décrites dans l'AR du 22 mai 2019 et les plans particuliers d'urgence et d'intervention. La composition et l'organisation des antennes opérationnelles ou thématiques sont décrites dans les plans d'urgence et d'intervention, dans le respect des principes prévus par le présent plan et l'AR du 22 mai 2019.

3 Fonctionnement
Le fonctionnement du PC-Ops et des antennes opérationnelles et thématiques est décrit dans l'AR du 22 mai 2019, et/ou dans les plans (particuliers) d'urgence et d'intervention.

4 Interactions avec d'autres cellules et structures de crise
Dès que possible après leur installation, le PC-Ops et les antennes opérationnelles et thématiques établissent un lien de coordination et un flux de communication entre eux afin de veiller à la cohérence des actions opérationnelles, à une répartition optimale des ressources et pour permettre d'organiser les éventuels renforts mutuels entre structures locales.
En outre, le PC-Ops et/ou les antennes opérationnelles et thématiques sont en interaction avec:

(La cellule de crise de) l'exploitant
Une coordination avec l'exploitant au niveau opérationnel est primordiale afin de gérer au mieux les interventions sur le site. À cette fin, l'exploitant prévoit un représentant physique pour s'assurer que les services d'intervention disposent des bonnes informations relatives aux conditions en vigueur sur le site concerné.

Les cellules de crise provinciales et communales
La coordination entre le PC-Ops, les antennes opérationnelles et thématiques et les cellules de crise provinciales et communales est décrite dans les plans particuliers d'urgence et d'intervention provinciaux et communaux.

Les autres structures opérationnelles sur le terrain
Une interaction peut être nécessaire entre le PC-Ops ou les antennes opérationnelles et thématiques et les autres structures opérationnelles sur le terrain. La structure de soutien logistique de l'exploitant et le camp de base de la Cellule de mesure en sont des exemples. Lors de l'examen préalable des emplacements possibles pour l'établissement d'un PC-Ops ou des antennes opérationnelles et thématiques, il est indiqué d'en tenir compte.

Les structures opérationnelles mises en place dans le cadre de l'assistance internationale
Il convient également de prendre en considération l'éventuelle interaction entre le PC-Ops et/ou les antennes opérationnelles et thématiques et les structures opérationnelles qui peuvent être créées au niveau local dans le cadre de l'assistance internationale et du “Host Nation Support” (HNS).

Autres cellules de crise
Si la situation le nécessite, le PC-Ops peut entrer en contact avec d'autres cellules de crise telles que le Comité fédéral de coordination ou la Cellule d'évaluation pour transmettre des informations ou demandes spécifiques, mais ceci doit rester plutôt exceptionnel. Les cellules de crise provinciales et communales doivent toujours en être informées.
Les interactions entre ces différentes structures de crise ainsi que les liens de communication sont détaillés dans les plans particuliers d'urgence et d'intervention.

(36)
Ci-après: “l'AR du 22 mai 2019”.

2.1.6 Appui de la gestion de crise par les entités fédérées - centres de crise régionaux
Les entités fédérées concernées, le cas échéant via les centres de crise régionaux concernés, sont alertées par le NCCN, à la demande du président du Comité fédéral de coordination en vue de leur mise en stand-by ou activation. La participation des entités fédérées est sollicitée aux réunions des différentes cellules de crises nationales lorsque celle-ci est nécessaire pour mener à bien les missions de ces cellules.
Par analogie avec le rôle des cellules de crise départementales, les entités fédérées le cas échéant via leurs centres de crise régionaux peuvent être sollicitées dans le cadre de leurs compétences pour exercer les missions suivantes:
coordination des actions spécifiques au sein des secteurs socio-économiques concernés, le cas échéant, en concertation et en collaboration avec les départements fédéraux responsables dans le même domaine de compétence. Un représentant des entités fédérées peut être invité dans la cellule de crise départementale d'un département fédéral et/ou dans la cellule socioéconomique si celle-ci est mobilisée (voir § 2.1.4.5.1);
l'appui des actions entreprises par des autorités locales à l'égard des secteurs spécifiques au niveau local dans le cadre de l'exécution des actions de protection pour la population tel que décrit dans le présent plan;
Assurer et/ou contrôler la transmission d'informations vers les secteurs concernés, en étroite collaboration avec la Cellule d'information.
Les entités fédérées ou le cas échéant les centres de crise régionaux peuvent être en contact avec le Comité fédéral de coordination via le NCCN ou via une personne de liaison au sein du Comité fédéral de coordination.
Si les gouverneurs et bourgmestres ont besoin d'appui lors de l'exécution des actions de protection, et plus spécifiquement sur le suivi des aspects socio-économiques qui relèvent de la compétence des entités fédérées, ils peuvent entrer en contact avec ces dernières, le cas échéant via les centres de crise régionaux et solliciter leur présence au sein de la cellule de crise provinciale.
Dans le cadre de la prise des décisions relatives aux actions de protection, des ministres des entités fédérées peuvent être invités au sein de la Cellule de gestion.

2.1.7 Coopération internationale

2.1.7.1 Les pays voisins

L'objectif de la coopération avec les pays voisins en cas de situation d'urgence est de compléter les dispositifs internationaux existants en assurant une communication plus directe et appropriée. L'organisation de cette coopération repose sur le principe d'échange d'informations entre instances homologues. Les instances homologues sont des instances qui assurent dans leurs pays respectifs, dans le cadre de la planification d'urgence et de la gestion de crise, une fonction ou un rôle similaire.
Les accords de coopération existants, ainsi que la stratégie développée au sujet de la planification d'urgence peuvent aborder plusieurs aspects différents:
la notification de la situation d'urgence aux niveaux national et local;
l'analyse radiologique-technique de la situation d'urgence;
l'échange d'informations sur les actions prises ou envisagées pour protéger la population;
la coordination des politiques nationales;
les actions de communication auprès des médias et de la population;
les contacts directs entre les autorités locales (au niveau des gouverneurs et bourgmestres) et la coordination opérationnelle à ce niveau;
l'échange de personnes de liaison;
l'assistance mutuelle.
Au niveau national, le Comité fédéral de coordination supervise, via le NCCN, l'alerte et l'échange d'informations avec les centres de crise nationaux et les points de contact des pays voisins dans le cadre des accords bilatéraux ou multilatéraux. La Cellule internationale peut être chargée de l'élaboration des messages.
L'activation des mécanismes d'assistance internationale à l'adresse des pays voisins se fait sur demande du Comité fédéral de coordination, avec l'accord de la Cellule de gestion.
Le cas échéant et avec l'autorisation du président du Comité fédéral de coordination, des personnes de liaison des pays voisins peuvent être accueillies au sein du Comité fédéral de coordination pour faciliter la collaboration.
Les différents aspects de la coopération avec les pays voisins font l'objet de procédures spécifiques entre les instances homologues et sont repris dans les procédures de fonctionnement des cellules et structures de crise locales et nationales ainsi que dans les plans d'urgence et d'intervention concernés.

2.1.7.2 Les instances internationales

2.1.7.2.1 Alerte et transmission d'information
Conformément aux normes internationales en vigueur, la CE et l'AlEA sont alertées lorsqu'une situation d'urgence sur le territoire belge est susceptible d'avoir des effets transfrontaliers et/ou lorsque la décision est prise de prendre des actions de portée générale pour protéger la population. Cette alerte est réalisée par le NCCN, à la demande du président du Comité fédéral de coordination.
L'information de suivi qui doit être transmise aux instances internationales concerne notamment:
le moment;
la localisation exacte;
la nature de l'événement;
l'installation ou l'activité en cause;
l'évolution de la situation;
les données radiologiques-techniques;
et la préparation ou la prise d'actions de protections (in)directes.
L'alerte ainsi que la transmission de l'information aux instances internationales se fait via les canaux prévus à cet effet (WebECURIE et USIE). Lors de l'envoi de l'information aux instances internationales, les points de contact internationaux des pays voisins sont systématiquement mis en copie.

2.1.7.2.2 L'assistance de l'étranger
Conformément aux accords internationaux, notamment en vertu de la Convention de 1986 sur l'assistance en cas d'événement ou de situation d'urgence radiologique, le ministre de l'Intérieur peut demander une assistance internationale spécialisée pour les situations d'urgence.
L'activation d'une demande d'assistance se fait sur demande du Comité fédéral de coordination, avec l'accord de la Cellule de gestion. Une assistance internationale peut être demandée en appui, ou en complément à la capacité propre en termes de matériel et de moyens de protection et d'intervention des services (d'intervention) belges.
L'assistance des instances internationales peut être demandée:
via le “Union Civil Protection Mechanism” (UCPM), par la Direction générale Sécurité civile;
via le mécanisme d'assistance de l'AlEA (RANET);
via l'article 4 du Traité de l'Atlantique Nord de l'OTAN (38) .
Lorsqu'un appel est fait à l'assistance internationale, les dispositions nécessaires sont prises pour faciliter le travail des équipes d'interventions et/ou des experts étrangers, tout en se basant sur les principes repris dans les lignes directrices de l'UE en ce qui concerne le “Host Nation Support.
Celles-ci comprennent des actions axées principalement sur les domaines du soutien à la coordination des opérations et de la logistique, ce qui requiert notamment:
l activation d une cellule Host Nation Support;
la réception et l'accompagnement des équipes, via la création d'un “Réception and Departure Centre” (RDC) et l'adjonction d'un Officier de liaison HNS formé à cet effet à chaque équipe d'intervention étrangère;
l'organisation de l'accueil logistique des équipes, avec la mise sur pied le cas échéant d'une “Base of Operations” (BoO);
l'éventuelle création d'un “On-Site Operations Coordination Centre” (OSOCC, voir Lexique), pour la coordination opérationnelle des moyens étrangers;
la prise de dispositions spécifiques par les structures de coordination stratégiques et opérationnelles belges pour faciliter l'action des équipes étrangères.
Par ailleurs, une attention doit être accordée:
à l'appui logistique aux équipes étrangères: moyens de transport, escorte, soutien en télécommunications, etc.;
aux actions de protection pour les équipes étrangères, avec la mise à disposition des dosimètres, l'enregistrement et le suivi des doses;
à la prise de dispositions juridiques visant à faciliter l'assistance sous la forme de biens et matériel: exemption des taxes, simplification administrative pour l'exportation, le transit et l'importation, etc.
L'installation de la structure “Host Nation Support, en cas de situation d'urgence, doit se faire conformément aux procédures élaborées en ce sens qui s'appliquent aussi aux situations d'urgence relatives à d'autres risques. Dans le cadre du risque nucléaire, une attention particulière doit être portée à l'inventaire des moyens opérationnels belges disponibles ainsi que par exemple à l'interaction sur le terrain de la coordination opérationnelle internationale avec d'autres structures opérationnelles comme le PC-Ops, le camp de base de la Cellule de mesure et l'éventuelle structure de soutien logistique (“Rear Base”) de l'exploitant impacté.
La mise en oeuvre de cette structure dans le cadre belge de la planification d'urgence et la gestion de crise et l'élaboration des procédures nécessaires à cet effet se font sous la coordination de la Direction générale Sécurité civile.
Chaque province concernée est chargée de compléter et ajouter ces procédures en annexe à son/ses plan(s) (particulier(s)) d'urgence et d'intervention provincial/provinciaux.

(38)
Cet article stipule que “Les parties se consulteront chaque fois que, de l'avis de l'une d'elles, l'intégrité territoriale, l'indépendance politique ou la sécurité de l'une des parties sera menacée.”

2.2 Les cas particuliers

Le présent plan décrit en première instance l'organisation et le schéma de réaction à mettre en oeuvre lors d'une situation d'urgence dans les installations nucléaires belges de classe I en exploitation (voir § 2.1).
Cette structure organisationnelle peut également être utilisée pour d'autres types de situations d'urgence qui nécessiteraient une gestion de crise à l'échelon national, à condition qu'il soit tenu compte de certaines dispositions dérogatoires spécifiques. Ces dispositions peuvent notamment avoir trait à la notification des évènements, à la manière d'activer ce plan d'urgence, à l'échange d'information et aux acteurs concernés.
Les dispositions spécifiques mentionnées doivent être élaborées:
Dans les procédures (internes) des centres d'alerte nationaux et locaux;
dans les procédures de fonctionnement interne des cellules de crise nationales et locales concernées
dans les plans d'urgence et d'intervention des gouverneurs concernés;
dans les procédures de fonctionnement mises en place avec des instances homologues dans les pays voisins, qui complètent les accords de collaboration bilatéraux.
2.2.1 Situation d'urgence dans une installation frontalière
Lorsqu'une situation d'urgence survient dans une installation équivalente à celles visées par le présent plan (voir § 1.3), située à proximité (à moins de 100 km à vol d'oiseau) du territoire belge, et particulièrement pour ce qui concerne les centrales nucléaires de Chooz, Gravelines, Cattenom en France et Borssele aux Pays-Bas, le présent plan est activé selon les mêmes modalités que celles conduisant à l'activation du présent plan lors d'un événement dans une installation nucléaire de classe 1 sur le territoire belge. La procédure d'alerte, de mobilisation et de déclenchement de la phase fédérale se déroule conformément aux dispositions du présent plan en postulant la nécessité d'organiser une réponse des autorités belges (off-site) (voir § 2.1.2 et § 2.1.3).
Les dispositions dérogatoires spécifiques concernent:
la notification de la situation d'urgence aux autorités belges au niveau national (NCCN) et au niveau local via les instances homologues dans les pays voisins. Cette notification est le cas échéant confirmée par les instances internationales (UE, AIEA), le SPF Affaires étrangères ou l'AFCN (entres autres à l'aide de TELERAD).
l'évaluation initiale de la situation d'urgence. Durant les premières heures de la situation d'urgence, il est admis que les autorités belges utiliseront les termes sources et l'évaluation des risques et des conséquences tels qu'ils auront été définis par le pays où se situe l'installation ou le site concerné (40) . Toutefois, elles pourront se baser sur les niveaux de référence (voir § 6.3.2.1) définis dans le présent plan, si ceux-ci diffèrent de ceux utilisés dans le pays voisin.
l'échange de l'information avec les instances homologues dans les pays voisins, et entre les instances belges aux niveaux national et local, puisque les informations de base de l'événement, de son évolution et ses conséquences prévisibles sont disponibles en première instance auprès des instances étrangères (voir aussi § 2.1.7.1.).
le rôle du SPF Affaires étrangères en ce qui concerne la collecte des informations relatives aux risques auxquels les Belges ou les intérêts belges sont exposés à l'étranger, en particulier dans les zones touchées et en ce qui concerne la formulation de recommandations de la part des autorités belges pour les Belges à l'étranger. En fonction de l'ampleur de la situation d'urgence, la cellule de crise départementale du SPF Affaires étrangères est activée.

(40)
Conformément à l'approche HERCA-WENRA visant à harmoniser les actions de protection prises de part et d'autre d'une frontière.

2.2.2 Situation d'urgence dans une installation non frontalière
Dans le cas d'un événement survenant dans une installation équivalente à celles visées par le présent plan (voir § 1.3), située à 100 km à vol d'oiseau, ou plus, du territoire belge, l'AFCN une fois informée du développement d'une telle situation d'urgence (par le NCCN, les pays voisins, les instances internationales, TELERAD ou par d'autres moyens), analyse la situation. Elle évalue la menace radiologique pour le territoire belge et les ressortissants belges dans les régions potentiellement affectées et fait part de ses conclusions et recommandations au NCCN. Pour soutenir cette analyse, l'AFCN peut mobiliser sa cellule de crise interne (CI2C).
En fonction de l'analyse de l'AFCN, le NCCN peut décider de:
activer le présent plan et mobiliser les cellules de crise;
mettre en place une cellule “intégrée” d'évaluation et de coordination dont la composition est adaptée à la situation et aux menaces qui pèsent sur le territoire belge, les ressortissants belges à l'étranger et les intérêts (économiques) de la Belgique dans les régions potentiellement affectées. Le cas échéant, il peut être demandé aux membres des cellules chargées de la coordination stratégique à l'échelon national de rester en stand-by;
confier à l'AFCN le suivi de la situation et, le cas échéant, demander aux membres des cellules chargées de la coordination stratégique à l'échelon national de resteren stand-by.
En fonction des risques auxquels les Belges ou les intérêts belges sont exposés à l'étranger, en particulier dans les zones potentiellement touchées, la cellule de crise départementale du SPF Affaires étrangères est mobilisée si nécessaire afin de permettre aux autorités belges de formuler des recommandations pour les Belges à l'étranger.

2.2.3 Situation d'urgence dans la mer territoriale ou la zone économique exclusive Dans le cas d'un événement à caractère nucléaire ou radiologique survenant dans la mer territoriale ou la zone économique exclusive, l'AFCN une fois informée de la survenue d'une telle situation d'urgence évalue la menace radiologique pour le territoire belge et les ressortissants belges dans les régions potentiellement affectées et fait part de ses conclusions et recommandations au NCCN. Pour soutenir cette analyse, l'AFCN peut mobiliser sa cellule interne de crise (CI2C)
En fonction de l'analyse de l'AFCN, le NCCN peut décider de:
activer le présent plan et mobiliser les cellules de crise;
mettre mettreen place une cellule “intégrée” d'évaluation et de coordination dont la composition est adaptée à la situation et aux menaces qui pèsent sur la mer territoriale ou la zone économique exclusive, sur le territoire belge, les ressortissants belges à l'étranger et les intérêts (économiques) de la Belgique dans les régions potentiellement affectées. Le cas échéant, il peut être demandé aux membres des cellules chargées de la coordination stratégique à l'échelon national de rester en stand-by;
confier à l'AFCN le suivi de la situation et, le cas échéant, demander aux membres des cellules chargées de la coordination stratégique à l'échelon national de resteren stand-by.

2.2.4 Organisation en cas de chute d'un engin spatial contenant des sources radioactives
Lorsque la chute d'un engin spatial contenant une source radioactive est annoncée, l'Agence Spatiale Européenne (ESA) et l'Institut royal d'Aéronomie Spatiale de Belgique (IASB) et tout autre partenaire compétent suivent la situation, en particulier le risque de retombée sur le territoire belge. Avec l'aide de ces organismes, le NCCN suit de façon continue l'évolution de la trajectoire de l'engin. Il en informe régulièrement l'AFCN afin que cette dernière puisse analyser la situation et la menace radiologique pour le territoire belge et les ressortissants belges dans les régions potentiellement affectées et faire part de ses conclusions et recommandations au NCCN. Pour soutenir cette analyse, l'AFCN peut mobiliser la cellule de crise interne de l'AFCN (CI2C).
En fonction de l'analyse de l'AFCN, le NCCN peut décider:
d'activer le présent plan et mobiliser les cellules de crise;
de mettre en place une cellule “intégrée” d'évaluation et de coordination dont la composition est adaptée à la situation et aux menaces qui pèsent sur le territoire belge, les ressortissants belges à l'étranger et les intérêts (économiques) de la Belgique dans les régions potentiellement affectées. Le cas échéant, il peut être demandé aux membres des cellules chargées de la coordination stratégique à l'échelon national de rester en stand-by;
de confier à l'AFCN le suivi de la situation et, le cas échéant, de demander aux membres des cellules chargées de la coordination stratégique à l'échelon national de rester en stand-by.
En fonction des risques auxquels les Belges ou les intérêts belges sont exposés à l'étranger, en particulier dans les zones touchées, la cellule de crise départementale du SPF Affaires étrangères est mobilisée si nécessaire afin de permettre aux autorités belges de formuler des recommandations pour les Belges à l'étranger.

2.2.5 Situations d'urgence impliquant des engins ou installations militaires
Conformément au cadre réglementaire militaire, lors d'un événement à caractère nucléaire ou radiologique, le commandant de l'établissement militaire ou l'autorité responsable d'un transport militaire met en place sur le site un dispositif permettant de:
disposer des informations nécessaires pour juger de la gravité de l'événement;
gérer et coordonner l'action des services militaires d'intervention;
informer les autorités militaires et les autorités civiles des risques radiologiques réels ou potentiels si ceux-ci devaient s'étendre hors du domaine militaire ou menacer la population. Les autorités militaires préviendront en particulier les autorités civiles des risques spécifiques propres aux engins (nucléaires) militaires avec une attention particulière accordée aux dangers d'explosion de certains composants ou aux dangers de contamination, afin qu'une classe d'urgence appropriée puisse être déterminée;
prendre les actions immédiates nécessaires de protection du personnel et/ou de la population.
Des plans d'urgence internes sont élaborés pour chaque site ou installation par les autorités militaires (voir aussi § 7.1.2). Les éléments en vue de la protection de la population civile seront communiqués au ministre de l'Intérieur.
En fonction de l'évaluation du risque radiologique par l'AFCN et des informations transmises, le NCCN décidera, au besoin, d'activer le présent plan et de mobiliser les cellules de crise conformément aux dispositions du présent plan. Les autorités militaires enverront sans délai un expert au sein de la Cellule d'évaluation pour participer à l'analyse technique et un ou plusieurs représentants dûment mandatés pour siéger au Comité fédéral de coordination.

2.2.6 Autres situations d'urgence radiologique
Dès que le NCCN est informé par toute source fiable d'information d'une situation réelle ou potentielle d'urgence radiologique ou nucléaire sur ou menaçant le territoire belge, il en avertit l'AFCN. L'AFCN, sur la base des informations reçues ou via ses propres sources ou d'autres canaux, analyse la situation, la menace radiologique et les conséquences réelles ou potentielles et fait part de ses conclusions et recommandations au NCCN. Ce dernier décide ensuite des dispositions particulières à mettre en oeuvre pour faire face à la situation.

3 La période de transition

Lorsque l'événement est maîtrisé sous l'angle technique et que tout risque de détérioration et de rejet important ultérieur peut être raisonnablement écarté, la période aiguë peut se terminer et céder la place à la période de transition. La période de transition conduit progressivement vers une sortie de la situation d'urgence et un retour:
soit à la situation existant avant la crise;
soit à une nouvelle situation d'exposition créée, le cas échéant, par la contamination de l'environnement à la suite du rejet.
Cette période de transition doit permettre une évaluation aussi précise et complète que possible de la situation radiologique et des conséquences attendues et l'adaptation ultérieure des actions de protection et des zones dans lesquelles elles sont appliquées. Elle doit également permettre de définir concrètement la stratégie pour le suivi des conséquences sanitaires et socio-économiques, la remédiation des zones affectées et la communication. Durant cette période, la consultation des partenaires directement concernés dans la mise en place de la stratégie du retour vers une situation normalisée est organisée et leur implication augmente progressivement.
L'objectif est de permettre le plus rapidement possible à la population de retrouver un mode de vie normal. Cela implique:
la levée, totale ou partielle, ou l'adaptation des actions urgentes (levée de la mise à l'abri, retour éventuel de la population évacuée, levée des interdictions relatives à la production et distribution des denrées alimentaires,. ..);
si nécessaire, que certaines actions à caractère non urgent (recommandations relatives à l'élevage ou à l'exploitation des terres de culture,. ..) puissent être intégrées dans la vie quotidienne des populations concernées.

3.1 Organisation et gestion de la période de transition

La période de transition est gérée dans la continuité de la période aiguë, selon les mêmes principes décrits dans le chapitre 2, en utilisant l'organisation mise en place pour la gestion de la période aiguë. Néanmoins, certains aspects de la gestion peuvent être confiés à des comités ad hoc ou nécessiter la contribution d'autres acteurs.
La Cellule de gestion coordonne la période de transition entre la gestion de la situation d'urgence (pendant la période aiguë) et la période de rétablissement. Pour ce faire, la Cellule de gestion est assistée par le Comité fédéral de coordination. L'objectif poursuivi est de veiller à un relais entre la période aiguë de la situation d'urgence et la période de rétablissement et donc à une bonne transition des responsabilités. La période de transition permet d'assurer la continuité entre les actions initiées dans le cadre de la coordination stratégique de la situation d'urgence et celles qui devront se poursuivre ou être initiées dans le cadre de la période de rétablissement.
Durant cette période, différents aspects seront considérés et sont abordés dans les paragraphes ci-dessous.

3.2 Établissement d'une cartographie détaillée des dépôts et des contaminations

En accord avec les procédures des cellules d'évaluation et de mesure, les moyens de mesure aériens mis en stand-by dans les premières heures de la période aiguë sont déployés dès la fin des rejets atmosphériques afin de cartographier rapidement les dépôts. Les mesures aériennes sont validées par des mesures directes réalisées au sol par les équipes mobiles de la Cellule de mesure et des mesures d'échantillons en laboratoire.
Sur base des cartes de dépôts, une stratégie d'échantillonnage visant en priorité les denrées alimentaires (viande, lait, végétaux, eau potable,. ..) et les fourrages est définie pour préciser les niveaux de contamination dans les denrées alimentaires (voir § 6.3.4). Ces cartes de dépôts doivent également permettre d'évaluer les débits de dose associés permettant d'évaluer le risque d'exposition radiologique.

3.3 Évaluation du risque d'exposition radiologique

En accord avec les procédures de la Cellule d'évaluation et parallèlement à l'élaboration des cartes de dépôts et de contamination des denrées alimentaires, le risque radiologique à moyen et long terme pour la population concernée est régulièrement réévalué sur base d'hypothèses spécifiques d'emploi du temps et de consommation. Ces évaluations doivent permettre de:
reconsidérer les niveaux d'intervention et les critères opérationnels correspondants, de redéfinir les zones d'actions de protection (voir Lexique), lever ou adapter les actions de protections;
définir les règles d'accès et de séjour dans les différentes zones identifiées et les équipements de protection individuels requis, tant pour le public que pour les intervenants, et mettre en place un contrôle d'accès à ces zones.

3.4 Levée ou adaptation des actions de protection urgentes

3.4.1 Levée ou adaptation de la mise à l'abri
Compte tenu du fait que la situation technique est revenue sous contrôle et que tout risque de détérioration et de rejet important ultérieur peut être raisonnablement écarté, une levée totale (sans restriction) ou partielle (en conseillant, par exemple, la limitation des déplacements ou des séjours prolongés à l'extérieur) de la mise à l'abri de la population (voir § 6.3.3.1) peut être considérée. Le regroupement des familles (récupération des enfants mis à l'abri à la crèche ou dans les écoles, le retour à domicile des parents travaillant à l'extérieur) peut être envisagé.
Il est également possible que la mise à l'abri soit levée afin de permettre l'évacuation de la population des zones les plus contaminées. Il est recommandé que cette levée soit faite de façon graduelle (bloc par bloc en fonction des priorités) afin de permettre une évacuation ordonnée et rapide.

3.4.2 Levée ou adaptation de l'évacuation
En fonction de l'importance des rejets radioactifs et des niveaux de contamination dans l'environnement, la population évacuée (voir § 6.3.3.3) peut être autorisée ou non à regagner son domicile:
quand l'événement ne conduit à aucun rejet dans l'environnement, la population évacuée, pourra regagner son domicile sans aucune restriction;
en cas de rejets limités et d'une faible contamination résiduelle de l'environnement, la population pourra regagner son domicile, éventuellement moyennant le suivi d'un certain nombre de recommandations (comme, par exemple, éviter ou limiter la consommation de denrées alimentaires produites localement, limiter les déplacements ou le temps de séjour à l'extérieur, ne pas fréquenter certaines zones plus contaminées, veiller à se laver les mains plus fréquemment, changer de chaussures et de vêtements en venant de l'extérieur...);
en cas de rejets importants et d'une contamination significative de l'environnement, l'évacuation peut être transformée en un relogement temporaire, voire définitif (voir Lexique).

3.4.3 Levée ou adaptation des interdictions de consommation
Lorsque l'événement ne conduit à aucun rejet dans l'environnement, les interdictions de consommation (voir § 6.3.4.1) en vertu du principe de précaution, peuvent être levées sans aucune restriction.
De même, si les rejets ont été faibles et que la contamination résiduelle de l'environnement est telle que les niveaux de contamination dans les denrées alimentaires sont, après échantillonnage et analyse en laboratoire, inférieurs aux niveaux de référence (voir Lexique), les interdictions de consommation peuvent être totalement ou partiellement levées, éventuellement moyennant le suivi d'un certain nombre de recommandations (comme, par exemple, laver ou peler les légumes et les fruits, enlever les feuilles extérieures...).
Par contre, si les rejets ont été importants et ont conduit à une contamination résiduelle significative de l'environnement, l'interdiction de consommation peut être étendue à d'autres types de production, voire être transformée en une interdiction de production pour les mois ou les années à venir.
Après le rejet, la levée ou l'adaptation des interdictions de consommation ne peut avoir lieu qu'après avoir vérifié sur des échantillons représentatifs les niveaux de contamination et l'absence de risque sanitaire lié à la consommation de ces produits.

3.5 Mise en ?uvre de nouvelles actions de protection

Dès la fin progressive de la période aiguë et le début de la période de transition, en fonction des circonstances, la mise en oeuvre de nouvelles actions doit être envisagée pour limiter l'exposition future de la population, restaurer la confiance dans les productions agro-industrielles et/ou rassurer la population concernée. Au cours du temps, ces nouvelles actions devront, à leur tour, être levées ou adaptées et d'autres pourront être mises en place en fonction de l'évolution de la situation, des priorités tant radiologiques que socio-économiques et des moyens humains et matériels disponibles.
Pour plus d'informations concernant les actions de protection possibles, il est renvoyé au chapitre 6 “Actions de protection”. Certaines actions sont mises en oeuvre dès le début de la période de transition, d'autres le seront plus tard en fonction de l'évolution de la situation, des priorités et des moyens humains et matériels disponibles. Certaines de ces actions initiées durant la période de transition pourront, par ailleurs, se voir prolongées durant la période de rétablissement, après que la fin de la situation d'urgence aura été formellement déclarée.

3.6 Suivi dosimétrique et médical de la population et des intervenants

3.6.1 Suivi de la population
En collaboration avec les autorités locales, une base de données de la population ayant subi, ou susceptibles de subir dans le futur, une exposition radiologique à la suite de l'événement est établie et transmise à l'AFCN. Cette base de données est construite selon la structure définie au préalable par l'AFCN:
de façon à rassembler les données essentielles en vue d'une estimation de l'exposition radiologique de la population;
et dans le but de définir leur suivi médical éventuel, en concertation avec le SPF Santé publique.
L'exposition radiologique des personnes concernées est estimée en considérant, notamment:
le lieu où elles se trouvaient durant les rejets;
leur comportement durant et après la phase de rejet et
les éventuelles mesures dosimétriques dont elles ont fait l'objet (contrôle de contamination externe et/ou interne, dosimétrie biologique).
L'évaluation de l'exposition radiologique de la population est du ressort de la Cellule d'évaluation. L'exposition radiologique de la population est régulièrement réévaluée en fonction de l'évolution de la situation radiologique, de l'adaptation des actions de protection et du changement éventuel de comportement des intéressés.
Des informations appropriées concernant le niveau d'exposition, les risques, l'organisation du suivi et le comportement à adopter afin de limiter l'exposition sont régulièrement fournies à la population concernée.

3.6.2 Suivi des intervenants
Le personnel d'intervention impliqué dans l'organisation des secours en cas d'urgence radiologique et, par la suite, dans la mise en oeuvre des actions de protection de la population et des travaux de remédiation, doit être considéré comme professionnellement exposé dès le moment où il est engagé dans ces interventions. À ce titre, l'employeur doit établir un registre de cette catégorie de personnel afin d'assurer son suivi radiologique.
La responsabilité des mesures dosimétriques, de leur collecte et de leur transfert à l'AFCN, qui était du ressort du PC-Ops pour l'ensemble des intervenants durant la période aiguë (voir § 2.1.5.2), est progressivement transférée à leurs employeurs respectifs dans des délais raisonnables au cours de la période de transition.
Dès qu'il reprend cette responsabilité, l'employeur est également tenu de mettre en place pour ces intervenants une surveillance de la santé spécifique réalisée par un médecin du travail agréé pour les aspects radiologiques. Dans le cadre de cette surveillance spécifique de la santé, l'employeur est en outre tenu de mettre les résultats de surveillance dosimétrique des intervenants à disposition du médecin du travail agréé.
La surveillance spécifique de la santé de ces travailleurs est assurée jusqu'au moment où les doses qu'ils reçoivent du fait de leur activité professionnelle deviennent durablement inférieures à la limite annuelle de dose acceptable définie pour la population et que leur médecin du travail agréé juge qu'un tel suivi n'est plus nécessaire. À partir de ce moment, ces travailleurs réintègrent le régime de médecine du travail auquel ils étaient soumis avant la situation d'urgence.

3.7 Opérations de décontamination des zones contaminées

La décontamination vise surtout le rétablissement du logement, du travail et des activités de récréation dans les zones affectées par les dépôts (voir § 6.3.3.8). Dès que possible, une proposition concrète pour la mise en oeuvre de la stratégie de décontamination des zones contaminées adaptée à la situation doit être établie, définissant les sites et actions prioritaires, notamment en fonction de leur fréquentation par des groupes critiques (écoles, crèches, plaines de jeux...) et de leur contribution à la dose collective (voir Lexique) pour la population concernée. Des critères opérationnels de décontamination qui prennent en compte les principes de justification et d'optimisation doivent être définis.
La proposition doit également prendre en considération les moyens disponibles, en matériel et personnel, ainsi que la gestion des déchets radioactifs (voir Lexique) générés par ces activités. Cette proposition est formulée sur la base de l'avis de la Cellule d'évaluation et transmise à la Cellule de gestion via le Comité fédéral de coordination pour validation et mise en oeuvre.

3.8 Définition d'une stratégie de gestion des déchets radioactifs

L'ONDRAF (42) , en concertation avec la Cellule d'évaluation, établit une proposition concrète pour la mise en oeuvre de la stratégie de gestion des déchets radioactifs (voir § 7.1.2) y compris leur transport, résultants de l'élimination des denrées alimentaires non consommables et des opérations de décontamination effectuées dans les zones contaminées. Cette proposition est transmise à la Cellule de gestion via le Comité fédéral de coordination pour validation et mise en æuvre.
De plus amples informations sur la gestion des déchets et la stratégie y afférente peuvent être trouvées au sein du § 4.2.3.

(42)
Organisme national des déchets radioactifs et des matières fissiles enrichies

3.9 Établissement d'un programme de surveillance de l'environnement

Lorsqu'un suivi de la situation radiologique le nécessite, un programme de surveillance spécifique des territoires contaminés et de la chaîne alimentaire est mis en place. Il est régulièrement revu et adapté en fonction de l'évolution de la situation.

3.10 Établissement d'une stratégie de communication

Une politique de communication vers la population, les médias, les instances homologues des pays voisins et les organisations internationales est mise en place pour garantir une information objective et transparente. Cette politique de communication décrit l'évolution de la situation, les risques résiduels et les actions de protection (voir § 4.2.8).

3.11 Fin de la situation d'urgence

La fin de la période de transition et de la situation d'urgence est constatée par la Cellule de gestion et entraine la levée de la phase fédérale par le ministre de l'Intérieur. Elle postule qu'un bilan post-crise a été élaboré et que toutes les conditions reprises ci-dessous sont satisfaites:
les actions de protection de la population nécessaires ont été mises en oeuvre;
la situation est sous contrôle d'un point de vue technique et il n'y a plus de risque de rejet significatif de substances radioactives du fait de l'événement qui a provoqué la situation d'urgence;
les causes de l'événement sont suffisamment connues et comprises et, si nécessaire, des actions de mitigation ou compensatoires appropriées ont été apportées dans l'installation concernée ou dans chaque installation similaire pour en empêcher la répétition;
les conséquences de l'événement sont suffisamment caractérisées (registre de la population exposée, cartographie des dépôts, voies d'expositions, groupes à risque, niveaux de contamination dans les denrées alimentaires et l'eau potable...)
les évolutions attendues en considérant l'impact de la levée ou de l'ajustement des actions de protection et l'instauration de nouvelles actions sont suffisamment évaluées;
une stratégie de gestion et de suivi pour les aspects décrits dans les paragraphes ci-dessus est définie et les besoins humains et matériels nécessaires sont déterminés et mobilisés;
les implications financières en vue des dédommagements ont été évaluées et budgétisées;
une structure est constituée pour assurer la coordination et le suivi de la période de rétablissement et le transfert des informations et des responsabilités est organisé;
les niveaux de référence d'exposition pour la population en situation d'exposition existante et les intervenants en situation d'exposition planifiée peuvent être respectés;
une consultation des partenaires concernés a été réalisée afin de définir les actions prioritaires et les niveaux opérationnels d'intervention (voir Lexique) (cette consultation ne saurait toutefois retarder la sortie de la situation d'urgence);
une communication à la population a été établie dans le but d'expliquer les raisons de la fin de la situation d'urgence, de justifier l'ajustement des restrictions et des actions de protection, d'expliquer le risque sanitaire résiduel, la nécessité de changement d'habitudes et de comportement et de décrire les programmes de surveillance de l'environnement et de suivi des populations exposées.
La déclaration de la fin de la situation d'urgence est une étape essentielle dans la gestion de crise. Elle marque le début du retour vers une situation normalisée. C'est aussi le moment où les niveaux de référence (voir § 6.2.1.) applicables à une situation d'exposition existante et à une situation d'exposition planifiée remplacent ceux utilisés précédemment durant la situation d'urgence.

4 La periode de rétablissement

Dans certains cas, en raison de l'ampleur de la situation d'urgence, de ses conséquences, mais aussi de la dynamique et de la capacité de résilience au sein de la communauté, le retour (immédiat) à une situation normalisée, telle qu'elle existait avant la situation d'urgence, n'est pas possible. L'établissement d'une nouvelle normalité peut parfois prendre des semaines, voire des mois ou des années et doit s'envisager comme une fenêtre d'opportunité pour la reconstruction. Dans ce cas, l'organisation d'une période de rétablissement est nécessaire.
Si toutes les situations d'urgences ne nécessitent pas nécessairement d'organiser la période de rétablissement au niveau national, il relève cependant de la responsabilité du ministre de l'Intérieur, en tant qu'autorité en charge de la coordination stratégique de la phase fédérale, d'anticiper les besoins en la matière. Ces besoins doivent être évalués dès le début de la situation d'urgence et il convient, avant la levée de la phase fédérale, d'analyser si une période de rétablissement doit se poursuivre à l'issue de la situation d'urgence. Pour ce faire, un bilan post-crise visant à établir une image de la situation et des actions réalisées, ainsi que, le cas échéant, des besoins pour la continuité du rétablissement est élaboré au plus tard avant la levée de la phase fédérale. Pour l'élaboration de ce bilan, le ministre de l'Intérieur est assisté par les cellules de crise nationales, notamment par le Comité fédéral de coordination. Ce bilan post-crise s'appuie sur les avis consolidés du Comité fédéral de coordination, une concertation avec les gouverneurs concernés (par l'intermédiaire du NCCN) et sur une concertation des ministres compétents réunis au sein de la Cellule de gestion. S'il ressort du bilan post-crise que les conséquences de la situation d'urgence nécessitent qu'une période de rétablissement se poursuive après la levée de la phase fédérale, ce bilan est transmis à l'autorité ou à la structure chargée de la coordination pendant la période de rétablissement.
Durant la période de rétablissement, les niveaux de référence applicables à une situation d'exposition existante et à une situation d'exposition planifiée remplacent ceux utilisés précédemment durant la période aiguë. Par contre, pour ce qui concerne les actions de protection, la période de rétablissement s'inscrit dans la continuité de la période de transition.
Selon la nature de l'événement (contamination ou non de l'environnement et de la chaîne alimentaire), cette période doit être gérée comme une situation d'exposition planifiée pour les travailleurs en charge des travaux de remédiation. En cas de contamination résiduelle, cette période doit être gérée comme une situation d'exposition existante pour la population.

4.1 Situation d'exposition planifiée ou existante

4.1.1 Évènements sans contamination significative et rémanente de l'environnement
Tous les évènements nucléaires ou radiologiques ne conduisent pas nécessairement à une contamination significative et rémanente de l'environnement:
les évènements circonscrits à la période de menace, sans rejets radioactifs, n'entrainent aucune contamination de l'environnement;
les événements limités à des rejets de gaz rares ne donnent pas lieu, une fois le rejet terminé, à une contamination résiduelle de l'environnement;
les événements caractérisés par de faibles rejets d'éléments radioactifs autres que des gaz rares ou des événements survenant dans des installations étrangères lointaines (cas de Tchernobyl ou de Fukushima) conduisent, certes, à une contamination résiduelle de l'environnement mais suffisamment faible pour que l'exposition radiologique de la population belge ne soit pas significativement différente de celle qui prévalait avant l'événement;
les événements qui concernent la perte ou le vol de sources scellées dont l'intégrité est conservée et ne causent pas de contamination de l'environnement.
Dans toutes ces situations, l'absence de contamination significative et rémanente implique qu'au moment de la fin de la période aiguë, la population n'est pas soumise à une exposition radiologique différente de celle qui prévalait avant l'événement. Par contre, l'intervention sur le site impacté pourrait donner lieu à une exposition accrue (ou un risque d'exposition accrue) des travailleurs en charge des travaux de remédiation.
Le risque pour les travailleurs en charge des travaux de remédiation doit être traité comme une exposition planifiée, c'est-à-dire dans le respect des prescriptions légales en vigueur pour les travailleurs professionnellement exposés (voir RGPRI).
Pour ces situations, la période de rétablissement est généralement de courte durée, de quelques jours à quelques semaines.

4.1.2 Évènements avec contamination significative et rémanente de l'environnement
Après un évènement ayant conduit à une contamination significative et rémanente de l'environnement, la population continue à être exposée à un surcroît chronique de dose. Cette contamination radiologique résiduelle est gérée comme une situation radiologique existante.
Les doses reçues par les travailleurs en charge des travaux de remédiation impliqués dans les opérations de réhabilitation sont, quant à elles, gérées dans le cadre d'une exposition planifiée, c'est-à-dire dans le respect des prescriptions légales en vigueur pour les travailleurs professionnellement exposés [RGPRI].
Selon l'ampleur des territoires affectés et de la contamination de l'environnement, la période de rétablissement peut s'étendre sur plusieurs mois ou plusieurs années, voire plusieurs dizaines d'années après la situation d'urgence.

4.2 Gestion de la période de rétablissement

L'objectif premier de la gestion de la période de rétablissement est de permettre un retour aussi rapide que possible vers une situation normalisée et la restauration des activités économiques et du tissu social. Cet objectif ne pourra être atteint qu'en assurant la protection radiologique des populations et la réhabilitation progressive des zones affectées, l'aide aux populations affectées par les conséquences de l'événement et l'appui aux différents secteurs d'activité économique essentiels à la reprise d'une vie normale (approvisionnement, transport, éducation, loisirs...).
Les conséquences d'un événement nucléaire ou radiologique peuvent varier fortement d'un endroit à un autre, d'une part en raison de l'éloignement par rapport au point de rejet ou des conditions météorologiques particulières (notamment l'abondance des précipitations), et, d'autre part, en fonction des caractéristiques socio-économique des zones contaminées (densité de population, zones urbaines ou rurales, agriculture, industrie, sylviculture...). De ce fait, différentes stratégies de gestion des conséquences, adaptées aux spécificités des situations à gérer, doivent être mises en place, en ajustant les actions et moyens mis en oeuvre aux enjeux, aux priorités et à la gravité de la situation à traiter dans les différentes zones concernées. La mise en place d'un zonage des territoires contaminés est fondamentale pour structurer la gestion des actions de protection sur les territoires contaminés et organiser le suivi et l'information des populations concernées. Ce zonage et les actions et stratégies de protection s'inscrivent dans la continuité de ce qui a été mis en place durant la période de transition et est toujours d'application au moment de la fin de la période aiguë.
Toutes ces stratégies, actions et mesures administratives, notamment celles visant la protection radiologique de la population, doivent être justifiées. Cela signifie que les bénéfices attendus, notamment en termes de réduction du détriment radiologique, doivent être supérieurs aux risques et inconvénients inhérents à leur mise en oeuvre (exposition radiologique des travailleurs en charge des travaux de remédiation, coûts financiers, perturbations sociales...). Elles doivent également être optimisées de façon à offrir un maximum de bénéfices compte tenu des moyens humains, matériels et financiers disponibles, avec pourfinalité la recherche permanente de l'amélioration de la protection de la population.
Au cours du temps, l'efficacité de ces stratégies doit être régulièrement évaluée et les stratégies revues et adaptées pour tenir compte de la réduction progressive de la contamination et assurer un retour à une situation aussi proche que possible de la normale.
4.2.1 Protection radiologique
La protection radiologique de la population et des travailleurs en charge des travaux de remédiation vise à réduire les doses d'exposition radiologique à un niveau aussi bas que raisonnablement possible (principe ALARA: as low as reasonably achievable, voir Lexique). Les objectifs dosimétriques se basent sur les valeurs des niveaux de référence établis par la Commission internationale de protection radiologique (voir § 6.2.2). Ils sont définis au cas par cas et peuvent éventuellement différer dans les différentes zones, en fonction des situations spécifiques. Ils sont régulièrement revus au cours du temps.
La protection radiologique des populations et des travailleurs en charge des travaux de remédiation nécessite la mise en oeuvre d'actions et moyens de protection dans des zones plus ou moins étendues. Ces actions ont pour objectif de contrôler et de réduire les doses d'exposition résultant:
de l'irradiation et/ou la contamination externe due(s) aux particules radioactives déposées sur les surfaces et
de la contamination interne par inhalation, par absorption à travers la peau et par la contamination d'une plaie ouverte, mais surtout par ingestion de denrées alimentaires et d'eau potable contaminées.
Dans la pratique, des recommandations seront fournies à la population pour:
éviter ou limiter le temps de séjour dans les zones fortement contaminées (par exemple, ne pas se promener en forêt);
ne pas consommer ou réduire la consommation de certains produits locaux (baies sauvages, champignons, gibier...) (voir § 6.4.3.1);
ne pas produire de denrées alimentaires (légumes, céréales, lait...) qui ne seraient pas consommables (voir § 6.3.4.3);
réduire la contamination des aliments lors de leur préparation (laver, éplucher...);
porter un masque anti-poussière pour les activités conduisant à la re-suspension de poussières dans l'air (labourer, biner, pelleter...);
éviter le déplacement de poussières contaminées de l'extérieur vers l'intérieur de l'habitation (installation d'un pédiluve);
etc.
Un contrôle ciblé de la contamination de l'environnement, des denrées alimentaires et de l'eau potable (voir § 6.3.4.1) est maintenu aussi longtemps que nécessaire. Il est régulièrement adapté à l'évolution de la situation. Il est complété par un contrôle de la contamination interne d'un échantillon représentatif de la population afin de vérifier l'efficacité des actions de protection.

4.2.2 Réhabilitation des zones contaminées
La réhabilitation des zones contaminées (voir § 6.3.3.8) a pour objectif de rendre aux populations un environnement vivable et permettant de restaurer des activités industrielles, agricoles, sylvicoles et récréatives. La stratégie de réhabilitation poursuivie durant la période de rétablissement prolonge celle mise en place durant la période de transition. Elle fait l'objet de réévaluations périodiques dans le but de vérifier l'efficacité des actions et d'adapter la stratégie, les priorités et les critères opérationnels de décontamination. Ces adaptations prennent en compte les principes de justification et d'optimisation et les moyens disponibles matériels et humains.
La réhabilitation passe en première instance par une décontamination des surfaces contaminées par les dépôts radioactifs (toitures, routes, cours d'école, jardins potagers...). Elle peut être complétée par des adaptations des pratiques de production industrielle et agricole.
Les techniques de décontamination sont choisies en fonction de la nature de la surface à traiter, de leur efficacité attendue, de la dose que subissent les travailleurs en charge des travaux de remédiation et de la nature et la quantité de déchets radioactifs qui sont produits.

4.2.3 Gestion des déchets© Tous droits réservés. Directives sur la planification du rétablissement à la suite d'une urgence nucléaire ou radiologique. Santé Canada, 2020. Modifié, adapté et reproduit avec l'autorisation du Ministère de la santé, 2023.
Les actions de réduction de la contamination et de gestion des productions contaminées peuvent générer des quantités très importantes de déchets d'origines et de natures diverses. Certains de ces déchets pourraient contenir des niveaux élevés de radioactivité, particulièrement s'ils ont été générés près du point d'origine de l'événement. En revanche, il est possible qu'une grande quantité de déchets ne soit que légèrement contaminée.
Des critères doivent être établis afin que les déchets puissent être triés en fonction de la quantité de matières radioactives qu'ils contiennent et de leurs types (p.ex. déchets solides, liquides ou biologiques) selon une évaluation appropriée du danger. L'évaluation des risques devrait également tenir compte des propriétés non radiologiques des déchets (p.ex. chimiques, biologiques). Les critères de tri doivent permettre d'identifier à court terme des solutions temporaires pour la collecte, le transport, le traitement initial, et l'entreposage provisoire près de la/les zone(s) contaminée(s).
Les solutions d'entreposage et de traitement temporaires, ainsi que de transport mises en place durant la période de transition pour la gestion de ces volumes importants de déchets, doivent progressivement faire place à des solutions de gestion à long terme. Ces solutions de gestion des déchets pourraient nécessiter des modifications législatives.
Les déchets pourraient être traités de manière à réduire leur quantité ou à les convertir sous une forme plus propice à l'élimination. Parmi les processus pouvant servir à la réduction des déchets, on retrouve notamment les processus suivants: tri, incinération, filtrage, distillation ou solidification des liquides et traitement chimique des liquides.
Si les volumes des déchets sont relativement limités, les installations existantes de gestion des déchets radioactifs pourraient être en mesure de les traiter. Toutefois, si les volumes sont considérables (ce qui serait probable dans le cas d'un rejet plus important), la capacité de ces installations pourrait être insuffisante. Des installations d'entreposage temporaire seront alors nécessaires pour avoir le temps d'établir des solutions plus pérennes.
De nouvelles installations pourraient être construites sur le site du rejet, ailleurs au sein de la zone contaminée ou même dans un endroit éloigné de la zone touchée. Dans le cas où les déchets devraient être transportés ailleurs, il sera nécessaire de prendre en compte des règles relatives au transport de matières radioactives ou d'y prévoir des exceptions. Tous les sites de gestion des déchets devront faire l'objet de contrôles appropriés afin de protéger la santé du public et l'environnement contre le rayonnement.
La finalité de la stratégie de gestion des déchets est de parvenir à une situation stable, fondée sur les principes d'isolation et de confinement, afin d'éviter que ces déchets continuent d'être dispersés dans l'environnement et aient des conséquences sur la population.
L'isolation consiste à placer les déchets dans un endroit éloigné des zones d'habitat et des collectivités (voir Lexique); elle est généralement appropriée pour les déchets contaminés par des radionucléides (voir Lexique) de longue période qui ne peuvent pas être enlevés.
Le confinement se rapporte aux activités ou aux structures qui sont conçues pour empêcher le rejet des déchets radioactifs dans l'environnement. Il protège également l'environnement physique des déchets.
Dans l'éventualité où il serait décidé de gérer les déchets localement ou sur place, la décision devra être solidement justifiée, un plan de gestion et de surveillance à long terme devra être mis en place et il faudra s'engager à maintenir les systèmes de confinement mis en place. Toute discussion au sujet de la gestion et de l'élimination des déchets devra tenir compte de mesures de contrôle et de sécurité à long terme pour assurer la sécurité de la population et de l'environnement dans le futur.

4.2.4 Aides à la population touchée
La population touchée par les conséquences de l'événement, dont une partie est susceptible d'avoir été déplacée temporairement ou durablement, doit pouvoir bénéficier d'aides au relogement et à la subsistance et/ou des compensations financières en proportion du préjudice subi. Elle doit continuer à être régulièrement informée de l'évolution de la situation et des perspectives. Elle doit également pouvoir bénéficier d'une prise en charge médicale et psychologique et d'un suivi dosimétrique et épidémiologique.

4.2.5 Facteurs psychosociaux© Tous droits réservés. Directives sur la planification du rétablissement à la suite d'une urgence nucléaire ou radiologique. Santé Canada, 2020. Modifié, adapté et reproduit avec l'autorisation du Ministère de la santé, 2023.
Les situations d'urgence nucléaires ou radiologiques peuvent avoir une incidence sur le bien-être psychologique (c'est-à-dire mental ou émotionnel) et social d'une personne, chacun ayant un effet sur l'autre. Ces effets interdépendants sont appelés effets psychosociaux et peuvent être observés aux niveaux individuels, communautaire et sociétal. Les effets psychosociaux peuvent inclure la peur, l'anxiété, un sentiment de perte de contrôle, la dépression et un sentiment de désespoir et de détresse. Ces effets résultent de conditions sociales (p. ex. séparation de familles, chômage et perturbation des réseaux de soutien sociaux) et peuvent nuire à la santé mentale tout en ayant des conséquences comportementales, émotionnelles et physiologiques. Les effets psychosociaux peuvent être, parmi les effets non radiologiques résultant d'un événement les plus importants et les plus coûteux.
La planification du rétablissement devrait tenir compte non seulement des effets psychosociaux de la situation d'urgence en elle-même, mais aussi des répercussions des actions de protection de la période de rétablissement. Les actions pour atténuer les effets psychosociaux pendant les périodes aiguë et de rétablissement devraient être élaborées au cours de la période de préparation. Établir à l'avance des mesures pour atténuer les effets psychosociaux contribuerait à la résilience des collectivités et à leur capacité de s'adapter aux perturbations résultant d'une situation d'urgence, aux actions de protection connexes et à la “nouvelle normalité” qui en résulterait. Ces mesures reposent sur une diffusion d'informations claires sur l'événement et les actions de protection prises, sur la mise en place de centres de soutien pour la population touchée, et sur des sessions de consultation de la population dirigées par les autorités locales et abordant les défis auxquels la population fait face en vue de la réhabilitation à long terme des conditions de vie. Les consultations avec les professionnels locaux et les membres du public mettent l'accent sur la dimension humaine de la situation et, par conséquent, sur l'importance particulière de préserver la dignité de la population. Les décisions ayant trait à des questions comme la prise et la levée d'actions de protection ou la modification du statut de celles-ci devraient être prises en fonction de la population touchée et surtout des conséquences de ces décisions sur celle-ci.

4.2.6 Appui aux secteurs économiques
Les secteurs économiques impactés par les conséquences de l'événement doivent pouvoir bénéficier d'aides à la reconversion et/ou de compensations financières en proportion du préjudice subi. Ils doivent continuer à être régulièrement informés de l'évolution de la situation et des perspectives.

4.2.7 Implication des partenaires concernés
Durant la période de rétablissement, les stratégies de gestion et de coordination sont davantage décentralisées. Les cellules de crise qui étaient actives au cours de la période aiguë et de transition sont progressivement ou partiellement déchargées de leurs fonctions. L'interaction avec les partenaires concernés, réinstaurée durant la période de transition, doit être poursuivie et étendue avec la structure de coordination en charge du rétablissement.
La gestion des conséquences d'une situation post-accidentelle implique de nombreux acteurs, aux niveaux national et local, couvrant des domaines de compétences ou de préoccupations variés. La définition des objectifs et des stratégies doit laisser une part importante à la concertation entre les représentants des autorités fédérales, fédérées et locales, les disciplines et les partenaires concernés, notamment les acteurs économiques et sociaux et les populations directement concernées.
La transparence de l'information est une des conditions essentielles de cette concertation. Il est donc indispensable que les différents acteurs soient impliqués dès la période de préparation dans les réflexions sur les stratégies de gestion des conséquences d'un événement.

4.2.8 Communication au public et aux partenaires concernés© Tous droits réservés. Directives sur la planification du rétablissement à la suite d'une urgence nucléaire ou radiologique. Santé Canada, 2020. Modifié, adapté et reproduit avec l'autorisation du Ministère de la santé, 2023.
Les décisions prises pendant la période de rétablissement pourront encore avoir pendant une longue période, une incidence directe sur la vie quotidienne des populations touchées. Tout au long de la période de rétablissement, il est donc nécessaire de maintenir des niveaux de communication accrus, généralement établis pendant l'événement et au début de la situation d'urgence, afin de gérer les incertitudes, le changement de priorités qui s'opère après la situation d'urgence et le concept de nouvelle normalité. Cette communication constante offrira également une opportunité continue d'atténuer de façon proactive les effets psychosociaux à long terme au sein de la communauté. Comme pour toute autre communication de risque, il est essentiel de communiquer avec le public au moyen d'une terminologie facile à comprendre pour tout le monde. Des messages cohérents et coordonnés doivent provenir de sources crédibles et être transmis de manière claire et simple. Ils doivent être appuyés par des faits et présentés avec un contexte approprié afin de créer un climat de transparence et de confiance.
Divers outils et médias doivent être utilisés pour communiquer fréquemment avec le public et les partenaires. Les communications doivent indiquer clairement quelles organisations et groupes d'organisations sont chargés des activités de rétablissement et décrire leur champ de compétences ainsi que leurs responsabilités. Les citoyens peuvent ainsi prendre une part active aux activités qui ont une incidence sur leur vie, et savoir quelles instructions et quelles procédures sont pertinentes à leur situation. La plupart des personnes seront préoccupées par les conséquences possibles sur la santé, particulièrement pour les mineurs, et l'incidence de l'événement sur l'environnement.
La mise en place de centres publics d'accueil et d'information constitue une méthode de communication efficace avec les populations touchées et permet de recueillir des données, d'offrir un soutien et de diffuser de l'information, par exemple, sur l'évaluation des doses et les voies d'exposition. Des programmes d'éducation sur les effets du rayonnement sur la santé et le concept du risque, présentés en collaboration avec des établissements de l'enseignement, pourraient aider le public à mieux connaître et comprendre les actions prises pendant les périodes de transition et de rétablissement. De tels centres donneraient au public une opportunité de partager leur expérience et d'obtenir des réponses directes à leurs questions.
Le suivi des réseaux sociaux et d'autres modes de communication permet de rester au courant de la désinformation ou des rumeurs et des questions qui intéressent particulièrement la population et d'y répondre rapidement. Les autorités compétentes doivent diffuser en continu des messages cohérents pour éviter les contradictions ou la confusion du public. À cette fin, une stratégie de communication avec des questions fréquemment posées (frequently asked questions) doit être établie pendant la période de préparation.

5 Zonage des sites nucleaires de classe 1 en exploitation

5.1 Introduction

Il importe de faire une distinction nette entre les zones de préparation (zones dans lesquelles des mesures préparatoires spécifiques sont élaborés préalablement à la survenue de la situation d'urgence) et les zones d'actions de protection (voir § 5.3) dans lesquelles les actions de protection sont effectivement mises en oeuvre au cours d'une situation d'urgence. L'étendue respective de ces zones peut être identique ou différente (plus réduite ou élargie) en fonction des circonstances et conditions réelles au moment de la situation d'urgence.
Le niveau de préparation des diverses actions de protection envisagées (voir chapitre 6) est ajusté à la fois en fonction de la teneur et de la complexité des actions de protection et en fonction de l'éloignement du lieu d'origine de l'événement. En effet, au plus loin on se trouve par rapport à la source d'exposition, au plus faibles seront les conséquences.
Les principes tels que décrits dans ce chapitre devront être traduits dans les plans particuliers d'urgence et d'intervention en tenant compte des facteurs locaux (voir § 7.1.2).

5.2 Zones de préparation

5.2.1 Zones de planification d'urgence
Les zones de planification d'urgence sont des zones dans lesquelles certaines actions de protection directes (50) sont préparées préalablement de manière détaillée en vue de permettre leur implémentation efficace et rapide. Ces zones sont situées à proximité immédiate des installations nucléaires de classe I en Belgique visés par le présent plan ainsi que les centrales nucléaires de puissance étrangères situées à proximité immédiate de la Belgique. Ce sont par convention des zones circulaires dont la taille est déterminée par site et en fonction des actions de protection directe de la population concernée.
Les zones de planification d'urgence sont réparties en blocs opérationnels selon les principes exposés au § 5.2.3. et sont intégrées dans les plans et procédures opérationnels aux différents niveaux concernés (voir § 7.1.2).
Figure 6: Les zones de planification d urgence

(50)
À savoir: Mise à l'abri, blocage de la glande thyroïde par l'ingestion de comprimés d'iode stable et évacuation.

5.2.2 Zone d'extension
Les zones de planification d'urgence (voir § 5.2.1) couvrent la plus grande majorité des situations d'urgence pouvant y survenir. Toutefois il importe de permettre, au besoin, la mise en oeuvre d'actions de protection directe de la population au-delà de ces zones de planification d'urgence, sans devoir les préparer en détail. Ceci se fait au moyen des zones d'extension (voir Lexique) et au travers d'une stratégie d'approche graduée veillant à maintenir l'équilibre entre d'une part la dimension de la zone ainsi étendue, et d'autre part l'efficacité des actions mises en oeuvre. Il est en effet primordial de maintenir cette efficacité afin de garantir au mieux la protection de la population (principe de justification de la radioprotection, voir § 6.1).
Ce principe d'extension des zones s'inscrit pleinement dans les recommandations émises par les organisations internationales HERCA et WENRA pour les centrales nucléaires. Si nécessaire, des actions d'évacuation jusqu'à 20 km et de mise à l'abri et de blocage de la glande thyroïde par l'ingestion de comprimés d'iode stable jusqu'à 100 km peuvent être recommandées. Cette stratégie utilise également dans la mesure du possible les principes exposés au § 5.2.3 et s'intégre dans les plans et procédures opérationnels aux différents niveaux concernés (voir § 7.1.2).
Les moyens qui doivent être préparés et utilisés dans une zone d'extension concernent:
les procédures d'alerte du NCCN pour les autres gouverneurs et l'autorité compétente de l'agglomération bruxelloise qui ne sont pas (directement) concernés par la situation d'urgence, en vue de la mise en stand-by ou de la mobilisation de leurs cellules de crise. Et ce pour chaque notification d'un évènement entraînant l'activation du présent plan;
les plans généraux et particuliers d'urgence et d'intervention des gouverneurs concernés (et le cas échéant des bourgmestres) en vue de l'exécution des actions sur leur territoire;
les dispositions spécifiques sur l'ensemble du territoire en ce qui concerne la distribution de comprimés d'iode stable en-dehors de la zone de pré-distribution de 20 km: mise à disposition préalable (en premier lieu) pour les mineurs et femmes enceintes ou allaitantes (et aux collectivités liées à ces groupes), avec dispositions relatives aux stocks de comprimés d'iode dans toutes les pharmacies en Belgique;
l'application de la mise à l'abri en tant qu'action de protection ou dans le cadre de l'échelonnement d'une évacuation.

5.2.3 Opérationnalisation des zones de préparation
Afin de faciliter l'exécution rapide et efficace des actions directes de protection sur le terrain, les zones de planification d'urgence sont découpées en entités réduites, dénommées “blocs”. Cette découpe opérationnelle s'appuie sur les principes généraux suivants:
utilisation systématique d'une zone centrale (bloc “S”) dont la dimension est établie sur base de la combinaison d'une zone de 500m de rayon autour de chaque point de rejet (cheminée) du site concerné et l'application du concept de “trou de serrure” (52) ;
utilisation de secteurs de base de 30° d'amplitude identifiés de manière uniforme (dans le sens des aiguilles d'une montre à partir du Nord);
utilisation de distances intermédiaires (couronnes) entre la zone centrale (bloc “S”) et la limite externe de la zone de planification d'urgence. Les couronnes sont désignées par des lettres de l'intérieur à l'extérieur: X, Y, Z, A, B, C, selon la taille de la zone de planification d'urgence;
La zone centrale et la première couronne après la zone centrale (“X”) correspondent à la zone définie comme “zone réflexe” pour chaque site/établissement concerné;
chaque “bloc” est identifié de manière univoque sur base de sa couronne (X, Y, Z, A, B, C) et d'un numéro séquentiel (1, 2, 3,. ..) en partant du Nord et dans le sens des aiguilles d'une montre (p.e. “Y5” ou “A10”);
la délimitation des “blocs” est déterminée pour se rapprocher au mieux des bords du secteur de base et de la couronne concerné en s'appuyant au maximum sur des éléments facilement identifiables tant par la population que par les autorités administratives ou les services de secours. Parmi ces éléments facilement identifiables, on peut citer: les axes routiers importants, les délimitations naturelles (cours d'eau, lacs, crêtes...), les ouvrages d'art et d'infrastructures (lignes de chemin de fer, ponts, château d'eau...), les limites de communes, les lieux dits.... Dans ce cadre, une priorité sera donnée au respect des frontières communales, pour faciliter la compréhension des zones concernées au niveau des gouverneurs et bourgmestres, des services d'intervention et de la population;
au-delà de la limite externe de la zone de planification d'urgence, les blocs sont fixés sur base des entités communales dans leur entièreté (limites administratives) ou sur des parties de communes si les communes mêmes sont trop grandes (suite à des fusions).
Figure 8: principe d'opérationnalisation de la zone de planification d'urgence
Les actions de protection directes ou indirectes peuvent alors être appliquées de manière graduée et si les circonstances devaient le nécessiter, au-delà des zones de planification d'urgence. Cette stratégie d'approche est appliquée aux situations d'urgence survenant dans toutes les installations nucléaires de classe 1 pour lesquelles le présent plan s'applique.
La découpe opérationnelle des zones de planification d'urgence est reprise dans les plans et procédures opérationnels aux différents niveaux concernés (voir § 7.1.2).

(52)
Le trou de serrure est une zone circulaire autour du site nucléaire concerné augmentée d'un secteur sous le vent.

5.3 Zones d'actions de protection

5.3.1 Principes généraux
Les zones où les actions de protection (directes et indirectes) sont effectivement mises en oeuvre au cours d'une situation d'urgence sont appelées les “zones d'actions de protection”. Elles sont délimitées, dans la mesure du possible, en fonction de l'évaluation des conséquences attendues ou réelles de la situation d'urgence concrète selon les aspects mentionnés dans le chapitre 2 (voir § 2.1).
Il est primordial que la zone d'actions de protection soit déterminée et fixée sur base de la découpe opérationnelle en blocs de la zone de planification d'urgence correspondante (voir § 5.2.3) en vue de permettre une implémentation efficace et rapide. Cela vaut en particulier en cas de mise en oeuvre des actions de protection de mise à l'abri, de blocage de la glande thyroïde par ingestion de comprimés d'iode stable et/ou d'évacuation (voir § 6.3.3).
En ce qui concerne les actions de protection indirectes (voir § 6.3.4), les zones d'actions de protection correspondantes sont déterminées et fixées selon des modalités définies en concertation étroite avec l'AFSCA et les secteurs et départements directement concernés. Ces modalités sont reprises dans les plans et procédures opérationnels aux différents niveaux concernés (voir § 7.1.2).
Il est important de noter qu'aucun lien ne peut et ne doit être fait entre les zones d'intervention à orientation opérationnelle telles que fixées dans la réglementation relative à la planification d'urgence locale (AR 22/05/2019) et les zones d'actions de protection délimitées dans le cadre de l'application du présent plan.

5.3.2 Cas spécifiques
Lorsque le plan d'urgence nucléaire est, par précaution, activé pour les installations de classe I en exploitation (voir § 1.3) en classe d'urgence Facility Emergency, la mise à l'abri immédiate est mise en oeuvre automatiquement par l'exploitant pour son personnel et les visiteurs du site concerné.
Quand le plan d'urgence nucléaire est activé pour les installations de classe I en exploitation (voir § 1.3) en classe d'urgence Site Area Emergency ou General Emergency (voir § 2.1.3.3), une action de protection immédiate (avertissement, mise à l'abri et mise à l'écoute) est mise en oeuvre automatiquement, sans délai et à titre de précaution, dans le bloc S.
En cas d'activation du présent plan en classe d'urgence General Emergency Reflex Mode (voir §-), l'action de protection (avertissement, mise à l'abri et mise à l'écoute) s'étend à la zone réflexe (voir § 5.2.3), et on parle d'une action réflexe.
Ces actions doivent être prises par le Gouverneur de la province où se situe le site concerné avant ou en même temps que la mobilisation des cellules de crise. Les autorités fédérales (notamment la Cellule d'évaluation) doivent dès lors tenir compte de ces actions de protection dans leurs premiers avis.
SITE
ZONES RÉFLEXE
ZONES DE PLANIFICATION D'URGENCE
ZONES D'EXTENSION
Actions réflexes (56)
Évacuation
Mise à l'abri
Pré-distribution d'iode stable (57)
Évacuation
Mise à l'abri
Pré-distribution d'iode stable67
Centrales nucléaires: Doel, Tihange, Chooz (FR), Borssele (NL)
3,5 km
10 km
20 km
20 km
20 km
100 km
 
Blocs S, X
Blocs S, X, Y, Z
Blocs S, X, Y, Z, A, B, C
Blocs S, X, Y, Z, A, B, C
Blocs S, X, Y, Z, A, B, C
 
Gravelines, Cattenom (FR)
(-)
(-)
(-)
(-)
(-)
100 km
 
Mol-Dessel: SCK CEN, BP
3,8 km
4 km
20 km
20 km
(-) (58)
(-)68
Blocs S, X
Blocs S, X
Blocs S, X, Y, Z, A, B
Blocs S, X, Y, Z, A, B
Fleurus: IRE
1,15 km
(-)68
10 km
10 km
(-)68
(-)68
Blocs S, X
Blocs S, X, Y, Z
Blocs S, X, Y, Z
JRC Geel
Bloc S
(-)68
Bloc S
(-)68
(-)68
(-)68
Tableau 2: Zones de planification d'urgence et zones d'extension

(56)
Bloc “S” + couronne des “X” (voir §5.2.3): Dans cette zone, prise immédiate d'actions de protection pour la population, limitées à l'avertissement, la mise à l'abri et la mise à l'écoute dans l'attente de la mise en place des cellules et comités au niveau fédéral et au niveau des gouverneurs/bourgmestres concernés, sur base de critères opérationnels préétablis intégrés dans les plans internes d'urgence des installations concernées.
(57)
Dans cette zone de planification d'urgence, des boîtes de comprimés d'iode stable sont préalablement distribuées aux familles et aux collectivités (écoles, hôpitaux, usines, crèches, services de secours...). Des réserves de boîtes de comprimés sont en outre disponibles dans toutes les pharmacies. Au-delà des zones de planification d'urgence et pour tout le territoire belge (zone d'extension, voir §5.2.2), des boîtes de comprimés d'iode sont mises, au préalable, à disposition en premier lieu pour les mineurs et femmes enceintes ou allaitantes (les groupes cibles prioritaires) et pour les collectivités de ces groupes cibles. En plus, toutes les pharmacies disposent de réserves d'iode stable; des réserves de boîtes de comprimés d'iode stable sont en outre disponibles dans différentes localisations.
(58)
Pour le(s) sites concernés, cette action de protection ne doit pas être préparée à l'avance.

6 Actions de protection

La mise en œuvre d'actions de protection a pour but de réduire les risques d'exposition aux radiations ionisantes. Certaines de ces actions de protection sont de nature générale et s'adressent à l'ensemble de la population tandis que d'autres s'adressent à des groupes spécifiques de la population, entre autres aux mineurs et femmes enceintes ou allaitantes (60) , aux médecins généralistes et pharmaciens, aux agriculteurs, maraîchers et éleveurs ou aux intervenants... La mise en œuvre de certaines actions de protection est limitée à une période spécifique de la situation d'urgence alors que d'autres peuvent être initiées durant une période spécifique et être maintenues durant la ou les périodes suivantes.
La décision de mettre en œuvre une action de protection se base sur les principes de justification et d'optimisation. Pour les actions de protection qui doivent être prises durant la période aiguë, ces principes ont été considérés préalablement pour l'établissement des niveaux de référence et ne doivent pas être remis en question durant cette période.
Sur base de l'évaluation du risque d'exposition radiologique, la Cellule d'évaluation recommande au Comité fédéral de coordination d'effectuer certaines actions. Le Comité fédéral de coordination évalue la pertinence des actions de protection à la lumière d'autres facteurs (temps et moyens nécessaires à l'implémentation, temps et moyens disponibles, faisabilité socio-économique...) et peut suivre, refuser ou adapter ces recommandations initiales avant de les soumettre à la Cellule de gestion pour décisions. Le risque radiologique ainsi que la protection de la population et des intervenants demeurent toutefois les critères prépondérants dans l'évaluation et la décision des actions de protection. Ces décisions doivent être prises en tenant compte des principes de justification et d'optimisation tels que décrits au § 6.1.
Les actions de protection décrites dans ce chapitre sont par conséquent des lignes directrices proposées pour les actions qui peuvent être prises en cas de situation d'urgence. La décision d'effectuer ces actions, ainsi que leur force exécutoire, sont déterminées par la Cellule de gestion. Certaines des actions requièrent une information ou une consultation des partenaires directement concernés (intervenants concernés ou population concernée), vu leur caractère et leur impact.

(60)
Indépendamment de l'âge de la femme (c'est-à-dire également plus de 40 ans)

6.1 Principes généraux de radioprotection

Le système de radioprotection mis en place pour les situations d'urgence est fondé sur les principes de justification et d'optimisation:
Justification: les décisions concernant la mise en œuvre d'actions de protection doivent être justifiées. Cela signifie que la mise en œuvre d'une action de protection doit procurer des avantages (éliminer ou limiter une voie d'exposition), pour les individus ou pour la société, qui l'emportent sur le détriment sanitaire et socio-économique qu'elle pourrait causer. Ce principe doit être appliqué, tant en période aiguë, qu'en période de transition et en période de rétablissement;
Optimisation: pendant la situation d'urgence ou pendant la période de rétablissement, la protection radiologique de la population et des intervenants doit être optimisée dans le but de maintenir le niveau des doses individuelles, la probabilité de l'exposition et le nombre de personnes exposées au niveau le plus faible qu'il est raisonnablement possible d'atteindre, compte tenu de l'état actuel des connaissances techniques et des facteurs économiques et sociétaux. L'optimisation de la protection concerne toutes les expositions et particulièrement les expositions supérieures aux niveaux de référence.
Lors d'une situation d'urgence, du fait de son caractère soudain, souvent inattendu voire, dans certain cas, inimaginable avant qu'elle ne survienne, la dose reçue suite à une situation d'exposition est un des éléments qui n'est pas maîtrisable a priori. Dans de telles conditions, la limite de dose pour la
population ou celles fixées pour les personnes professionnellement exposées sont remplacées par des niveaux de référence. Ces niveaux de référence sont des niveaux de dose efficace ou de dose équivalente (voir Lexique) ou de concentration d'activité qu'il est jugé inapproprié de dépasser. Il ne s'agit en aucun cas de limites ne pouvant jamais être excédées.
Les valeurs retenues pour les niveaux de référence dépendent du type de situation d'exposition. Les niveaux de référence sont déterminés en tenant compte aussi bien des exigences en matière de radioprotection que de critères sociétaux.

6.2 Protection du personnel d'intervention (= intervenants)

Le personnel d'intervention impliqué dans l'organisation des secours en situation d'urgence et dans la mise en oeuvre des actions de protection de la population, doit être considéré comme professionnellement exposé. À ce titre, la surveillance dosimétrique des intervenants doit être organisée et les résultats de cette surveillance dosimétrique doivent être transférés au registre d'exposition national mis en place par l'AFCN et selon les modalités définies par l'AFCN.
Les interventions en situation d'urgence s'inscrivent dans les dispositions générales de la planification d'urgence et de la gestion de crise en Belgique. Elles en utilisent les principes et dispositions générales, sous réserve des dispositions particulières précisées ci-dessous.
6.2.1 Niveaux de référence pour la protection radiologique des intervenants
Durant la période aiguë (voir tableau 3 p. 70) et la période de transition (voir tableau 4 p. 71), les niveaux de référence pour l'exposition des intervenants professionnellement exposés sont fixés dans l'intervalle de 20 à 100 mSv (en dose efficace aiguë ou annuelle, voir Lexique) conformément aux normes de base et aux recommandations internationales.
Durant la période de rétablissement (voir tableau 5 p. 72), après la sortie de la période de transition, les travailleurs participant à la décontamination et à la réhabilitation des zones affectées ne sont, par définition, plus soumis à des situations d'exposition d'urgence. Ils doivent, dès lors, être considérés comme des travailleurs professionnellement exposés soumis à toutes les obligations légales propres à cette catégorie de personnel. De ce fait, les limites de dose applicables aux travailleurs en charge des travaux de réhabilitation sont, sauf dérogation expresse approuvée par l'AFCN, celles en vigueur pour les personnes professionnellement exposées (voir RGPRI).

6.2.2 Niveaux de référence et dispositions complémentaires pour les intervenants

6.2.2.1 Durant la période aiguë

Niveaux de référence
Les expositions du personnel d'intervention en situation d'urgence radiologique doivent, dans la mesure du possible, rester inférieures aux valeurs des limites de dose fixées pour les travailleurs professionnellement exposés, notamment la limite de dose efficace de 20 mSv.
Afin d'éviter que des personnes jeunes, y compris des embryons et foetus, plus sensibles aux rayonnements ionisants, ne soient potentiellement exposées à des doses élevées, les femmes enceintes ou allaitantes et les mineurs ne devraient, en aucun cas, être soumises à des situations d'exposition d'urgence. En outre, les femmes doivent être mises en garde contre le danger d'une situation d'exposition aux rayonnements ionisants en cas de grossesse méconnue.
Pour les interventions et les intervenants pour lesquels il n'est pas possible de garantir que ce niveau de référence soit respecté (c'est-à-dire lors de situations d'exposition d'urgence en situation d'urgence à caractère radiologique et/ou nucléaire), un niveau de référence supérieur est fixé à 100 mSv en dose efficace aiguë ou annuelle (c'est-à-dire 12 mois consécutifs glissants). Tout est, cependant, mis en oeuvre pour éviter d'excéder une dose efficace de 50 mSv, par exemple en organisant la rotation des intervenants.
Ce niveau de référence en dose efficace de 100 mSv ne peut être dépassé que par des intervenants conscients du risque, dans des situations exceptionnelles et pour sauver des vies, empêcher de graves effets sanitaires radio-induits ou empêcher l'apparition de situations catastrophiques. Il faut toutefois veiller à ne pas dépasser une dose efficace de 500 mSv.
DOSE (efficace)
≤1 mSv
≤20 mSv
≤50 mSv
≤100 mSv
≤500 mSv
Situation d'urgence
NON
OUI
OUI
OUI
OUI
Situation d'exposition d'urgence
NON
NON
OUI
OUI
OUI
Mineurs
OUI
INTERDIT
INTERDIT
INTERDIT
INTERDIT
Femme enceinte ou allaitante
OUI
INTERDIT
INTERDIT
INTERDIT
INTERDIT
Inform ation préalable
NON
OUI
OUI
OUI
OUI
Briefing avant intervention
NON
CONSEILLÉ
CONSEILLÉ
CONSEILLÉ
OUI
Moyens de protection
NON
CONSEILLÉS
OUI
OUI
OUI
Dosimétrie
NON
OUI (*)
ACTIVE
ACTIVE
ACTIVE
Dosim étrie personnelle
NON
OUI
OUI
OUI
OUI
Suivi médical
NON
OUI
OUI
OUI
OUI
(*)
reconstruction de dose, dosimétrie passive ou active.
Tableau 3: Résumé des dispositions applicables aux intervenants durant la période aiguë

Dispositions complémentaires
Tout intervenant, préalablement identifié comme susceptible d'intervenir lors des situations visées par le présent plan (notamment le personnel des zones de secours, de la police, des service médicaux d'urgence, de la Protection civile et de la Défense) doit pouvoir préalablement bénéficier d'une formation adéquate et mise à jour une fois par an sur les risques que son intervention présenterait pour sa santé et sur les mesures de précaution à prendre en pareil cas (voir § 7.1.3.2). Tout intervenant doit disposer de moyens de protection contre le danger d'exposition aux radiations ionisantes, compatible avec la réalisation de sa/ses mission(s).
Il est nécessaire de permettre aux intervenants de participer tant à des formations qu'à des exercices aussi souvent que possible en renforçant les échanges d'expérience entre services concernés par le risque radiologique, dans des zones de planification d'urgence différentes. Le contenu de cette formation préalable se base sur les prescriptions du RGPRI et porte notamment sur:
les risques pour la santé et les premiers soins éventuels;
les bases de la protection contre l'exposition aux rayonnements ionisants;
les règles de bonne pratique assurant une protection efficace et les précautions collectives et individuelles à prendre;
la signification des signaux, des symboles et mentions relatifs au risque d'exposition aux rayonnements ionisants;
les consignes et plans d'urgence.
En outre, lors d'une situation d'urgence, les intervenants reçoivent avant l'intervention toutes les informations disponibles sur la situation en cours, les risques sanitaires associés, les règles d'intervention et les moyens de protection disponibles à mettre en oeuvre.
Les méthodes de protection suivantes, associées à une dosimétrie active individuelle ou collective, peuvent être appliquées en vue de limiter la dose durant une intervention éventuelle:
utilisation de moyens de protection individuels (protection respiratoire, vêtements d'intervention adaptés, protection de la thyroïde par prise de comprimés d'iode stable...);
protection par un écran et/ou par la limitation du temps d'exposition (rotation des équipes d'intervention).
Les intervenants en situation d'urgence sont, a posteriori, considérés comme des travailleurs professionnellement exposés et bénéficient, à ce titre, d'un suivi médical approprié.

6.2.2.2 Durant la période de transition

Niveaux de référence
Les niveaux de référence applicables durant la période de transition sont, en principe, les mêmes que ceux d'application dans la période aiguë. Ils s'appliquent cependant sur des périodes plus longues (de plusieurs semaines à plusieurs mois) et doivent prendre en considération le cumul des doses durant toute la période des interventions. Durant la période de transition, le niveau de référence supérieur est fixé à 100 mSv/(12 mois consécutifs glissants), avec toujours l'objectif que les doses reçues soient aussi faibles que raisonnablement possible. La Cellule d'évaluation évaluera la situation radiologique et proposera le cas échéant au Comité fédéral de coordination une adaptation des objectifs de dose à ne pas dépasser, compatible avec les ressources humaines disponibles et les tâches à accomplir. Ces objectifs de doses pourront être différents selon les groupes d'intervenants auxquels ils s'appliquent et les missions qu'ils doivent effectuer.
Avec le temps, les risques d'exposition diminuent, notamment du fait de la décroissance radioactive des nucléides à vie courte, et le caractère d'urgence s'estompe progressivement. Les objectifs de doses seront régulièrement réévalués par la Cellule d'évaluation de façon à se rapprocher ou à passer sous le niveau de 20 mSv/an (12 mois consécutifs glissants).
DOSE (efficace)
≤1 mSv
≤20 mSv
≤50 mSv
≤100 mSv
≤500 mSv
Situation d'urgence
NON
OUI
OUI
OUI
OUI
Situation d'exposition d 'urgence
NON
NON
OUI
OUI
OUI
Mineurs
OUI
INTERDIT
INTERDIT
INTERDIT
INTERDIT
Femme enceinte ou allaitante
OUI
INTERDIT
INTERDIT
INTERDIT
INTERDIT
Information préalable
CONSEILLÉ
OUI
OUI
OUI
OUI
Briefing avant intervention
NON
OUI
OUI
OUI
OUI
Moyens de protection
NON
OUI
OUI
OUI
OUI
Dosimétrie
NON
PASSIVE
INDIVIDUELLE-ACTIVE
Suivi médical
NON
OUI
OUI
OUI
OUI
Tableau 4: Résumé des dispositions applicables aux intervenants durant la période transition

Dispositions complémentaires
Les dispositions complémentaires applicables durant cette période sont, en principe, les mêmes que celles qui sont d'application dans la période aiguë. Cependant l'implication progressive de travailleurs appartenant à des services ou organisations qui ne sont a priori pas identifiés comme intervenants en situation d'urgence (par exemple le personnel communal de voirie...) nécessitera que ces personnes reçoivent avant d'être impliquées une information équivalente à celles que reçoivent les intervenants préalablement identifiés (voir § 6.2.1.1).

6.2.2.3 Durant la période de rétablissement

Niveaux de référence
Les travailleurs en charge des travaux de réhabilitation des sites contaminés durant la période de rétablissement sont considérés comme des personnes professionnellement exposées. Les limites de dose qui leur sont applicables sont, sauf dérogation expresse approuvée par l'AFCN, celles en vigueur pour les personnes professionnellement exposées (voir RGPRI), entre autres la limite d'exposition en dose efficace de 20 mSv par 12 mois consécutifs glissants à compter de la fin de la situation d'exposition d'urgence. Il est, en effet, important de noter qu'une exposition durable subie durant la réhabilitation d'une zone pendant la période de rétablissement ne relève plus de la période aiguë.
DOSE (efficace)
≤1 mSv
≤6 mSv
≤20 mSv
≤50 mSv
≤50 mSv
Situation d'urgence
NA
NA
NA
NA
NA
Situation d'exposition d'urgence
NA
NA
NA
NA
NA
Mineurs
OUI
INTERDIT
INTERDIT
INTERDIT
INTERDIT
Femme enceinte ou allaitante
OUI
INTERDIT
INTERDIT
INTERDIT
INTERDIT
Information préalable
OUI
OUI
OUI
OUI
NA
Briefing avant mission
NON
NON
NON
OUI
NA
Moyens de protection
NON
OUI
OUI
OUI
NA
Dosimétrie
NON
INDIVIDUELLE-PASSIVE
NA
Suivi médical
NON
OUI
OUI
OUI
NA
Tableau 5: Résumé des dispositions applicables aux travailleurs en charge des travaux de la réhabilitation pendant la période de rétablissement

Dispositions complémentaires
Les dispositions complémentaires applicables durant cette période sont celles applicables en situation normale pour les personnes professionnellement exposées et décrites dans le RGPRI.

6.2.3 Moyens de protection individuels

Objectif
L'utilisation de moyens de protection vise essentiellement à limiter l'exposition radiologique des intervenants vis-à-vis de la contamination externe et interne. Certaines dispositions complémentaires peuvent également être envisagées pour limiter l'irradiation externe.

Domaine d'application
Pour toute intervention comportant un risque d'exposition radiologique supérieure à 1 mSv, le port de moyens de protection individuels (MPI) appropriés est conseillé ou requis selon la période en cours (aiguë, transition ou rétablissement).

Préparation préalable
Les missions de chaque discipline opérationnelle pendant une situation d'urgence doivent préalablement être évaluées avec une attention particulière pour les moyens de protection spécifiques nécessaires pour réaliser ces missions.
Des moyens de protection contre la contamination externe et interne (vêtements de protection, masques, comprimés d'iode stable, dosimètres actifs...), du matériel permettant l'intervention à distance (perches, robots...) et des écrans de protection (tabliers ou plaques de plomb...) doivent être disponibles pour les intervenants ou être rapidement mobilisables. L'état et le bon fonctionnement de ce matériel doit être régulièrement vérifié. Son utilisation correcte doit faire l'objet de formations et d'entrainements réguliers.
Ces moyens, tests et entraînements périodiques sont décrits dans les procédures et plans des disciplines opérationnelles pour les différentes missions et circonstances de l'intervention.

Préparation au moment de l'événement
Une vérification de la validité et du bon fonctionnement du matériel est indispensable. La mobilisation de moyens complémentaires doit être envisagée afin de garantir leur disponibilité en temps voulu.

Niveaux de référence
Durant la période aiguë, l'utilisation de moyens de protection individuels appropriés est conseillée pour toute intervention en situation d'urgence (dose efficace attendue comprise entre 1 et 20 mSv) et requise pour toute intervention associée à un risque de situation d'exposition d'urgence (dose efficace attendue supérieure à 20 mSv).
Durant la période de transition, l'utilisation de moyens de protection individuels appropriés est requise, sauf contre-indications ou circonstances particulières, pour toute intervention qui pourrait conduire à une dose efficace supérieure à 1 mSv.
Durant la période de rétablissement, l'utilisation de moyens de protection individuels appropriés est requise pour toute intervention (dose efficace attendue supérieure à 1 mSv/an).

Implémentation
Via leurs contacts avec la cellule de crise provinciale, le PC-Ops et - le cas échéant - les antennes sont informés de la situation radiologique générale afin de définir les consignes de protection pour les intervenants. En cas de nécessité, le PC-Ops et les antennes peuvent activer d'autres canaux d'information (exploitant, CELEVAL, CI2C...).
Les moyens de protection personnels (vêtements de protection, protections respiratoires, dosimètres actifs...) doivent être portés dans le respect des consignes d'utilisation durant toute la durée de l'intervention. Toute anomalie majeure constatée (déchirure, fuite, appareil hors service...) lors de l'intervention peut conditionner le retrait de l'intervenant. Elle devra être mentionnée dans le rapport d'intervention afin d'être prise en compte correctement lors de l'évaluation de la dose reçue.

Durée
Lorsqu'ils sont requis, les moyens de protection personnels doivent être portés durant toute la durée de l'intervention. Pour les interventions de longues durées (plusieurs semaines, mois ou années), notamment durant la période de transition ou la période de rétablissement, les dosimètres électroniques à alarmes seront progressivement et préférentiellement remplacés par des dosimètres personnels passifs.

Actions associées
Des dispositions de limitation de l'exposition externe (irradiation) peuvent également être mises en oeuvre. Il peut s'agir de moyen d'intervention à distance (télémanipulateurs, robots...), de blindage, de limitation du temps d'intervention par rotation du personnel, etc. Les consignes générales (ne pas manger, boire ou fumer...) applicables au travail dans un environnement radioactif restent d'application.

Levée ou adaptation
Au retour d'intervention, les dosimètres électroniques doivent être lus et les doses enregistrées par le Dir-Log et rapportées à l'AFCN. L'absence de contamination externe des intervenants doit être vérifiée avant de procéder au déséquipement et à une décontamination éventuelle.

6.2.4 Prise de comprimés d'iode stable (blocage de la glande thyroïde)

Objectif
Lorsque de l'iode radioactif est libéré dans l'atmosphère, son inhalation et son accumulation dans la glande thyroïde peuvent provoquer des expositions significatives. Pour les intervenants amenés à intervenir, durant la période aiguë, à l'intérieur de la zone où la population a été mise à l'abri ou évacuée, le port effectif des protections respiratoires (masque anti-poussière, masque à cartouche de charbon actif ou appareil respiratoire autonome) doit offrir une protection efficace contre l'inhalation d'iode radioactif. Sachant que les effets secondaires possibles sont, en général, bénins, la prise de comprimés d'iode stable pourrait également être recommandée, par mesure de prudence, avant l'intervention afin de compléter les moyens de protection respiratoire, de pallier leur absence ou leur défaillance. La prise de comprimés d'iode stable ne doit cependant pas être considérée “au lieu de”, mais en complément des moyens de protection individuels, en particulier des protections respiratoires.

Domaine d'application
Cette action de protection ne s'applique qu'aux intervenants amenés à intervenir à l'intérieur de la zone où la population a été mise à l'abri ou évacuée durant la période aiguë. Elle ne s'applique pas aux femmes enceintes ou allaitantes, ni aux personnes mineures qui, par définition, sont exclues des situations d'exposition d'urgence (voir § 6.2.2.1). Pour les adultes d'âge supérieur à 40 ans, la prise de comprimés d'iode stable doit être considérée avec prudence car l'exposition à cet âge représente une augmentation très limitée du risque de cancer de la thyroïde et le risque d'effets secondaires de la prise de comprimés d'iode augmente légèrement, de sorte que les inconvénients peuvent l'emporter sur les avantages escomptés dans ce groupe d'âge. Bien que la prise de comprimés d'iode stable ne soit pas a priori recommandée pour ce groupe d'âge, il est des situations dans lesquelles la prise de comprimés d'iode stable reste cependant indiquée, par exemple lorsque la dose attendue au niveau de la thyroïde est particulièrement élevée. Il est donc recommandé que les personnes potentiellement concernées discutent de l'éventuelle ingestion de comprimés d'iode avec leur médecin avant qu'une situation d'urgence ne se produise.

Préparation préalable
Chaque responsable d'un service d'intervention susceptible d'intervenir rapidement au sein des zones de planification veille à ce que des comprimés d'iode stable soient disponibles en nombre suffisant pour son personnel d'intervention. Les services d'intervention qui ne sont pas directement concernés mais interviendraient en renfort seront, si nécessaire, approvisionnés en comprimés d'iode stable à leur arrivée au PC-Ops (fourni par la discipline 4).

Préparation au moment de l'événement (pour autant que la situation le permette)
Au moins une fois par mois et au moment de l'événement, il convient de vérifier la présence, dans les véhicules d'intervention, des comprimés d'iode stable et d'eau pour prendre ces comprimés.

Niveaux de référence
Pour les intervenants (entre 18 et 40 ans), cette action de protection doit être envisagée dès le moment où la dose équivalente par inhalation à la thyroïde (calculée pour l'adulte) durant l'intervention (ou la série d'interventions réalisées durant la période aiguë) risque de dépasser 50 mSv.

Implémentation
Lors d'une situation d'urgence radiologique, lorsque les quantités d'iode radioactif libérées dans l'environnement le justifient et moyennant l'avis des autorités, d'un médecin agréé ou du conseiller en charge de la protection des intervenants auprès du Dir-PC-Ops, les intervenants qui doivent effectuer leur mission dans la zone où la population est mise à l'abri ou évacuée peuvent se voir recommander d'ingérer deux comprimés d'iode stable préalablement à leur intervention.

Durée
La quantité prescrite est efficace pendant 24 heures. En cas de rejets répétés ou prolongés dans le temps, une prise supplémentaire peut être envisagée et recommandée par les autorités, un médecin agréé ou le conseiller en charge de la protection des intervenants auprès du Dir-PC-Ops. Cette mesure peut concerner les intervenants amenés à effectuer des missions au-delà des premières 24 heures.

Actions associées
Le port de vêtements de protection, de masques, d'une dosimétrie... et les consignes générales applicables au travail dans un environnement radioactif restent d'application.

Levée ou adaptation
Cette action de protection ne demande ni levée ni adaptation. Le médecin du travail et/ou le médecin traitant prêtera une attention particulière aux intervenants ayant ingéré des comprimés d'iode stable.

6.2.5 Dosimétrie des intervenants

Objectif
La surveillance dosimétrique des intervenants a pour but d'évaluer leur 'exposition radiologique afin de vérifier le respect des niveaux de référence et de permettre un suivi radiologique et médical adéquat.
La dosimétrie active doit permettre de contrôler en temps réel le niveau d'exposition d'un individu ou d'un groupe d'individus sur base d'une estimation du débit de dose ambiant et/ou de la dose reçue depuis la mise en service du dosimètre, si possible, au début de l'intervention. Elle doit permettre d'avertir le(s) intervenant(s) d'un risque de dépassement des niveaux de référence (par exemple, au moyen d'une alarme sonore) de sorte qu'il(s) puisse(nt) réagir à temps et de façon adéquate.
La dosimétrie passive doit permettre de vérifier, a posteriori, le respect des niveaux de référence en période aiguë et de transition ou des limites d'exposition durant la période de rétablissement.

Domaine d'application
Selon la période en cours (aiguë, transition ou rétablissement) une dosimétrie est conseillée ou requise lors de toute intervention comportant un risque d'exposition radiologique supérieure à 1 mSv. En période aiguë, la dosimétrie active avec alarme est privilégiée. Durant la période de transition, la dosimétrie active pourra progressivement être remplacée par une dosimétrie passive. Une dosimétrie passive est strictement requise pendant la période de rétablissement pour tout intervenant considéré comme travailleur professionnellement exposé; toutefois des dosimètres électroniques peuvent être également utilisés en complément (en fonction des disponibilités et des circonstances).

Préparation préalable
Les dosimètres électroniques, y compris les dosimètres de réserve en stock dans les unités opérationnelles de la Protection civile, doivent être régulièrement calibrés en usine. Entre-temps, leur bon fonctionnement doit être régulièrement vérifié (état des batteries, zérotage de l'appareil...). Ces contrôles et leur fréquence, ainsi que les aspects pratiques liés à la distribution des appareils de réserve pendant la période aiguë, la lecture et l'enregistrement des doses, doivent être décrits dans les procédures et plans des disciplines opérationnelles et des organismes responsables de la gestion de ces équipements.
Des dosimètres passifs doivent être disponibles pour pouvoir être distribués aux intervenants qui ne sont pas préalablement considérés comme travailleurs professionnellement exposés. Des conventions et procédures doivent être établies afin d'assurer leur distribution durant les périodes de transition et de rétablissement.

Préparation au moment de l'événement
Une vérification de la validité et du bon fonctionnement des dosimètres électroniques est indispensable. Il est important de vérifier que l'appareil a été remis à zéro ou, dans le cas contraire, de noter la valeur de départ. La Protection civile veille à la distribution, en temps opportun, des dosimètres de réserve adéquats.
Les prises de décisions concernant l'engagement des intervenants doivent tenir compte des données dosimétriques antérieures et ce jusqu'à 12 mois avant la situation d'urgence. Dès lors, doivent bénéficier d'un accès au registre d'exposition national:
le Dir-Log, en ce qui concerne les doses des intervenants soumises à la surveillance dosimétrique, sur les 12 derniers mois;
le Dir-Med, en ce qui concerne les doses des intervenants soumises à la surveillance dosimétrique, sur les 12 derniers mois, afin d'être en mesure d'exercer sa mission de suivi de la dosimétrie des intervenants, quelle que soit la discipline à laquelle ils appartiennent.

Niveaux de référence
Les niveaux de référence applicables durant les différentes périodes sont définis au § 6.2.2.1 pour la période aiguë, au § 6.2.2.2 pour la période de transition et au § 6.2.2.3 pour la période de rétablissement.

Implémentation
La surveillance radiologique peut être réalisée au moyen de dosimètres individuels (portés par chaque personne), d'un dosimètre collectif (porté par un membre d'un groupe intervenant en un même lieu où le débit de dose est homogène) ou par un système de mesure du débit de dose (par exemple une station mobile de TELERAD) installé à l'endroit où les intervenants effectuent les tâches qui leur sont confiées. Si cette surveillance est réalisée au moyen d'un dosimètre actif avec alarme, elle permet d'avertir les intéressés du niveau de risque sur base de niveaux d'alarme et de pré-alarme préétablis. Si la surveillance est assurée par une station mobile de TELERAD, les intervenants pourront être informés via le PC-Ops de toute augmentation significative du débit de dose aux abords de la station et d'un risque de dépassement du niveau de référence. En cas d'utilisation par un groupe d'intervenants d'un appareil de mesure de débit de dose, un préposé aura pour tâche de contrôler régulièrement l'évolution de la dose et du débit de dose et d'en informer ses collègues.
Durant la période aiguë, l'utilisation des dosimètres électroniques (actifs) avec alarme est privilégiée pour toute intervention en situation d'urgence. Au-delà de la période aiguë, durant la période de transition, les dosimètres électroniques à alarmes sont progressivement remplacés par des dosimètres personnels passifs. Pour les intervenants qui en disposent, l'utilisation de leurs dosimètres électroniques peut venir en complément de la dosimétrie passive. Durant la période de rétablissement, l'utilisation de dosimètres passifs est strictement requise pour toute intervention dans les zones contaminées ou lorsque la dose efficace attendue est supérieure à 1 mSv/an. Toutefois, des dosimètres électroniques peuvent également être utilisés en complément (en fonction des disponibilités et des circonstances).
Les dosimètres électroniques doivent être lus en fin d'intervention. Les dosimètres passifs sont collectés en fin d'intervention ou tous les mois en vue de leur lecture par un service de dosimétrie agréé. Les doses lues sont enregistrées et transmises au registre d'exposition national.

Durée
Une surveillance dosimétrique doit être prévue pour toute intervention et durant toute la durée de chaque intervention. Pour les interventions de longues durées, après la période aiguë, les dosimètres électroniques à alarmes seront remplacés par des dosimètres personnels passifs.

Actions associées
Le port de vêtement de protection, de masques,. .. et les consignes générales applicables au travail dans un environnement radioactif restent d'application.

Levée ou adaptation
La surveillance dosimétrique des intervenants doit être maintenue tant que les niveaux d'exposition (en dose efficace) restent susceptibles de dépasser 1 mSv/an.
Au cours de la période de transition, les dosimètres électroniques à alarmes sont progressivement remplacés par des dosimètres personnels passifs. Pour les intervenants qui en disposent, l'utilisation de leurs dosimètres électroniques peut venir en complément de la dosimétrie passive.

6.2.6 Contrôle de contamination et décontamination des intervenants

Objectif
Après toute intervention dans une zone (potentiellement) contaminée, le contrôle de la contamination des intervenants est organisé au niveau d'un poste de contrôle dont la localisation est déterminée en fonction de circonstances. Cette action vise les objectifs suivants:
éviter une exposition prolongée et le risque de contamination interne par transfert cutané ou ingestion/inhalation inopinée;
évaluer et enregistrer les doses reçues par les intervenants en vue de leur suivi radiologique et les en informer;
gérer la rotation du personnel d'intervention.
Cette action permet également de limiter la dissémination de particules radioactives et le transfert de contamination à d'autres personnes ou dans des lieux en-dehors des territoires affectés.

Domaine d'application
Le contrôle de contamination des intervenants doit être réalisé après toute intervention dans une zone contaminée, quelle que soit la période en cours (aiguë, de transition ou de rétablissement). En cas de contrôle positif, les intervenants concernés font l'objet d'une décontamination par des moyens appropriés.

Préparation préalable
Les modalités concernant l'accueil, le contrôle de la contamination et la décontamination des intervenants doivent être décrites dans le plan provincial d'urgence et d'intervention et les plans d'urgence et d'intervention des disciplines opérationnelles sur le terrain. Ces modalités doivent comprendre au minimum:
le choix de localisations potentielles pour l'installation de postes de contrôle;
l'organisation de ces postes;
l'organisation du contrôle de contamination et la décontamination, si nécessaire, des personnes, des véhicules et des outils;
l'organisation de l'enregistrement et du rapportage des doses enregistrées.
Le bon fonctionnement des équipements nécessaires au contrôle et à la décontamination doit être régulièrement vérifié.

Préparation au moment de l'événement
La localisation du poste de contrôle est déterminée par le Dir-PC-Ops en fonction de la direction des vents et de l'importance des rejets réels ou attendus. Le matériel nécessaire à l'accueil des intervenants, au contrôle de la contamination (portiques de détection, appareils de mesure portables), à leur décontamination, à la mesure des dosimètres et à l'enregistrement doivent être déployés.

Niveaux de référence
Des niveaux de référence pour le triage des intervenants non contaminés et contaminés sont préalablement déterminés par l'AFCN en collaboration avec le SPF Santé publique et les intervenants chargés du contrôle de la contamination. Ces niveaux sont éventuellement revus en fonction des conditions particulières de la situation d'urgence.

Implémentation
Au retour de l'intervention, la contamination externe des intervenants doit être vérifiée avant de procéder au déséquipement et à une décontamination éventuelle. Les modalités pratiques relatives au contrôle et à la décontamination des intervenants sont décrites dans les procédures des disciplines opérationnelles (services d'incendie, Protection civile, Défense et organisations auxquelles appartiennent les intervenants).
La présence d'une contamination éventuelle et les niveaux mesurés sont consignés en vue de leur transmission à l'AFCN avec les autres données dosimétriques (via le PC-Ops).

Durée
Les postes de contrôle sont effectifs durant toute la période aiguë et la période de transition. Ils peuvent être maintenus opérationnels durant la période de rétablissement si les autorités le jugent nécessaire en fonction de la situation et des doses susceptibles d'être reçues par les intervenants.

Actions associées
Les consignes générales relatives au travail en zone “contrôlée” (ne pas boire, ne pas manger, ne pas fumer, limiter son temps de séjour à l'intervention demandée,. ..) sont d'application. Les intervenants bénéficient de moyens de protection et d'une dosimétrie appropriés à la situation et à leur intervention. Ils bénéficient d'un suivi médical approprié.

Levée ou adaptation
Ces contrôles et les postes de contrôle sont maintenus jusqu'à ce que l'accès aux zones concernées soit librement autorisé à la population.

6.2.7 Surveillance de la santé
Comme mentionné précédemment, le RGPRI spécifie que les personnes susceptibles d'intervenir dans l'organisation des secours en cas de situation d'urgence doivent être “considérées comme personnes professionnellement exposées”. Le RGPRI prévoit des dérogations qui dispensent notamment l'employeur d'un examen de santé préalable à l'entrée en service ou à l'exposition des intervenants et à une évaluation de santé périodique spécifique au risque associé à l'exposition aux radiations ionisantes avant toute intervention en situation d'urgence radiologique.
Dès lors qu'ils sont effectivement intervenus dans une situation d'urgence radiologique, les intervenants doivent être soumis à la “surveillance de la santé des travailleurs professionnellement exposés et des personnes assimilées” tel que défini par la réglementation sur la protection des travailleurs contre les risques résultant des rayonnements ionisants. Ces intervenants doivent donc, après intervention en situation d'urgence radiologique, être soumis, dès que possible, à un examen de santé qui a valeur d'évaluation de santé périodique et faire l'objet d'une surveillance de la santé régulière par un médecin du travail agréé pour les aspects radiologiques.
La fréquence de l'évaluation de santé périodique (annuelle ou semestrielle) est laissée à l'appréciation du médecin du travail agréé en fonction du risque du poste de travail et des doses reçues. Il n'y a cependant pas de durée minimale d'exposition au risque pour imposer l'exécution de la surveillance médicale.
Si du fait d'une (ou plusieurs) intervention(s) d'urgence, une des limites de dose annuelles pour le personnel professionnellement exposé visées à l'art. 20.1.3 du RGPRI (entre autres la limite de dose efficace de 20 mSv/12 mois consécutifs glissants) a été dépassée, les conditions d'exposition ultérieure doivent être soumises à l'approbation du médecin du travail agréé. Le cas échéant, les dispositions réglementaires relatives aux surveillances de santé exceptionnelles ou prolongées (par un médecin agréé) seront mises en application.
À la demande des médecins du travail agréés et aussi longtemps que ceux-ci l'estiment nécessaire pour la protection de la santé des intéressés, les travailleurs ayant cessé d'être professionnellement exposés à des rayonnements ionisants peuvent continuer à faire l'objet d'une surveillance de la santé prolongée. Cette surveillance comprend tous les examens requis par l'état de santé du travailleur intéressé ainsi que par les conditions dans lesquelles il a été exposé ou contaminé. Et même lorsque la personne concernée ne fait plus partie du personnel de l'entreprise dont le médecin du travail agréé a estimé opportun de le soumettre à cette surveillance de la santé prolongée, celle-ci doit être assurée par l'Agence fédérale des risques professionnels et aux frais de cet organisme. Dans ce cas, c'est un médecin désigné par cette agence qui exerce la surveillance de la santé précitée et décide de sa durée.
Les doses d'exposition cumulées des intervenants en situation d'urgence ainsi que les informations portant sur les circonstances de ces situations d'exposition et les éventuelles actions prises suite à celles-ci sont consignées dans le dossier de santé des travailleurs concernés établi par le médecin du travail agréé.

6.3 Protection de la population

6.3.1 Niveaux de référence pour la protection radiologique de la population
La protection radiologique de la population vise la réduction des doses d'exposition reçues par cette dernière, suite à une exposition radiologique, à un niveau aussi bas que raisonnablement possible et la réhabilitation progressive des territoires contaminés. Elle est assurée par une information relative au risque radiologique, une information et des consignes spécifiques relatives à un séjour dans une zone particulière, la mise en oeuvre d'actions de protection collectives, des recommandations concernant l'adaptation des comportements individuels, un suivi régulier ou une estimation des doses reçues et un suivi médical et psycho-social adapté. L'ensemble de cette stratégie est défini en concertation étroite avec les partenaires concernés. La stratégie est régulièrement adaptée au fil du temps pour tenir compte de l'évolution de la situation et de l'efficacité des actions mises en oeuvre et est régulièrement communiquée aux populations concernées. Durant les périodes aiguë et de transition, les niveaux de référence pour l'exposition de la population doivent, selon les normes internationales, être fixés entre 20 à 100 mSv (en dose efficace aiguë ou annuelle).
Durant la période de rétablissement, en présence d'une contamination résiduelle significative et rémanente de l'environnement, il n'est pas toujours possible de garantir, pour l'ensemble de la population, le respect de la limite de dose efficace (1 mSv par an). Pour la population vivant dans certaines régions affectées, des niveaux de référence plus élevés peuvent être appliqués, dans la mesure où ils peuvent être considérés comme acceptables, en termes de risques encourus, et s'ils s'accompagnent de recommandations et/ou d'actions spécifiques pour la population concernée. Ces niveaux de référence sont fixés dans l'intervalle de 1 à 20 mSv par an. La valeur de 20 mSv par an n'étant pas une limite, des valeurs supérieures peuvent, si nécessaire, être utilisées lorsque des circonstances particulières le justifient. Il est également possible, dans certaines situations favorables ou pour des groupes cibles particuliers, d'envisager des niveaux de référence inférieurs à 1 mSv par an, en particulier lorsqu'une protection appropriée peut être assurée sans qu'elle n'entraine un préjudice ou un coût excessif.

6.3.2 Niveaux de référence pour la population

6.3.2.1 Niveaux de référence applicables en situation d'exposition d'urgence

Conformément aux normes de base et aux recommandations internationales, pour la période aiguë, les niveaux de référence pour l'exposition de la population doivent se situer entre 20 et 100 mSv (en dose efficace aiguë ou annuelle). Dans certaines situations favorables, il est possible d'envisager un niveau de référence situé en dessous de cet intervalle, en particulier lorsqu'une protection appropriée peut être assurée sans que les actions de protection n'entraînent un préjudice ou un coût excessif. Des niveaux de référence spécifiques sont définis pour la mise en oeuvre d'actions de protection directes particulières.
Actions de protection
Critères de dose et périodes d'intégration
Groupes cibles
Niveaux de référence
Mise à l'abri
Dose efficace en 24h (*)
Toute la population dans la zone
5 m Sv
Ingestion d'iode stable
Dose équivalente à la thyroïde (*)
Mineurs, femmes enceintes ou allaitante
10 m Sv
Adultes
50 m Sv
Évacuation
Dose efficace en 7j (*)
Toute la population dans la zone
50 m Sv
(*)
hors ingestion
Tableau 6: Niveaux de référence spécifiques pour les actions de protection directes.
Pour la transition d'une situation d'exposition d'urgence vers une situation d'exposition existante, des niveaux de référence appropriés sont fixés, notamment à l'expiration d'actions à long terme telles que le relogement. Les niveaux de référence fixés tiennent compte des caractéristiques des situations considérées, de la radiosensibilité plus grande des groupes cibles prioritaires (enfants et enfants à naître), ainsi que de critères sociétaux, parmi lesquels:
pour des expositions inférieures ou égales à 1 mSv par an, des informations générales sur le niveau d'exposition sans considération des expositions au niveau individuel;
dans l'intervalle de 1 mSv à 20 mSv par an inclus, des informations spécifiques permettant aux individus de gérer leur exposition individuelle, si possible;
dans l'intervalle de 20 mSv à 100 mSv par an inclus, une évaluation des doses individuelles et des informations spécifiques sur les risques liés aux rayonnements et sur les actions disponibles pour réduire l'exposition.

6.3.2.2 Niveaux de référence applicables durant la période de rétablissement

Après un événement ayant conduit à une contamination significative et rémanente de l'environnement, l'exposition radiologique résiduelle de la population vivant dans les régions affectées est gérée comme une situation radiologique existante. Des objectifs de dose à ne pas dépasser sont fixés dans l'intervalle de 1 à 20 mSv par an. La valeur de 20 mSv par an n'étant pas une limite, des valeurs supérieures peuvent, si nécessaire, être utilisées lorsque des circonstances particulières le justifient. Il est également possible, dans certaines situations favorables, d'envisager des objectifs de dose inférieurs à 1 mSv par an, en particulier lorsqu'une protection appropriée peut être assurée sans entraîner un préjudice ou un coût excessif.
Ces objectifs sont fixés par l'AFCN en étroite collaboration avec le SPF Santé publique. Ils peuvent être différents selon la zone considérée et sont régulièrement réévalués et adaptés au fil du temps pour tenir compte de l'évolution de la situation et de l'efficacité des actions mises en oeuvre. En outre, les groupes cibles prioritaires feront l'objet d'une attention particulière en raison de leur plus grande radiosensibilité et pourront faire l'objet de dispositions spécifiques.
En l'absence de contamination significative et rémanente de l'environnement au moment de la fin de la période aiguë, la population n'est pas soumise à une exposition radiologique différente de celle qui prévalait avant l'événement. Dans ces conditions les limites de dose dans une situation normale, notamment la limite de 1 mSv par an en dose efficace (en complément des rayonnements naturels et artificiels), sont d'application.

6.3.3 Actions de protection directe de la population
En situation d'urgence, les principales actions pour la protection directe que l'on peut mettre en oeuvre en vue de réduire autant que possible l'exposition aux radiations ionisantes sont: la mise à l'abri, le blocage de la glande thyroïde par la prise d'iode stable et l'évacuation. En outre, des recommandations d'ordre général ou des instructions destinées à des groupes spécifiques de la population sont également prévues (port de vêtements de protection, mesures d'hygiène corporelle, conseils relatifs à la consommation de produits alimentaires et à leur préparation, restriction d'accès aux zones contaminées, recommandations destinées aux femmes enceintes ou allaitantes et aux mineurs...). Toutes ces actions ne concernent bien sûr que les zones géographiques touchées ou menacées par l'événement. De manière générale, le risque d'exposition diminue fortement avec la distance par rapport à la source.
Le risque radiologique varie beaucoup quant à son ampleur et sa nature en fonction de l'importance de l'exposition et des doses associées et de l'âge de la population touchée. Les mineurs et les femmes enceintes et allaitantes constituent les groupes les plus sensibles de la population. Selon les circonstances, certaines actions de protection peuvent donc être d'application uniquement pour ces groupes de la population.

6.3.3.1 Mise à l'abri de la population

Objectif
La mise à l'abri a pour but de diminuer l'exposition directe en cas de rayonnement ambiant:
en réduisant la dose due à l'irradiation externe causée par le passage d'un nuage radioactif et à la déposition de la contamination sur le sol et;
en limitant la contamination interne due à l'inhalation (y compris l'inhalation d'iode radioactif) et externe par contact avec des particules radioactives.

Domaine d'application
Cette action de protection directe de la population ne s'applique qu'en période aiguë.

Préparation préalable
Les modalités concernant la mise à l'abri doivent être décrites dans les plans particuliers d'urgence et d'intervention provinciaux/zonaux et comprennent, pour les provinces concernées par les zones de planification pour l'évacuation:
les modalités d'alerte de la population;
un inventaire de la population (nombre de personnes) par bloc dans la zone de planification d'urgence;
un inventaire, par bloc dans la zone de planification d'urgence, des collectivités, du nombre de personnes par collectivité et des besoins spécifiques à chacune;
Chaque chef de famille ou responsable d'une collectivité dans la zone de planification d'urgence associée à la mise à l'abri veille à identifier un ou plusieurs locaux habitables offrant, dans la mesure du possible, un accès à des sanitaires, à l'eau et des moyens de communication. Pour les collectivités, un local séparé, accessible au travers d'une pièce servant de sas, pour accueillir des personnes venant de l'extérieur peut être identifié.

Préparation au moment de l'événement (pour autant que la situation le permette)
Au moment d'un événement, la préparation peut, le cas échéant, consister à:
rappeler les membres de sa famille ou de son personnel, rentrer les animaux domestiques (chiens, chats...);
vérifier le degré d'isolation du bâtiment et du ou des locaux (fermer portes et fenêtres, arrêter la ventilation, colmater les pénétrations d'air telles que des vitres brisées, châssis de fenêtres disjoints...);
se munir de ses comprimés d'iode stable, de réserves d'eau potable et de nourriture, d'un accès aux médias fonctionnant sur piles;. ..
préparer des vêtements de rechange pour d'éventuelles personnes qui viendraient de l'extérieur après le début des rejets;
rassembler les documents d'identité, les papiers de valeur, de l'argent liquide ou d'autres moyens de paiement, les médicaments nécessaires... en vue d'une évacuation éventuelle.

Niveaux de référence
Cette action de protection doit être envisagée dès le moment où la dose efficace d'exposition pour un individu adulte intégrée sur 24 heures excède ou risque de dépasser 5 mSv. Ceci sans prendre en considération une réduction éventuelle de la dose reçue liée à la mise en oeuvre d'autres actions de protection. En fonction des circonstances, ce niveau de référence d'intervention peut, le cas échéant, être dépassé sans toutefois atteindre le seuil des effets aigus.

Implémentation
La mise à l'abri consiste à entrer le plus rapidement possible ou à rester dans un bâtiment, à fermer et isoler portes et fenêtres, à couper les systèmes de ventilation et à se mettre à l'écoute des informations fournies par les médias ou tout autre moyen. Tous ceux se trouvant encore sur leur lieu de travail (écoles, entreprises, hôpitaux, magasins, etc.) sont priés de se mettre à l'abri sur place. Il est également conseillé aux personnes ne séjournant que temporairement dans la zone concernée par la mise à l'abri (comme par exemple les vacanciers) de rester dans leur lieu de séjour ou de s'y rendre le plus vite possible; si ce n'est pas possible, ils se mettent à l'abri dans n'importe quel bâtiment fermé, public ou autre.
En général, les maisons et les bâtiments en dur offrent suffisamment de protection et permettent en plus d'informer adéquatement les occupants, via les médias (radio et télévision), de l'évolution de la situation et d'autres actions qui pourraient être indiquées (p.ex. protection des voies respiratoires, prise de comprimés d'iode stable, préparation à l'évacuation...). Tant que la mise à l'abri est d'application, la population est tenue au courant de l'évolution de la situation et des actions complémentaires éventuelles.

Durée
La mise à l'abri est de toute façon d'une durée limitée, généralement inférieure à 24 heures. Des difficultés d'approvisionnement éventuelles (eau potable, denrées alimentaires,. ..) sont à résoudre par la discipline 4.

Actions associées
La mise à l'abri peut s'accompagner de la prise de comprimés d'iode stable lorsque les quantités d'iode radioactif rejetées dans l'environnement le justifient.
Afin d'éviter une surcharge du trafic téléphonique, il sera explicitement recommandé de n'utiliser le téléphone qu'en cas d'extrême nécessité.
Il est également explicitement demandé aux parents de laisser leurs enfants à l'école ou à la crèche et de ne pas aller les chercher. Les enfants sont en effet pris en charge par les enseignants qui suivent les mêmes consignes et actions relatives à la mise à l'abri.
L'accès de la zone où la population est mise à l'abri est dans la mesure du possible contrôlé afin d'empêcher l'accès des personnes sans mission spécifique (voir § 6.3.3.4).

Levée ou adaptation
Après le passage du nuage radioactif, une ventilation maximale doit être ordonnée dans le but de renouveler l'air à l'intérieur des bâtiments et d'éliminer les éléments radioactifs qui auraient pénétré à l'intérieur des bâtiments durant le passage du nuage.
En fonction de la contamination de l'environnement, la mise à l'abri peut être suivie:
d'un retour aux activités normales;
d'une recommandation de limiter les activités extérieures;
de mesures relatives à la limitation de la consommation de produits alimentaires et de l'eau potable;
d'une évacuation différée.

6.3.3.2 Prise de comprimés d'iode stable (blocage de la glande thyroïde)

Objectif
L'iode radioactif inhalé ou ingéré se concentre rapidement dans la glande thyroïde où il peut provoquer, même à grande distance du lieu de l'événement, des expositions significatives, particulièrement chez les mineurs (vu le volume réduit de la glande et son activité métabolique intense). L'absorption de cet iode radioactif par la thyroïde est très fortement réduite par la prise préalable d'iode non radioactif (iode stable) afin de saturer la thyroïde. Bien que la mesure soit également efficace en cas d'ingestion d'aliments contaminés, d'autres actions sont prises en considération dans ce cas-là (voir § 6.3.4.1).
L'effet de cette action dépend largement du moment de la prise de comprimés, d'où l'intérêt d'un système assurant une disponibilité aussi large et rapide que possible de l'iode stable. Il faut veiller à ce que l'iode stable soit, dans la mesure du possible, pris préalablement à l'exposition à l'iode radioactif, le bénéfice étant maximal dans ces conditions. L'administration d'iode stable quelques heures après le début de l'exposition à l'iode radioactif reste toutefois efficace et peut encore réduire significativement la dose absorbée par la thyroïde.
L'apparition d'effets secondaires, en général bénins, liés à l'ingestion d'une dose élevée d'iode stable est possible, mais peu fréquente. Ces considérations ont été intégrées dans la justification à priori des niveaux de référence pour cette action.

Domaine d'application
Cette action de protection directe de la population ne s'applique qu'en période aiguë et seulement sur instruction explicite des autorités fédérales.

Préparation préalable
Dans les zones de planification d'urgence (voir § 5.2.1), des boîtes de comprimés d'iode stable sont préalablement mises à disposition, via les pharmacies, des familles et des collectivités (écoles, hôpitaux, usines, crèches, services de secours...). Des réserves de boîtes de comprimés sont en outre disponibles dans toutes les pharmacies.
Au-delà des zones de planification d'urgence, dans les zones d'extension (voir § 5.2.2), toutes les pharmacies disposent également de réserves de boîtes de comprimés d'iode stable. Dans ces zones, les comprimés d'iodes sont mis à la disposition, par priorité, des mineurs et femmes enceintes ou allaitantes (groupes cibles prioritaires).
Sous l'autorité du ministre de l'Intérieur, la distribution préalable des comprimés d'iode est coordonnée et des procédures sont élaborées pour la distribution rapide des réserves de comprimés, en fonction du matériel et du personnel disponibles. Sur ordre du ministre de la Santé publique, le SPF Santé publique met à disposition son expertise technique et contribue à l'organisation de la distribution préalable et au renouvellement des comprimés d'iode stable.
En fonction des zones de préparation, chaque citoyen concerné est responsable de se procurer ses comprimés d'iode auprès de son pharmacien et de veiller à les stocker dans de bonnes conditions, dans un endroit accessible en cas de mise à l'abri.
Les responsables de collectivités situées dans la zone de planification d'urgence doivent veiller à disposer d'un stock de comprimés suffisant pour assurer leur distribution à leur personnel et aux personnes extérieures qui seraient mises à l'abri dans leurs locaux. Ils veillent à ce que ces comprimés soient stockés dans de bonnes conditions, dans un endroit accessible en cas de mise à l'abri. Ils veillent également à définir les responsabilités et modalités de mise en oeuvre concrète de la prise des comprimés. Celles-ci sont intégrées dans le plan interne d'urgence de la collectivité.

Préparation au moment de l'événement (pour autant que la situation le permette)
Au moment d'un événement, la préparation peut, le cas échéant, consister à vérifier la disponibilité de ses comprimés d'iode stable et de préparer de l'eau, du lait ou du jus de fruit pour y dissoudre les comprimés au moment où les autorités recommandent la prise effective des comprimés.

Niveaux de référence
Pour les mineurs, les femmes (de tous âges) enceintes ou allaitantes, cette action de protection doit être envisagée dès le moment où la dose équivalente par inhalation à la thyroïde (calculée pour l'enfant de 1 an) pendant le passage du nuage excède ou risque de dépasser 10 mSv.
Pour les adultes (entre 18 et 40 ans), cette action de protection doit être envisagée dès le moment où la dose équivalente par inhalation à la thyroïde (calculée pour l'adulte) pendant le passage du nuage excède ou risque de dépasser 50 mSv, sans prendre en considération une réduction éventuelle de la dose reçue liée à la mise en oeuvre d'autres actions de protection comme, par exemple, la mise à l'abri.
Pour les adultes de plus de 40 ans, la prise de comprimés d'iode stable est considérée avec prudence car l'exposition à cet âge représente une augmentation très limitée du risque de cancer de la thyroïde et le risque d'effets secondaires augmente légèrement dans ce groupe d'âge, de sorte que les inconvénients peuvent l'emporter sur les avantages escomptés. Bien que la prise de comprimés d'iode stable ne soit pas a priori recommandée pour ce groupe d'âge, il est des situations dans lesquelles la prise de comprimé d'iode stable reste cependant indiquée, par exemple lorsque la dose attendue à la thyroïde est particulièrement élevée. Il est donc recommandé que les personnes concernées discutent de l'éventuelle ingestion de comprimés d'iode avec leur médecin avant qu'une situation d'urgence ne se produise. Il faut également insister sur le fait que la prise décomprimés d'iode stable par les femmes enceintes ou allaitantes, même au-delà de 40 ans, reste préconisée pour la protection de l'enfant (à naître).

Implémentation
Lors d'une situation d'urgence radiologique, lorsque les quantités d'iode radioactif libéré dans l'environnement le justifient, la Cellule de gestion décide, sur avis du Comité fédéral de coordination, de déclencher l'action de protection de la thyroïde par ingestion d'iode stable et veille à ce que la population dans les zones concernées soit informée sans délai et de façon adéquate. La recommandation de prendre des comprimés d'iode stable est faite via un système d'avertissement et sous une forme appropriée aux circonstances.
En raison de la sensibilité élevée des mineurs et des foetus à la radio-induction de cancers de la thyroïde et vu le risque réduit d'effets secondaires chez ceux-ci, il est possible, voire probable, que la recommandation de prise d'iode stable soit limitée aux mineurs et aux femmes enceintes ou allaitantes.

Durée
En cas de contaminations de l'air espacées dans le temps, cette action reste utile pour les expositions futures. Une prise supplémentaire peut être envisagée et recommandée par les autorités dans certaines circonstances et est, dans ce cas, explicitement communiquée à la population concernée.

Actions associées
La prise de comprimés d'iode stable s'accompagne systématiquement de la mise à l'abri de la population.

Levée ou adaptation
Cette action de protection ne demande ni levée ni adaptation. Les personnes ayant ingéré des comprimés d'iode stable font, par la suite, l'objet d'une attention particulière de leur médecin traitant et/ou du médecin du travail.

6.3.3.3 Évacuation de la population

Objectif
L'évacuation de la population vers un lieu situé en dehors de la zone d'intervention a pour but d'éloigner la population des zones dans lesquelles l'exposition ou le risque d'exposition radiologique par inhalation, irradiation, ingestion ou contamination externe par la radioactivité présente dans l'air ou déposée sur le sol, est jugé inacceptable.

Domaine d'application
Cette action de protection directe de la population ne s'applique qu'en période aiguë ou au début de la période de transition.

Préparation préalable
Les modalités concernant l'évacuation doivent être décrites dans les plans particuliers d'urgence et d'intervention provinciaux/zonaux et comprennent, pour les provinces concernées par les zones de planification pour l'évacuation:
les modalités d'alerte de la population;
un inventaire de la population (nombre de personnes) par bloc dans la zone de planification d'urgence;
un inventaire, par bloc dans la zone de planification d'urgence, des collectivités, du nombre de personnes par collectivité et des besoins spécifiques à chacune;
l'identification de plusieurs localisations possibles par zone de planification d'urgence, en fonction de la direction du vent, pour l'installation d'un centre de contrôle de la contamination et de décontamination, complétées par des plans et/ou procédures mono- et multidisciplinaires;
Les provinces concernées par les zones d'extension (voir § 5.2.2) doivent également aborder ces aspects dans leur plan général d'urgence et d'intervention.

Préparation au moment de l'événement (pour autant que la situation le permette)
En vue d'une évacuation éventuelle, la population concernée est, le cas échéant, invitée à rassembler ses documents d'identité, ses papiers de valeur, de l'argent liquide ou d'autres moyens de paiement, ses ordonnances et médicaments nécessaires (y compris ses comprimés d'iode stable)...
Conformément à leur stratégie d'évacuation, les autorités locales prennent des actions initiales:
activation des moyens de transport collectifs et spécialisés;
activation d'au moins un centre destiné à l'accueil, au contrôle de la contamination et à la décontamination;
activation des centres d'hébergement au niveau communal et/ou provincial.

Niveaux de référence
Cette action de protection doit être envisagée dès le moment où la dose efficace d'exposition pour un individu adulte intégrée sur 7 jours excède ou risque de dépasser 50 mSv, sans prendre en considération une réduction éventuelle de la dose reçue liée à la prise d'autres actions de protection comme, par exemple, la mise à l'abri. En fonction des circonstances, ce niveau de référence d'intervention peut être dépassé sans toutefois atteindre le seuil des effets aigus.

Implémentation
Il s'agit d'une action de protection lourde et plutôt exceptionnelle compte tenu des risques collatéraux qu'elle pourrait engendrer.
L'évacuation de la population est, selon le cas:
préventive, c'est-à-dire réalisée avant le rejet de substances radioactives ou avant qu'un nuage radioactif n'ait atteint la population concernée et dans la mesure où le temps séparant le moment de la décision et le début attendu des rejets permet de procéder à l'évacuation en toute sécurité, ou;
différée, c'est-à-dire après la fin du rejet et le passage du nuage radioactif, sur base des évaluations et des mesures sur le terrain.
L'évacuation de la population durant une phase de rejet doit être évitée. Dans ce cas, la mise à l'abri est généralement la meilleure protection. Toutefois, il n'est pas exclu qu'une évacuation puisse avoir lieu durant un rejet faible, lorsque celui-ci précède des rejets attendus plus importants et de longue durée rendant une mise à l'abri problématique ou lors d'un rejet faible résiduel consécutif à un rejet principal important.
Dans la mesure du possible, la priorité sera donnée à l'évacuation des collectivités d'enfants (crèches, écoles...).
En principe, tous ceux qui disposent d'un véhicule privé se chargent de leur propre transport. Les autorités locales/régionales prendront les mesures nécessaires pour que tout se passe le mieux possible en activant des itinéraires de calamités, la mise en place d'une circulation à sens unique, etc. Ceux qui ne disposent pas d'un moyen de transport ou les groupes spécifiques de la population (crèches, écoles, personnes âgées, personnes souffrant d'un handicap mental et/ou physique, les malades séjournant dans les hôpitaux, dans les maisons de santé ou à la maison, les personnes souffrant de troubles mentaux internées, les détenus...) peuvent utiliser des moyens de transport publics et privés mis à leur disposition par les autorités.
Dans le cas d'une évacuation différée et conformément à la stratégie d'évacuation, les évacués qui nécessitent un contrôle de contamination sont orientés vers un (ou des) centre(s) dédié(s) qui peu(ven)t assurer le contrôle et la décontamination de personnes et de matériel (voir § 6.3.3.5). De là, les évacués peuvent alors partir vers des centres d'accueil ou des destinations plus permanentes et, le cas échéant, ils bénéficient d'un suivi médical ultérieur en fonction des doses reçues.
Les évacués ayant utilisé leur véhicule personnel et qui ne désirent pas aller ou rester dans les centres d'accueil prévus se font enregistrer dès que possible à la commune ou à la ville où ils ont trouvé un abri provisoire. Dans le cas d'une évacuation différée, ces personnes reçoivent des instructions leur permettant d'appliquer elles-mêmes une série d'actions de décontamination pour elles-mêmes et leur véhicule personnel.
Le ou les gouverneurs de province(s) coordonne(nt) la mise en oeuvre des moyens nécessaires visant à l'évacuation de la population, conformément aux plans d'urgence et d'intervention provinciaux/zonaux. La mise en oeuvre concrète de l'évacuation s'effectue en concertation avec le(s) bourgmestre(s) territorialement compétent(s). Les autorités ayant l'enseignement, les installations pénitentiaires, les hôpitaux, les cliniques psychiatriques et les maisons de repos (et de soins) dans leurs compétences, collaborent à la préparation des plans internes et prévoient les modalités particulières à l'évacuation et l'accueil assistés:
des personnes nécessitant des soins médicaux permanents;
des personnes domiciliées dans ces établissements;
des personnes dont la privation de liberté a été prescrite par une décision judiciaire.
Une attention particulière doit être portée sur l'évacuation d'installations ou collectivités à risques spécifiques situées à l'intérieur de la zone de planification d'urgence (p.e. entreprises Seveso). Ces points d'attention doivent être inclus dans les plans d'urgence internes de ces collectivités.
L'avertissement de la population quant à la mise en application de l'évacuation sera réglé de la même façon que pour les autres actions de protection et doit être intégré dans la stratégie de communication.
L'évacuation et la prise en charge de blessés et/ou de personnes nécessitant des soins médicaux urgents vers un hôpital ou un dispensaire situé en dehors de la zone d'intervention a pour but de leur procurer le plus rapidement possible les soins nécessaires dans des lieux sûrs au regard du risque d'exposition radiologique. Cette prise en charge est gérée par le SPF Santé publique dans le cadre du plan monodisciplinaire d'intervention.

Durée
Une évacuation est prévue pour des durées plus ou moins longues en fonction des conséquences de l'événement, de l'intensité des dépôts, de l'évolution dans le temps de la contamination déposée et de l'efficacité des actions de protection.

Actions associées
Selon les circonstances, l'évacuation peut s'accompagner d'une prise de comprimés d'iode stable ou d'une mise à l'abri préalable, tout en prenant en considération les limitations inhérentes à ces actions (durée de la protection pour la mise à l'abri, protection limitée à la thyroïde pour la prise d'iode stable). La mise à l'abri préalable à l'évacuation proprement dite vise à regrouper la population et à permettre une évacuation organisée et fluide. La population évacuée est dirigée vers des centres d'accueil et/ou de décontamination, selon la situation. Les personnes qui utilisent leurs propres moyens pour évacuer et qui ne se rendent pas, au moins dans un premier temps, dans les centres d'accueil ou de décontamination prévus, reçoivent les instructions nécessaires. Ceci leur permet d'appliquer eux-mêmes une série d'actions de décontamination.
La zone évacuée est bouclée et surveillée et l'accès à cette zone est contrôlé dans la mesure du possible (voir § 6.3.3.4).
Un retour de personnes dans la zone évacuée peut éventuellement être autorisé par les autorités pour des périodes courtes et un motif valable. Toute personne dûment autorisée à pénétrer dans la zone le fait en respectant les prescriptions des autorités (moyens de protection individuelle, dosimétrie...) et fait l'objet, ainsi que son moyen de transport, d'un contrôle d'exposition et de contamination à la sortie de la zone.

Levée ou adaptation
Le retour à domicile peut être considéré dès le moment où la dose d'exposition reçue estimée pour les individus les plus sensibles (mineurs et femmes enceintes ou allaitantes) est inférieure à 20 mSv/12 mois consécutifs glissants (voir § 6.3.2). Le retour à domicile ne sera autorisé qu'après consultation de la population concernée et en tenant compte des circonstances, de l'application du principe ALARA (As Low As Reasonably Achievable) et du principe de précaution.
Si un retour à domicile n'est pas acceptable, l'évacuation est transformée en un relogement (temporaire ou plus définitif si les conditions de vie dans la zone évacuée ne peuvent être rétablies dans un délai raisonnable) de la population dans des régions dans lesquelles la dose d'exposition annuelle liée aux dépôts suite à l'événement reste acceptable.
Les personnes qui reviennent dans une zone évacuée reçoivent préalablement les informations et consignes nécessaires. Les groupes cibles prioritaires (mineurs, femmes enceintes ou allaitantes) feront l'objet de consignes et recommandations particulières et adaptées.

6.3.3.4 Controle de la circulation vers et en provenance de la zone sinistrée

Objectif
Le controle de la circulation vers et en provenance des zones dans lesquelles la population a été mise à l'abri ou desquelles la population a été évacuée vise à interdire l'accès à ces zones à des personnes non autorisées dans le but:
d'éviter la contamination d'un nombre plus important de personnes, de véhicules ou d'autres biens;
d'éviter l'encombrement des routes à l'intérieur de ces zones et de faciliter l'accès et la circulation des véhicules d'intervention;
d'éviter le pillage dans les zones évacuées.
Ces contrôles sont réalisés par les services de police dans la limite de leurs moyens et capacités.

Domaine d'application
Cette action s'applique en période aiguë et durant la période de transition. Elle pourra être maintenue dans certaines zones particulièrement contaminées durant la période de rétablissement.

Préparation préalable
Le bouclage opérationnel des zones à risque potentielles lors de la période aiguë est décrit dans les plans d'urgence et d'intervention provinciaux et le plan monodisciplinaire de la discipline 3.

Préparation au moment de l'événement
La discipline 3, si nécessaire soutenue par la discipline 4, mobilise le personnel, les véhicules et les moyens nécessaires (barrières Nadar, signalisation...) pour la mise en place du bouclage maximal d'une zone définie. Elles veillent à se munir de leurs équipements de protection individuelle, adaptés à leur mission.

Niveaux de référence
Le bouclage et le contrôle d'accès à une zone déterminée doit être envisagé dès le moment où la population est mise à l'abri dans cette zone ou est évacuée de cette zone.

Implémentation
La discipline 3 déploie sur le terrain le personnel, les véhicules et les moyens (barrières Nadar, signalisation,. ..) nécessaires au contrôle de la zone à boucler, si nécessaire soutenue par la discipline 4.

Durée
Le bouclage et le contrôle d'accès à une zone déterminée reste en vigueur tant que la mise à l'abri de la population dans la zone est d'application ou que le retour permanent dans la zone, après évacuation, n'est pas autorisé.

Actions associées
Cette action va de pair avec la mise à l'abri ou l'évacuation des populations.

Levée ou adaptation
Cette action peut être levée dès le moment où la libre circulation est à nouveau autorisée dans une zone préalablement mise à l'abri ou évacuée.

6.3.3.5 Accueil et enregistrement de la population

Objectif
En cas d'évacuation de la population, un accueil et un enregistrement des personnes concernées est organisé. Cette action a pour objectif d'accueillir, enregistrer et informer les personnes concernées, voire les rassurer, vis-à-vis du risque sanitaire.
Le cas échéant, ces personnes sont (d'abord) orientées vers les centres de contrôle de la contamination et de décontamination (voir § 6.3.3.6) ou vers les structures de relogement (voir § 6.3.3.7).

Domaine d'application
Cette action de protection directe de la population s'applique en période aiguë ou au début de la période de transition.

Préparation préalable
Les modalités concernant l'accueil et l'enregistrement de la population doivent être décrites dans les plans provinciaux et communaux d'urgence et d'intervention et comprennent:
la localisation et la capacité d'accueil des centres d'accueil;
un plan de contrôle de la circulation pour l'accès aux centres d'accueil et la gestion de la circulation dans et autour de ces centres;
l'organisation de l'enregistrement des personnes évacuées;
l'organisation du ravitaillement, de l'aide psycho-sociale et des soins médicaux;
la procédure d'activation des centres d'accueil.

Préparation au moment de l'événement (pour autant que la situation le permette)
Les autorités locales concernées doivent activer les centres d'accueil les mieux situés selon la situation. Les responsables de ces centres d'accueil doivent prendre les précautions nécessaires pour la préparation des centres en vue de l'exécution de leurs missions.
Les personnes accueillies doivent s'assurer qu'elles sont en possession de leurs documents d'identité, en vue de faciliter leur enregistrement.

Niveaux de référence
Il n'y a pas de niveau de référence spécifique pour cette action. Dès que la population est évacuée, un accueil et un enregistrement doivent être organisés.

Implémentation
En fonction du nombre total de personnes concernées, de la localisation des centres d'accueil disponibles et de leur capacité d'accueil et d'enregistrement, une stratégie adaptée de répartition de ces personnes est définie par le Comité fédéral de coordination en concertation avec le(s) gouverneur(s) concerné(s). La mise en oeuvre de l'organisation pratique des centres est supervisée par les autorités locales (les gouverneurs en concertation avec les bourgmestres).
Pour chaque centre d'accueil, les modalités pratiques approuvées sont appliquées comme décrit dans les procédures.

Durée
Les centres d'accueil sont maintenus en place tant que les autorités n'ont pas pu trouver pour la population déplacée une solution plus définitive comme le retour à domicile, l'hébergement par des proches ou amis ou le relogement dans des lieux et locaux plus appropriés (voir § 6.3.3.7).
Les centres d'accueil sont également maintenus pour permettre aux personnes qui auraient évacué par leurs propres moyens et n'auraient pas transité par les centres d'accueil de pouvoir a posteriori s'enregistrer et être informées.

Actions associées
En fonction des circonstances, les personnes enregistrées sont orientées soit vers les centres de contrôle et de décontamination (voir § 6.3.3.6) soit vers les centres de relogement (voir § 6.3.3.7).

Levée ou adaptation
Les centres d'accueil sont rendus à leur affectation première lorsque les personnes évacuées auront été enregistrées. Certains centres d'accueil peuvent toutefois être maintenus en activité en tant que centres d'information.

6.3.3.6 Contrôle de la contamination et décontamination de la population

Objectif
Après une mise à l'abri durant le passage d'un nuage radioactif et/ou une évacuation différée, un contrôle de la contamination de la population ayant été concernée par ces actions est organisé selon les modalités définies dans les plans d'urgence provinciaux. Cette action vise un quadruple objectif:
réduire les doses d'exposition dues à la contamination externe et à la contamination interne et l'impact sur la santé de la population ayant séjourné dans les régions survolées par le nuage radioactif;
évaluer et enregistrer les doses reçues par ces personnes en vue d'un suivi radiologique;
informer ces personnes, voire les rassurer vis-à-vis du risque sanitaire;
limiter la dissémination de particules radioactives et le transfert de contamination à des personnes ou des lieux en dehors des territoires affectés.

Domaine d'application
Cette action de protection directe de la population s'applique en période aiguë ou au début de la période de transition et doit être envisagée pour les personnes mises à l'abri et/ou évacuées (voir § 6.3.3.1 en § 6.3.3.3).

Préparation préalable
Les modalités concernant le contrôle de contamination et la décontamination de la population doivent être décrites dans les plans d'urgence et d'intervention et comprennent:
la localisation et la capacité des centres de contrôle et de décontamination (potentiels);
un plan de contrôle de la circulation pour l'accès aux centres de contrôle et de décontamination et la gestion de la circulation au niveau de ces centres;
l'organisation du contrôle de contamination de la population et des biens et, si nécessaire, la décontamination;
l'organisation des données relatives aux personnes contrôlées;
l'organisation du ravitaillement, de l'aide psycho-sociale et des soins médicaux.
Dans la mesure du possible, des niveaux de référence (généraux) et des principes de triage doivent être déterminés à l'avance.

Préparation au moment de l'événement (pour autant que la situation le permette)
Les personnes contrôlées doivent s'assurer qu'elles sont en possession de leurs documents d'identité, en vue de faciliter la gestion des données.
Les autorités fédérales doivent identifier le(s) centre(s) le(s) plus approprié(s) en tenant compte de la situation sur le terrain (direction du vent, l'accessibilité, etc.), activer les structures de soutien nécessaires et mettre le personnel et les moyens en stand-by (ou même prépositionnés).

Niveaux de référence
Le contrôle de contamination et la décontamination éventuelle, sont réservés, en priorité, aux groupes les plus à risques du fait du niveau d'exposition auquel ils ont été soumis et de leur plus grande radiosensibilité (mineurs et femmes enceintes ou allaitantes). Des principes de triage et des niveaux de référence sont déterminés par l'AFCN en collaboration avec le SPF Santé publique.

Implémentation
Le contrôle de la contamination et la décontamination de la population sont prioritaires par rapport au contrôle et à la décontamination des animaux domestiques, des biens et des véhicules. Les modalités organisationnelles sont décrites dans les procédures du centre de contrôle et de décontamination, validées par le Gouverneur de province.
En fonction des capacités de mesure et du nombre estimé de personnes à contrôler, des valeurs de triage sont déterminées sur base des niveaux de référence (éventuellement prédéterminés) pour répartir le flux de personnes en trois groupes:
les personnes non contaminées qui ne doivent faire l'objet d'aucune décontamination particulière;
les personnes faiblement contaminées pour lesquelles changer de vêtements et prendre une douche “domestique” procurent une décontamination suffisante;
les personnes significativement contaminées qui font l'objet d'une décontamination sous le contrôle ou avec l'aide d'un personnel spécialisé, d'un contrôle de l'efficacité de la décontamination et d'un traitement plus poussé (y compris une décontamination interne par des traitements médicaux) si nécessaire.
La contamination des animaux domestiques (chiens, chats,. ..) qui accompagnent la population évacuée est également contrôlée et ceux-ci font l'objet d'une décontamination externe si nécessaire et si possible.
Les biens personnels (bijoux, montres, vêtements) contaminés peuvent être décontaminés immédiatement, si cela est possible, et rendus à leur propriétaire. Dans le cas contraire, ils sont provisoirement stockés dans un emballage hermétique marqué au nom du propriétaire dans l'attente d'une décontamination.
Les véhicules sortant des zones contaminées subissent une première décontamination en dehors de la zone d'intervention en les faisant passer au jet d'eau. Des mesures effectuées à l'arrivée aux centres de décontamination doivent indiquer si cette première décontamination est suffisante ou non; le cas échéant, une décontamination plus poussée est mise en oeuvre ou le véhicule est orienté vers une zone de parking temporaire dans l'attente d'une décontamination ultérieure. Le transport des personnes momentanément privées de leur véhicule vers un lieu d'accueil temporaire est assuré par les autorités.
Les personnes qui risquent d'avoir été contaminées et qui ne se rendent pas dans les centres de contrôle de la contamination et de décontamination prévus recevront les instructions nécessaires via les canaux d'information à la population. Ceci leur permettra d'appliquer eux-mêmes une série d'actions de décontamination.

Durée
Les centres de contrôle et de décontamination sont maintenus pour permettre aux personnes qui auraient évacué par leurs propres moyens et n'auraient pas transité par ces centres de pouvoir bénéficier d'un contrôle de la contamination, d'une information plus personnalisée par rapport au risque radiologique encouru et d'une assistance médicale et/ou psycho-sociale.
Au besoin, les centres doivent faire l'objet de mesures pour contrôler la contamination et l'interférence potentielle avec les stations de mesure. Le cas échéant, les centres devront être (partiellement) décontaminés et/ou (temporairement) fermés et remplacés. Les critères pouvant entraîner une fermeture (temporaire) et/ou un déplacement du centre de décontamination doivent être décrits dans les procédures monodisciplinaires et/ou les procédures des centres préparés concernés.

Actions associées
En fonction des niveaux de contamination mesurés et de la dose d'exposition calculée, la population évacuée bénéficie d'un suivi médical approprié.

Levée ou adaptation
Les centres de contrôle et de décontamination sont rendus à leur affectation première lorsque la plupart des personnes pour lesquelles cela peut être nécessaire, auront subi un contrôle de la contamination. Ces sites feront d'abord l'objet de mesures approfondies pour contrôler la contamination résiduelle et, le cas échéant, devront être décontaminés selon les dispositifs décrits au paragraphe 6.3.3.8.
Certains centres de contrôle et de décontamination peuvent toutefois être maintenus en activité pour assurer le contrôle et la décontamination des personnes autorisées à pénétrer dans les zones évacuées, en particulier les intervenants en charge de la décontamination et de la réhabilitation de ces zones.

6.3.3.7 Relogement temporaire ou définitif des populations évacuées

Objectif
Le relogement temporaire ou définitif des personnes évacuées vers un lieu situé en dehors de la zone d'actions de protection a pour but de maintenir la population éloignée des zones dans lesquelles l'exposition ou le risque d'exposition radiologique est jugé inacceptable. Un relogement temporaire implique que les populations concernées pourront retourner chez elles dans un délai relativement court (quelques semaines à quelques mois). Le relogement définitif sous-entend que le retour ne pourrait être autorisé qu'après plusieurs mois, voire plusieurs années. Le relogement définitif ne peut être exécuté qu'après une information et une consultation de la population directement concernée au moment même.

Domaine d'application
Le relogement temporaire de la population évacuée s'applique dans la période aiguë et se poursuit durant le début de la période de transition. Le relogement définitif doit être envisagé durant la période de transition, dès que l'on estime que les populations concernées devraient rester éloignées durant de longues périodes (plusieurs mois, voire plusieurs années).

Préparation préalable
Afin de pouvoir accueillir dans les meilleures conditions possibles les personnes évacuées et leur offrir une solution temporaire de logement, tous les bourgmestres doivent identifier dans leur plan général d'urgence et d'intervention (PGUI):
la localisation et la capacité des centres d'hébergement (hôtels, centres sportifs, centres de loisirs...) qui peuvent offrir un lieu de séjour temporaire aux populations déplacées;
les possibilités de se procurer des équipements sanitaires mobiles (douches, toilettes), des couchages (lits de camps, couvertures,...), des cloisons amovibles,. ...
l'organisation de ces centres, y compris l'organisation du ravitaillement, de l'aide psychosociale et des soins médicaux.

Préparation au moment de l'événement (pour autant que la situation le permette)
En vue d'un relogement éventuel, les autorités prennent les contacts nécessaires en vue de l'activation des centres d'hébergement (mise en stand-by des centres, préparation de l'organisation de la fourniture de matériel et du ravitaillement, mise en stand-by des organisations identifiées pour assurer l'aide psycho-sociale et les soins médicaux...).
Le cas échéant, les autorités fédérales coordonneront la répartition des moyens éventuellement limités.

Niveaux de référence
Le relogement doit être envisagé dès le moment où la dose efficace, toutes voies d'exposition confondues (y compris l'ingestion), pour les groupes de population les plus sensibles (mineurs et femmes enceintes ou allaitantes), estimée durant la première année après le passage du nuage ou toute année consécutive, risque de dépasser 20 mSv/12 mois consécutifs glissants. Si les circonstances le permettent, en tenant compte des principes de précaution et ALARA et après consultation des populations concernées, les actions de relogement seront recommandées pour des niveaux de doses plus faibles en visant à atteindre la valeur limite d'exposition de la population (1 mSv par an).
Les valeurs estimées supérieures à 20 mSv/12 mois consécutifs glissants ne sont acceptables que sous réserve de directives spécifiques ou de restrictions supplémentaires et dans la mesure où le respect de ces consignes et restrictions permet de réduire la dose efficace en dessous du niveau de référence supérieur de 20 mSv/12 mois consécutifs glissants. Des informations et directives ciblées pourront notamment être fournies aux groupes de la population les plus sensibles (mineurs, femmes enceintes ou allaitantes) en vue de leur protection.

Implémentation
Il s'agit d'une action de protection qui est justifiée par la présence d'une contamination résiduelle significative après un rejet. En principe, cette action ne concerne que la population (ou une partie de celle-ci) qui a été mise à l'abri ou évacuée lors de la période aiguë.
Après une évacuation préventive et lorsqu'il s'avère que des rejets ont donné lieu à une contamination résiduelle significative ou après une évacuation différée, les évacués sont orientés vers des centres dédiés, conformément à la stratégie d'évacuation (voir § 0). De là, les évacués peuvent alors partir vers les destinations qui leur sont indiquées.

Durée
Le relogement est prévu pour des durées plus ou moins longues en fonction des conséquences de l'événement, de l'intensité des dépôts, de l'évolution dans le temps de la contamination déposée et de l'efficacité des actions de protection. Il pourra être temporaire si les conditions de vie dans la zone évacuée peuvent être rétablies dans un délai raisonnable. Dans le cas contraire, le relogement sera définitif.

Actions associées
Le relogement fait normalement suite à une évacuation, qu'elle ait été préventive ou différée après une mise à l'abri. Il est difficilement concevable que la population soit déplacée et relogée sans avoir fait l'objet d'une action de protection directe (mise à l'abri et/ou évacuation) durant la période aiguë. La zone dont la population a été évacuée doit être bouclée et surveillée par la discipline 3, si nécessaire soutenue logistiquement par la discipline 4, et l'accès à cette zone est contrôlé dans la mesure du possible (voir § 6.3.3.4).

Levée ou adaptation
Le retour à domicile peut être considéré dès le moment où la dose d'exposition estimée reçue par les groupes de la population les plus sensibles (mineurs et femmes enceintes ou allaitantes) est inférieure à 20 mSv/12 mois consécutifs glissants. Le retour à domicile ne sera autorisé qu'après consultation de la population concernée et en tenant compte des circonstances, de l'application du principe ALARA et du principe de précaution. La limite d'exposition de la population de 1 mSv par an sera visée. Si un retour à domicile n'est pas acceptable, un relogement temporaire doit être transformé en un relogement définitif.
Les personnes qui reviennent dans une zone évacuée reçoivent préalablement les informations et consignes nécessaires. Les groupes cibles prioritaires feront l'objet de consignes et recommandations particulières et adaptées. Des informations et directives ciblées pourront notamment être fournies à certains groupes sensibles de la population (mineurs, femmes enceintes ou allaitantes) en vue de leur protection.

6.3.3.8 Décontamination des zones habitables, de travail ou de loisirs

Objectif
La décontamination des zones habitables, de travail ou de loisirs est une action dont le but est de limiter l'irradiation et la contamination externe de la population par la radioactivité déposée. Elle fait partie des opérations de suivi et de rétablissement et vise notamment le rétablissement du logement, du travail et de la récréation dans une zone spécifique. Les techniques mises en oeuvre sont diverses et variées en fonction de la nature des contaminants et de la nature des surfaces à décontaminer: nettoyage des voies publiques, des toitures, des murs des bâtiments et des cours, élimination des tontes de pelouses, des feuilles mortes, et/ou de la surface du sol dans les parcs et plaines de jeux...

Domaine d'application
Cette action s'applique durant les périodes de transition et de rétablissement.

Préparation préalable
Les niveaux maximaux de contamination radioactive admissibles dans l'environnement sont convertis en niveaux opérationnels dérivés, exprimés en termes de contamination surfacique (Bq/m2). Ils sont déterminés par l'AFCN en collaboration avec le SPF Santé publique, en fonction des radionucléides déposés et de l'utilisation des zones particulières (public cible, durée de fréquentation journalière,. ..). Ces niveaux opérationnels dérivés sont intégrés dans les procédures de la Cellule d'évaluation.
Vu les quantités de déchets radioactifs qui sont générés par cette action, il est indispensable de pouvoir disposer d'une stratégie pour le triage de ces déchets, leur entreposage temporaire et leur traitement en vue d'un stockage définitif (voir § 4.2.3).

Préparation au moment de l'événement
Des priorités doivent être définies en fonction de la réduction attendue des doses, des groupes cibles concernés et des capacités en moyens humains et techniques. La stratégie de gestion des déchets doit être concrétisée (voir § 3.8). Les intervenants en charge de la mise en oeuvre de cette action doivent être informés des risques encourus et des moyens de protection à prendre.

Niveaux de référence
Les niveaux de référence (voir § 6.2.2.3) utilisés pour ces actions doivent être définis en tenant compte des radionucléides déposés, des niveaux de contamination, de la nature des surfaces, du temps écoulé depuis l'événement, de l'affectation des lieux considérés et de leur fréquentation par des groupes cibles particuliers (par exemple, les écoles, les crèches ou les plaines de jeux fréquentées par les enfants).

Implémentation
Les organisations responsables des secteurs concernés, au niveau national, des entités fédérées et des associations professionnelles sont informées des évaluations et des décisions envisagées par la Cellule de gestion afin qu'elles en informent, à leur tour, les secteurs concernés.
Les techniques de décontamination sont déterminées en fonction des objets visés par la décontamination, de l'efficacité attendue, des risques radiologiques et autres pour les intervenants et des déchets produits.

Durée
Les actions de décontamination sont poursuivies tant qu'elles restent justifiées, c'est-à-dire que le bénéfice en termes de réduction de dose reste supérieur aux coûts de mise en oeuvre, y compris le coût de la gestion des déchets et d'exposition des intervenants. La décision de poursuivre ou non ces actions, principalement basée sur des critères radiologiques, prend donc également en considération les aspects économiques et les avis des partenaires concernés.

Actions associées
La fréquentation de certaines zones peut être limitée voire interdite dans l'attente d'une décontamination. L'application de ces limitations ou interdictions est contrôlée par les autorités compétentes (voir § 6.3.3.4).

Levée ou adaptation
Les zones frappées par des interdictions ou des restrictions de la fréquentation sont régulièrement adaptées en fonction de la mise en oeuvre des actions de décontamination et du niveau de contamination résiduel. Les aspects économiques et les avis des partenaires concernés sont également pris en considération dans la décision de lever ou d'adapter cette action.

6.3.4 Actions de protection indirecte de la population

6.3.4.1 Interdictions ou restrictions concernant la consommation d'aliments ou d'eau contaminés

Objectif
Ces recommandations visent à empêcher ou, au moins, à diminuer la contamination interne de la population suite à l'ingestion d'eau ou d'aliments contaminés. Le but visé est la diminution de la dose collective et du risque individuel à long terme, tout en évitant que ces restrictions n'aient plus d'effets négatifs (pénurie d'approvisionnement en produits de remplacement, mise en péril d'un secteur d'activité économique,. ..) que ceux liés à l'exposition interne aux radiations ionisantes. Ce pourrait être le cas lorsque le niveau de contamination toléré dans les produits de consommation est fixé à un seuil proche du niveau zéro. Il faut souligner que, dans la plupart des cas, ces actions sont justifiées pour des rejets inférieurs à ceux qui conduiraient à devoir prendre des actions urgentes de protection directe de la population (voir § 6.3.3). En effet, il s'agit de limiter l'exposition à long terme.

Domaine d'application
Cette action peut être initiée dès la période aiguë. Elle s'applique également durant les périodes de transition et de rétablissement.

Préparation préalable
La description des actions prises en application de la réglementation européenne (obligations pour les industries agro-alimentaires, certificats, destructions...) est fixée dans les plans spécifiques des organisations concernées, établis en concertation avec les services concernés de l'AFCN et de l'AFSCA. Les manipulations à effectuer pour l'échantillonnage et la mesure des échantillons diffèrent en fonction de la situation (routine ou accidentelle). Les procédures d'échantillonnage et de mesure établies pour les contrôles de routine décrivent également les adaptations nécessaires pour effectuer ces manipulations en situation accidentelle. Le personnel en charge des prélèvements reçoit une formation préalable (voir § 7.1.3.2).
Les niveaux maximaux de contamination radioactive sont convertis en niveaux opérationnels dérivés exprimés en termes de contamination surfacique (en Bq/m2) par le biais d'hypothèses spécifiques (p.ex. facteur d'interception, transfert sol-plante-produit animal). Ces niveaux opérationnels dérivés sont intégrés dans les procédures de la Cellule d'évaluation.

Préparation au moment de l'événement
En accord avec les procédures de la Cellule de mesure, les agents responsables de l'échantillonnage et de la mesure des échantillons reçoivent une information quant au risque radiologique et se munissent de leurs équipements de protection individuels et de dosimètres. Ils vérifient l'inventaire de leurs véhicules. Les laboratoires se préparent à la réception, au triage et à la mesure des échantillons.

Niveaux de référence
Les niveaux maximaux de contamination radioactive (Bq/kg ou Bq/I) des aliments destinés à la consommation humaine et animale sont fixés par le règlement européen Euratom 2016/52 (69) (voir Tableau 7) et repris dans le RGPRI.
En cas d'événement risquant d'entraîner ou ayant entraîné une contamination radioactive importante des denrées alimentaires et des aliments pour animaux, la Commission Européen adopte un règlement d'exécution rendant applicables ces niveaux maximaux admissibles pour les denrées alimentaires ou les aliments pour animaux potentiellement contaminés qui pourraient être mis sur le marché. Ces niveaux maximaux de contamination des aliments sont applicables dans les premières semaines après un événement et s'adressent en premier lieu à la commercialisation au sein de l'UE. La durée de validité du premier règlement d'exécution adopté à la suite d'un événement ou de toute autre situation d'urgence radiologique est aussi courte que possible et n'excède pas trois mois. Les règlements d'exécution sont périodiquement revus par la Commission et, au besoin, modifiés en fonction de la nature et du lieu de l'événement ainsi que de l'évolution du niveau de contamination radioactive réellement mesuré. En cas d'événement, ces règlements d'exécution sont revus périodiquement en fonction des caractéristiques des dépôts et après consultation d'un groupe d'experts européens nommés dans le cadre de l'art. 31 du Traité EURATOM.
 
Denrées alimentaires (Bq/kg ou Bq/I) (70)
 
Aliments pour nourrissons (71)
Produits laitiers (72)
Autres denrées alimentaires à l'exception des denrées alimentaires de moindre importance (73)
Denrées alimentaires de moindre importance (74)
Liquides alimentaires
Aliments pour bétail (Bq/kg ou Bq/I) (75)
Somme des nucléides du strontium notamment90Sr
75
125
750
7500
125
 
Somme des nucléides de l'iode, notamment131l
150
500
2000
20000
500
 
Somme des nucléides du plutonium et des éléments transplutoniens à émission alpha, notamment239Pu et241Am
1
20
80
800
20
 
Somme de tous autres nucléides à période radioactive supérieure à 10 jours (76) , notamment134Cs et137Cs
 
 
 
 
 
– Porcs: 1250
400
1000
1250
12500
1000
– volailles, agneaux, veaux: 2500
 
 
 
 
 
– autres: 5000
Tableau 7: Niveaux maximaux admissibles pour la libre circulation à l'intérieur de l'UE des denrées alimentaires et les aliments pour bétail (Bq/kg ou Bq/I).
Le Règlement européen 2016/52 prévoit cependant que des niveaux spécifiques puissent être appliqués pour les zones proches du lieu de l'événement. Il faut également garder à l'esprit que ces niveaux ne concernent que les aspects de commercialisation et ont été établis sur base d'hypothèses générales. Des niveaux plus restrictifs peuvent être envisagés, le cas échéant, dans le cadre notamment de la contamination du lait par l'iode-131 (consommation par les enfants) ou la contamination du lait et des légumes frais par des émetteurs alpha à vie longue (consommation des tout petits enfants).
En l'absence d'une connaissance complète de la contamination des denrées alimentaires sur base de mesures d'échantillons, ces actions sont décidées en considérant la modélisation des dépôts radioactifs sur le sol puis la cartographie des dépôts réalisée par des moyens mobiles, principalement les mesures aériennes (spectrométrie gamma aérienne) (voir § 2.1.4.2). Des valeurs opérationnelles de dépôt total sur le sol (Tableau) et de contamination dans l'herbe (Tableau) ont été établies sur base d'hypothèses relatives à la contamination des légumes dont on mange les feuilles, du lait de vache et de la viande bovine par les principaux contaminants radioactifs (iode-131, césium-137 et 134, strontium-90, plutonium-239 et américium-241).
Contaminant radioactif
Lait
Légumes
Viande
90Sr
10 000
4 000
300 000
1311
4 000
10 000
40 000
134Cs
10 000
6 000
10 000
137Cs
10 000
6 000
10 000
239Pu
800 000 000
400
80 000 000
241Am
8 000 000
400
8 000
Tableau 8: Niveaux dérivés de contamination du sol (Bq/m2)
Contaminant radioactif
Lait
Légumes
Viande
90Sr
5 000
2 000
150 000
131|
2 000
5 000
20 000
134Cs
5 000
3 000
5 000
137Cs
5 000
3 000
5 000
239Pu
400 000 000
200
40 000 000
241Am
4 000 000
200
4 000
Tableau 9: Niveaux dérivés de contamination de l'herbe (Bq/kg poids humide)

Implémentation
En pratique, les actions prises pour diminuer la contamination interne de la population reposent surtout sur des restrictions et/ou interdictions de l'utilisation ou de la commercialisation des denrées alimentaires (et de l'eau potable), lorsque la contamination de celles-ci dépasse certains niveaux maximaux admissibles.
Sur base des estimations fournies par les modèles de calcul et des premières mesures réalisées dans l'environnement, la consommation de certaines denrées alimentaires et d'eau potable peut être déconseillée. Les produits prioritairement visés sont les légumes dont on consomme les feuilles (salades, épinards...) ou les fruits (tomates, haricots...), le lait et les eaux potables provenant de réservoirs en plein air et des cours d'eau.
Un contrôle de la contamination des produits alimentaires est mis en place par l'AFSCA en collaboration avec l'AFCN. Le contrôle de la contamination des eaux potable est mis en place par les compagnies de distribution et les autorités fédérées en collaboration avec l'AFCN. Un contrôle spécifique doit être prévu pour les produits qui ne suivent pas le circuit de vente traditionnel (champignons et baies sauvages, gibier,. ..).

Durée
Le début et la durée de la période d'interdiction de consommer certains produits alimentaires et/ou l'eau potable dépendent du type de produit, des nucléides libérés dans l'environnement et de la voie d'absorption.

Actions associées
La circulation des produits et des animaux de et vers la zone sous contrôle peut être limitée et l'application de cette limitation contrôlée par les autorités compétentes. Parallèlement, une stratégie d'approvisionnement en eau potable et aliments non contaminés de première nécessité, notamment ceux destiné aux groupes les plus sensibles de la population, doit être mise en place dans le but de pallier les produits interdits de consommation.

Levée ou adaptation
Lorsque l'interdiction de consommation est décidée comme une action préventive, sur base des estimations des modèles de calcul, elle est imposée jusqu'au moment où les dépôts sont suffisamment cartographiés, où les contrôles nécessaires sur la contamination effective sont mis en place et où les contrôles révéleront des taux de contamination sous les (nouveaux) niveaux de référence envisagés.
Les zones dans lesquelles les interdictions ou les restrictions de consommation sont d'application sont régulièrement adaptées (voir § 3.4.3) en fonction du niveau de contamination attendu ou mesuré dans les produits alimentaires concernés.

6.3.4.2 Autres actions concernant la protection de la chaîne alimentaire

Objectif
D'autres actions comme l'interdiction de pâturage, la mise à l'abri du bétail avec nourrissage et abreuvage avec des fourrages et une eau non contaminés, l'évacuation du bétail vers des zones non contaminées, la déconnection des alimentations des citernes d'eaux pluviales, l'interdiction d'arrosage ou d'irrigation avec des eaux de citernes ou de de surface, l'interdiction d'abattage, de chasse, de récolte,. .. ont pour but d'empêcher ou de limiter la contamination radiologique des denrées alimentaires. Ces actions doivent être mises en oeuvre dès que possible après la fin des rejets et le passage du nuage radioactif. Ici également, ces actions sont, dans la plupart des cas, justifiées pour des rejets inférieurs à ceux qui conduiraient à devoir prendre des mesures urgentes de protection directe de la population (voir § 6.3.3).

Domaine d'application
Ces actions peuvent être initiées dès la période aiguë mais s'appliquent essentiellement durant les périodes de transition et de rétablissement.

Préparation préalable
La description de ces actions est fixée dans les plans spécifiques des départements concernés (voir § 7.1.2), établis en concertation avec les départements concernés de l'AFCN et de l'AFSCA. Les messages et instructions sont préparés en conséquence.

Préparation au moment de l'événement
En concertation étroite avec les cellules d'évaluation et de mesure, les départements concernés prennent les contacts nécessaires pour préparer la mise en oeuvre effective de ces actions (organisations et fédérations responsables des secteurs concernés,. ..).

Niveaux de référence
Les niveaux de référence utilisés pour ces actions sont les mêmes que ceux utilisés pour décider d'interdictions ou de restrictions concernant la consommation d'aliments ou d'eau contaminés (voir § 6.3.4.1).

Implémentation
Pour ce qui concerne l'action d'évacuation du bétail, cette action n'est envisageable que dans le cadre d'un scénario d'évacuation de la population et à condition qu'il y ait un manque d'étables dans la zone affectée et que la zone soit suffisamment petite. L'évacuation du bétail est une opération qui est principalement inspirée par des arguments économiques, et par conséquent elle n'est appliquée qu'après que la population n'ait été dûment protégée. C'est pourquoi, cette action n'est considérée que lors d'une évacuation différée.
Les autres actions sont déployées conformément aux plans spécifiques des départements concernés. Les organisations responsables des secteurs concernés et les associations professionnelles sont impliquées dans la mise en oeuvre de ces actions.

Durée
Le début et la durée de ces actions dépendent du type de terrains concernés (pâturages,. ..), des nucléides libérés dans l'environnement et de la voie de contamination.

Actions associées
Tout comme les actions d'interdiction ou de restriction de consommation alimentaire, la circulation des produits et des animaux de et vers la zone sous contrôle peut être limitée et l'application de cette limitation contrôlée par les autorités compétentes.

Levée ou adaptation
Lorsque ces actions sont décidées comme actions préventives, sur base des estimations des modèles de calcul, elles sont imposées jusqu'au moment où les dépôts sont suffisamment cartographiés (voir § 3.2), les contrôles nécessaires sur la contamination effective ont été réalisés et ces contrôles révéleront des taux de contamination sous les (nouveaux) niveaux de référence envisagés.
Les zones dans lesquelles ces actions sont d'application sont régulièrement adaptées en fonction du niveau de contamination attendu ou mesuré dans les zones et productions concernées.

6.3.4.3 Interdictions ou restrictions concernant la production d'aliments ou d'eau potable

Objectif
Ces recommandations visent à empêcher ou, au moins, à diminuer la contamination interne de la population suite à l'ingestion d'eau ou d'aliments contaminés. Le but visé est une diminution de la dose collective et du risque individuel à long terme, tout en évitant que ces restrictions n'aient plus d'effets négatifs (pénurie d'approvisionnement en produits de remplacement, mise en péril d'un secteur d'activité économique,. ..) que ceux qui seraient liés à l'exposition interne aux radiations ionisantes. Ces recommandations évitent également la production de denrées non consommables du fait de leur concentration en radioactivité et donc évitent que ces denrées ne doivent être traitées comme des déchets radioactifs.

Domaine d'application
Cette action s'applique durant les périodes de transition et de rétablissement.

Préparation préalable
Les niveaux maximaux de contamination radioactive sont convertis en niveaux opérationnels dérivés exprimés en termes de contamination massique (en Bq/kg ou Bq/I) ou surfacique (Bq/m2) par le biais d'hypothèses spécifiques en fonction des cultures et du type de sol. Ces niveaux opérationnels dérivés sont intégrés dans les procédures de la Cellule d'évaluation.
Les procédures d'échantillonnage et de mesure établies pour les contrôles de routine décrivent les adaptations nécessaires lors de ces manipulations en situation accidentelle. Le personnel en charge des prélèvements reçoit une formation préalable.

Préparation au moment de l'événement
Les paramètres caractéristiques de l'environnement et les mesures de radioactivité utiles sont rassemblés et complétés si nécessaire. Ces données sont utilisées afin de calculer au moyen de modèles mathématiques les niveaux de contamination radioactive attendus dans les aliments et l'eau potable.

Niveaux de référence
Les niveaux de référence utilisés pour ces actions doivent être définis en tenant compte des niveaux de contamination et de la nature des sols, du temps écoulé depuis l'événement et du transfert de la radioactivité aux produits considérés. Ils doivent être revus annuellement.
Compte tenu de sa courte demi-vie, la contamination en iode radioactif ne doit pas être considérée pour ces actions.

Implémentation
Les organisations responsables des secteurs concernés, au niveau national, des entités fédérées et des associations professionnelles sont informées des évaluations et des décisions envisagées par la Cellule de gestion afin qu'elles en informent, à leur tour, les secteurs concernés.

Durée
La durée de l'interdiction de produire certains produits alimentaires dépend du type de produit, des nucléides libérés dans l'environnement et de la voie de contamination. La prolongation de l'action est réévaluée périodiquement sur base de la validation des résultats prévus par des modèles et les prévisions concernant les productions futures. La décision de poursuivre ou non cette action est principalement basée sur des critères radiologiques mais prend également en considération les aspects économiques et les avis des partenaires concernés.

Actions associées
La circulation des produits et des animaux de et vers la zone sous contrôle peut être limitée et l'application de cette limitation contrôlée par les autorités compétentes.

Levée ou adaptation
Les zones dans lesquelles les interdictions ou restrictions concernant la production d'aliments ou d'eau potable sont d'application sont régulièrement adaptées en fonction du niveau de contamination attendu ou mesuré dans les produits alimentaires concernés. Les aspects économiques et les avis des partenaires concernés sont également pris en considération dans la décision de lever ou d'adapter cette action.

6.3.4.4 Ajout d'additifs dans l'alimentation animale

Objectif
L'ajout d'additifs dans l'alimentation animale vise à empêcher ou, au moins, à diminuer la contamination interne de la population suite à l'ingestion d'aliments d'origine animale (viande, lait, œufs) contaminés en limitant l'absorption d'éléments radioactifs par ces animaux. Cette action évite également la production de denrées non consommables du fait de leur concentration en radioactivité et donc évitent que ces denrées doivent être traitées comme des déchets radioactifs.

Domaine d'application
Cette action s'applique durant les périodes de transition et de rétablissement.

Préparation préalable
Dans la mesure du possible, des stocks des additifs nécessaires doivent être disponibles ou, à défaut, les sources possibles d'approvisionnement rapide doivent au moins avoir été identifiées. Des documents d'information à destination des secteurs concernés et de la population doivent être rédigés par les autorités compétentes.

Préparation au moment de l'événement
La distribution des additifs et des documents d'information utiles est organisée afin de permettre la mise en œuvre de cette action dans les meilleurs délais.

Niveaux de référence
Les niveaux de référence utilisés pour ces actions doivent être définis en tenant compte des niveaux de contamination dans les fourrages et l'eau potable et du transfert de la radioactivité aux produits animaux considérés.

Implémentation
Les organisations responsables des secteurs concernés, au niveau national, des entités fédérées et des associations professionnelles sont informées des évaluations et des décisions envisagées par la Cellule de gestion. Dans la mesure où l'acceptabilité de ce type d'action est confirmée, les additifs et les instructions relatives à leur bon usage sont fournis aux secteurs concernés pour leur mise en œuvre.

Durée
La durée de l'interdiction de produire certains produits alimentaires dépend du type de produit, des nucléides libérés dans l'environnement et de la voie de contamination. La prolongation de l'action est réévaluée périodiquement sur base de la validation des résultats prévus par les modèles et les prévisions concernant les productions futures. La décision de poursuivre ou non cette action est principalement basée sur des critères radiologiques mais prend également en considération les aspects économiques et les avis des partenaires concernés.

Actions associées
Le respect de mise en œuvre de cette action est contrôlé par les services d'inspections concernés et les organisations responsables.

Levée ou adaptation
Les zones dans lesquelles les interdictions ou restrictions concernant la production d'aliments ou d'eau potable sont d'application sont régulièrement adaptées en fonction du niveau de contamination attendu ou mesuré dans les produits alimentaires concernés. Les aspects économiques et les avis des partenaires concernés sont également pris en considération dans la décision de lever ou d'adapter cette action.

6.3.4.5 Décontamination des zones de production agricoles et horticoles

Objectif
La décontamination des zones de production agricoles et horticoles est une action dont le but est de limiter la contamination des denrées alimentaires par la radioactivité déposée. Les techniques mises en oeuvre sont diverses et variées en fonction de la nature des sols à décontaminer: élimination de la végétation présente au moment du passage du nuage radioactif, décapage de la surface du sol, labours avec enfouissement de la matière végétale qui n'aurait pas été préalablement récoltées...

Domaine d'application
Cette action s'applique durant les périodes de transition et de rétablissement. Les actions liées à l'élimination de la végétation sont principalement à considérer lors des premiers mois après l'événement.

Préparation préalable
Les niveaux maximaux de contamination radioactive admissibles dans l'environnement sont convertis en niveaux opérationnels dérivés exprimés en termes de contamination surfacique (Bq/m2). Ces niveaux opérationnels dérivés sont intégrés dans les procédures de la Cellule d'évaluation.
Vu les quantités de déchets radioactifs qui sont générés par cette action, il est indispensable de disposer d'une stratégie pour le transport de ces déchets, leur triage, leur entreposage temporaire et leur traitement en vue d'un stockage définitif (voir § 3.8 et § 4.2.3).

Préparation au moment de l'événement
Des priorités doivent être définies en fonction de la réduction attendue des doses, des groupes cibles concernés et des capacités en moyens humains et techniques. La stratégie de gestion des déchets doit être concrétisée (voir § 3.8). Les intervenants, en particulier les agriculteurs et les horticulteurs en charge de la mise en oeuvre de cette action doivent être informés des risques encourus et des moyens de protection à prendre.

Niveaux de référence
Les niveaux de référence utilisés pour ces actions doivent être définis en tenant compte des niveaux de contamination, de la densité du couvert végétal au moment de la contamination, de la nature des sols et du temps écoulé depuis l'événement.

Implémentation
Les organisations responsables des secteurs concernés, au niveau national, des autorités fédérées et des associations professionnelles sont informées des évaluations et des décisions envisagées par la Cellule de gestion afin qu'elles en informent, à leur tour, les secteurs concernés.
Les techniques de décontamination sont déterminées en fonction des objets visés par la décontamination, de l'efficacité attendue, des risques radiologiques et autres pour les intervenants et des déchets produits.

Durée
Les actions de décontamination sont poursuivies tant qu'elles restent justifiées, c'est-à-dire tant que le bénéfice en termes de réduction de dose du fait de la décontamination des zones de production agricoles et horticoles reste supérieur aux coûts de mise en oeuvre, y compris le coût de la gestion des déchets. La décision de poursuivre ou non cette action, principalement basée sur des critères radiologiques, prend donc également en considération les aspects économiques et les avis des partenaires concernés.

Actions associées
L'utilisation de certaines zones peut être limitée voire interdite dans l'attente d'une décontamination. L'application de ces limitations ou interdiction est contrôlée par autorités compétentes.

Levée ou adaptation
Les zones concernées par les interdictions ou restrictions de l'utilisation sont régulièrement adaptées en fonction de la mise en oeuvre des actions de décontamination et du niveau de contamination résiduel. Les aspects économiques et les avis des partenaires concernés sont également pris en considération dans la décision de lever ou d'adapter cette action.

(69)
Euratom 2016/52 fixant les niveaux maximaux admissibles de contamination radioactive pour les denrées alimentaires et les aliments pour animaux après un accident nucléaire ou dans toute autre situation d'urgence radiologique.
(70)
Le niveau applicable aux produits concentrés ou séchés est calculé sur la base du produit reconstitué prêt à la consommation. Les États membres peuvent formuler des recommandations concernant les conditions de dilution en vue d'assurer le respect des niveaux maximaux admissibles fixés par le présent règlement.
(71)
On entend par “aliments pour nourrissons” les denrées alimentaires destinées à l'alimentation des nourrissons pendant les douze premiers mois de leur vie, qui satisfont en elles-mêmes aux besoins alimentaires des bébés et sont présentées pour la vente au détail dans des emballages aisément reconnaissables et étiquetés en tant que tels.
(72)
On entend par “produits laitiers” les produits relevant des codes NC suivants, y compris, le cas échéant, toutes les adaptations qui pourraient ultérieurement leur être apportées: 0401 et 0402 (sauf 0402 2911).
(73)
Les denrées alimentaires de moindre importance et les niveaux correspondants qui doivent leur être appliqués sont indiqués à l'annexe II du Règlement 2016/52/Euratom du Conseil de l'Union européenne.
(74)
On entend par “liquides destinés à l'alimentation” les produits qui relèvent de la position 2009 et du chapitre 22 de la nomenclature combinée. Les valeurs sont calculées compte tenu de la consommation d'eau courante, et les mêmes valeurs pourraient être appliquées à l'approvisionnement en eau potable suivant l'appréciation des autorités compétentes des États membres.
(75)
Ces niveaux sont destinés à contribuer au respect des niveaux maximaux admissibles pour les denrées alimentaires; ils ne peuvent pas à eux seuls garantir ce respect en toutes circonstances et ils ne réduisent pas l'obligation de contrôler les niveaux de contamination existants dans les produits d'origine animale destinés à la consommation humaine. Ces niveaux s'appliquent aux aliments pour animaux prêts à la consommation.
(76)
Le carbone 14, le tritium et le potassium 40 ne sont pas compris dans ce groupe.

7 Preparation aux situations d'urgence radiologiques et nucleaires

7.1 La période aiguë et la période de transition en gestion de crise

7.1.1 Introduction - le plan cadre
Dans la préparation à toute situation d'urgence nucléaire ou radiologique, le présent plan constitue la première étape. Le plan d'urgence nucléaire est le plan cadre qui définit les principes directeurs relatifs à la gestion des situations d'urgence nucléaires. Il comprend des directives organisationnelles flexibles pour répondre à la fois aux situations d'urgence restreintes et aux situations d'urgence de grande ampleur.
Dans le prolongement du présent plan, des préparations supplémentaires doivent avoir lieu au niveau des autorités concernées, des cellules de crise, des disciplines et des services en ce qui concerne les domaines suivants:
l'élaboration de plans d'urgence qui en découlent, de procédures, d'analyses socioéconomiques et d'outils;
la diffusion d'informations et de formations à tous les acteurs concernés;
l'organisation d'exercices.
La coordination générale de cette préparation est assurée par le NCCN, mandaté en ce sens par le ministre de l'Intérieur, en étroite collaboration avec l'AFCN. En cette qualité, le NCCN:
veille à la cohérence des développements dans les domaines susmentionnés aux différents niveaux par rapport aux dispositions du présent plan;
facilite la collaboration entre les autorités, les instances et les services concernés dans le cadre de la gestion de crise intégrée;
coordonne les projets d'amélioration en faveur de la planification d'urgence nucléaire et de la gestion de crise;
organise les exercices de planification d'urgence et assure leur suivi dans le cadre du présent plan avec une attention pour les éventuels projets d'amélioration et plans d'action qui en découlent.
Ceci ne porte toutefois pas préjudice au fait que chaque autorité, instance ou service concerné doit développer lui-même les initiatives préparatoires nécessaires ou y participer en vue de l'exécution par son personnel de ses propres missions et responsabilités dans le cadre du présent plan. À la demande du NCCN, la coordination de certains aspects spécifiques des préparations supplémentaires susmentionnées peut être assurée par un des partenaires concernés.

7.1.2 Procédures et plans complémentaires requis
Conformément au présent plan, et comme indiqué dans les chapitres 2 et 3, tous les partenaires concernés sont chargés de la mise en place de procédures, plans et analyses complémentaires aux différents niveaux (à l'exception des départements fédérés/centres de crise régionaux qui y sont invités). Leur élaboration relève de la responsabilité de:
l'exploitant dans le cadre du plan d'urgence interne, en ce qui concerne les mécanismes d'interaction avec les autorités administratives et les disciplines.;
les présidents des cellules de crise nationales en ce qui concerne les procédures de fonctionnement de ces cellules;
les gouverneurs et les bourgmestres concernés au sein des zones de planification d'urgence autour des installations nucléaires, pour l'élaboration des plans particuliers d'urgence et d'intervention qui décrivent l'organisation de la coordination opérationnelle au niveau local et de l'appui à la coordination stratégique, avec une attention particulière pour les secteurs socio-économiques spécifiques (vulnérables).
Si la zone de planification d'urgence couvre le territoire de plusieurs provinces, les gouverneurs concernés peuvent élaborer des plans particuliers d'urgence et d'intervention zonaux, ce qui signifie que les cellules de sécurité provinciales valident des plans identiques.
Dans le cas où un gouverneur au sein d'une zone de planification d'urgence souhaite traduire les principes du présent plan dans un plan particulier d'urgence et d'intervention distinct pour sa province, ce plan ne pourra être validé par sa cellule de sécurité qu'après avoir reçu un avis conforme de chacun des gouverneurs de la zone de planification d'urgence, attestant que le PPUI en question est conforme à leur propre PPUI distinct ou au PPUI zonal.
les autres gouverneurs (et l'autorité compétente de l'agglomération bruxelloise) et les bourgmestres, en ce qui concerne l'ajout d'une annexe aux plans généraux d'urgence et d'intervention dans le cadre de l'appui de la gestion de crise et l'éventuel élargissement dans le cas d'une situation réelle, des actions de protection à leur territoire;
les responsabilités des disciplines opérationnelles sur le terrain dans le cadre des plans d'intervention monodisciplinaires pour ce qui est de l'insertion des aspects spécifiques liés aux interventions lors des situations d'urgence radiologiques et nucléaires. Une attention doit ici notamment être accordée aux dispositions relatives à la protection du personnel d'intervention et l'inventorisation des capacités existantes en matière de moyens de protection et d'intervention;
les responsables des départements fédéraux pour les procédures qui organisent le fonctionnement des cellules de crise départementales, avec une attention particulière pour la collaboration avec les autorités fédérées responsables dans ces mêmes domaines de compétences;
les responsables des départements fédérés/centres de crise régionaux pour les procédures qui organisent le fonctionnement des centres de crise régionaux, avec une attention particulière pour la collaboration avec les départements fédéraux responsables dans ces mêmes domaines de compétences;
L'ONDRAF, en collaboration avec l'AFCN, pour l'élaboration d'une stratégie de base pour la gestion des déchets nucléaires et radiologiques résultant d'une situation d'urgence. Cette stratégie doit comporter des points d'attention qui, dans la mesure du possible, pourraient déjà être pris en compte pendant la période aiguë.
Le suivi de la cohérence des plans, procédures et analyses élaborés se déroule via un système par étapes:
le NCCN assure, en concertation avec l'AFCN, la coordination et la cohérence générale des développements. Il travaille en étroite collaboration avec les présidents des cellules nationales (ou leurs délégués), avec les services fédéraux liés aux disciplines opérationnelles sur le terrain, avec les responsables des départements fédéraux et des autorités fédérées/centres de crise régionaux et avec les gouverneurs;
les partenaires du NCCN veillent à leur tour à la cohérence des développements au niveau des autorités, services et institutions impliqués dans les plans, procédures et analyses pour les aspects du plan dont ils sont responsables;
l'AFCN suit la cohérence des mécanismes d'interaction entre les plans d'urgence internes des exploitants et les plans d'urgences externes des autorités et disciplines;
Les gouverneurs s'assurent de l'élaboration des plans et procédures au niveau des centres d'alerte locaux, des bourgmestres concernés et des disciplines opérationnelles sur le terrain dans le cadre des plans d'urgence et d'intervention particuliers. Une attention particulière doit être accordée aux plans d'urgence internes des collectivités (installations industrielles, écoles, maisons de repos, hôpitaux, prisons...) de la zone de planification d'urgence autour des installations nucléaires.

7.1.3 Diffusion préalable d'information et formation
L'étape suivante dans le processus de préparation aux situations d'urgence est la diffusion préalable d'informations et la formation. Il s'agit d'une part de la diffusion préalable d'informations à la population, et d'autre part de la diffusion préalable d'informations et de formation aux acteurs impliqués dans le plan d'urgence nucléaire aux différents niveaux concernés.

7.1.3.1 La population

La diffusion préalable d'information à la population relative au risque nucléaire et radiologique rejoint les autres initiatives d'informations plus générales relatives aux risques auxquels la population peut être confrontée. Les actions de protection qui peuvent être prises dans le cadre du présent plan d'urgence pour la population, la chaîne alimentaire et l'environnement sont en effet, à l'exception de la prise d'iode stable, similaires à celles qui peuvent s'appliquer à d'autres types de risque. Ceci est d'ailleurs également valable pour les bons comportements à adopter par la population.
Conformément aux directives internationales, la population susceptible d'être confrontée à un risque d'irradiation et/ou contamination doit être informée préalablement des actions de protection qui s'appliquent à elle ainsi que du comportement à adopter en cas de risque d'exposition à des rayonnements ionisants. L'information préalable doit avoir trait:
à la connaissance de base en matière de radioactivité et ses effets sur l'homme et l'environnement;
aux différents risques d'exposition à des rayonnements ionisants et leurs conséquences sur l'homme et l'environnement;
aux actions prises par les autorités pour alerter la population en cas de risque d'exposition à des rayonnements ionisants, pour la protéger et lui porter secours;
au comportement à adopter par la population afin de réduire le risque de radiation.
L'information préalable à la population est actualisée en continu. Elle est fournie sans que la population n'ait à la demander et est disponible en permanence. Elle est réalisée via différents canaux, notamment:
des campagnes d'information organisées régulièrement sur le risque nucléaire et radiologique. Elles complètent les campagnes d'information à la population sur les risques en général. Les campagnes d'information sur le risque nucléaire et radiologique comprennent les éléments obligatoires susmentionnés relatifs à l'information préalable. Une attention est également accordée à l'aspect “blocage de la glande thyroïde avec de l'iode - prise de comprimés d'iode stable” vu le caractère spécifique de cette action et le fait que les campagnes d'information peuvent aller de pair avec des campagnes sur la distribution préventive de comprimés d'iode stable;
les sites internet généraux du NCCN, de l'AFCN et des gouverneurs et bourgmestres;
les sites du NCCN développés spécifiquement sur la gestion des risques en Belgique de manière générale ou le risque radiologique et nucléaire en particulier;
les initiatives d'information à l'attention de la population dans le cadre de l'organisation des exercices liés au plan d'urgence nucléaire;
la diffusion d'informations des autorités administratives à l'attention de et en concertation avec les partenaires concernés via des groupements représentatifs de la société civile et économique: élus politiques, groupes d'intérêts (p.e. les écoles), organisations des consommateurs, groupements professionnels, représentants des secteurs économiques, comités de riverains,. ..
Dans le cadre de la transparence administrative, le présent plan peut toujours être consulté via les sites internet du NCCN et de l'AFCN, ou via une demande en ce sens adressée au NCCN ou à d'autres partenaires en ce qui concerne les procédures et les plans dont ils sont responsables.

7.1.3.2 Les acteurs impliqués dans le plan d'urgence

Chaque autorité, instance ou service concerné dans le présent plan, doit faire lui-même en sorte que son personnel, qui peut être engagé en cas de situation d'urgence, dispose de l'information et de la formation nécessaires pour remplir son propre rôle et ses responsabilités.
Ceci n'empêche que les instances qui ont une responsabilité de coordination ou de direction doivent développer des initiatives en ce qui concerne la diffusion d'informations et la formation en faveur des services qui ont un rôle à jouer au sein de ses propres plans, procédures et analyses. L'organisation des développements en la matière se déroule via le système par étapes comme décrit dans le § 7.1.2., sous la direction du NCCN, en collaboration avec l'AFCN et avec, comme partenaires concernés, les présidents des cellules de crise nationales (ou leurs délégués), les services fédéraux reliés aux disciplines opérationnelles sur le terrain, les responsables des cellules de crise départementales fédérales et les autorités fédérées/centres de crise régionaux et les gouverneurs.
La diffusion de l'information et la formation concernent notamment:
les dispositions du plan cadre actuel;
les éléments pertinents des plans, procédures et analyses complémentaires ou les projets d'amélioration relatifs aux problématiques spécifiques;
l'information spécifique et la formation des partenaires individuels et des groupes cibles.
Plusieurs canaux peuvent être utilisés ou doivent être développés à cet effet, notamment:
les sessions d'information à la suite de l'actualisation du présent plan d'urgence ou dans le cadre des campagnes d'informations pour la population;
les groupes (de travail) spécifiques reliés aux cellules de crise fédérales et locales;
les structures de formation spécifiques reliées aux disciplines opérationnelles sur le terrain: écoles du feu, écoles de police, structures de formation multidisciplinaires,. ..;
les sessions d'information et les workshops dans le cadre de la préparation des exercices de planification d'urgence;
les workshops sur des problématiques spécifiques;
les exercices didactiques où le type de réaction des participants est suivi et, le cas échéant, dirigé par des experts dans divers domaines.
Le personnel des disciplines opérationnelles susceptibles de devoir intervenir dans des situations d'exposition radiologique au cours desquelles il risque d'être soumis à un niveau de référence élevé (lOOmSv) doit être conscient du fait que cela peut engendrer des conséquences néfastes pour sa santé.
Les responsables du personnel susmentionnés sont dans l'obligation de dispenser des formations spécifiques approfondies sur le risque nucléaire et les procédures mono et multidisciplinaires associées. Le suivi de cette formation doit être acté.

7.1.4 Exercices de planification d'urgence
La quatrième étape dans le processus de préparation est l'organisation des exercices de planification d'urgence nucléaire. Les exercices de planification d'urgence nucléaire ont comme objectif de tester l'efficacité de la structure de réaction par rapport aux situations d'urgence nucléaire. Cette capacité de réaction est définie par l'actuel plan cadre, les plans d'urgence, procédures et analyses y afférentes, et la diffusion de l'information et/ou la formation pour la population et pour les acteurs impliqués dans le plan d'urgence nucléaire et radiologique.
Pour l'organisation des exercices de planification d'urgence nucléaire, un programme annuel et/ou pluriannuel est élaboré par le NCCN en collaboration avec les partenaires concernés, en ce compris l'AFCN, les exploitants concernés (78) , les gouverneurs des provinces concernées par les zones de planification d'urgence et les représentants des cellules de crise nationales. Ce programme comprend:
les exercices pour les installations nucléaires belges de classe I en exploitation (voir § 1.3);
les exercices pour les installations nucléaires limitrophes des pays voisins avec participation de la Belgique;
les exercices organisés par les instances internationales, la Commission Européenne, l'OCDE et l'AlEA.
En ce qui concerne les installations nucléaires belges de classe I en exploitation (voir § 1.3):
un exercice est organisé chaque année pour les centrales nucléaires;
un exercice est organisé tous les deux ans pour les autres installations de classe I;
les années où aucun exercice n'est organisé au niveau national pour une installation nucléaire, un exercice d'alerte doit obligatoirement avoir lieu avec les autorités à alerter (voir § 2.1.3).
Différents types d'exercices, ou une combinaison de ceux-ci, peuvent être organisés:
Exercice d'alerte: vise à tester les procédures d'alerte entre l'exploitant et les autorités à alerter et, selon la nécessité, d'autres partenaires ou (membres des) cellules de crise;
First Alert and Response Exercise (FAREX): vise à tester l'articulation entre les procédures internes et externes de la planification d'urgence nucléaire et plus particulièrement la procédure d'alerte, l'arrivée et le déploiement des disciplines opérationnelles sur le site de l'exploitant ainsi que la concertation capot. Ces exercices s'arrêtent après la coordination opérationnelle initiale (concertation capot);
Exercice de terrain: vise à tester, le déploiement des disciplines opérationnelles au sein du PC-Ops et/ou des antennes opérationnelles l'interaction et l'échange d'informations entre l'exploitant et le PC-Ops et/ou les antennes opérationnelles et, le cas échéant, le déploiement multidisciplinaire sur le terrain;
Exercice de poste de commandement: vise à tester l'interaction et l'échange d'informations selon un scénario spécifique entre des cellules de crise aux différents niveaux;
Exercice tabletop: échanges et discussions entre différents partenaires impliqués dans la gestion de crise sur des aspects spécifiques de ce plan cadre et/ou d'autres plans d'urgence ou procédures liés.
L'ampleur de chaque exercice fait l'objet d'une discussion générale dans le cadre de l'élaboration du programme des exercices et est spécifié lors du lancement de la préparation de chaque exercice. Celui-ci peut varier:
d'un exercice d'ampleur limitée: un test des procédures d'alerte suivi de l'interaction et de l'échange d'informations entre l'exploitant et la Cellule d'évaluation;
à un exercice de grande ampleur: test de l'ensemble des dispositions de la gestion de crise à tous les niveaux.
De plus, chaque type d'exercice peut également être associé à un exercice international en y intégrant certains aspects tels que l'alerte et l'échange d'information avec les instances homologues étrangères, l'alerte aux instances internationales, la demande ou l'offre d'assistance internationale, etc.
La méthodologie pour l'organisation des exercices de planification d'urgence nucléaire vise notamment à:
fixer les objectifs d'exercices, tant monodisciplinaires que multidisciplinaires;
développer un scénario d'exercice permettant d'aborder effectivement les objectifs d'exercice fixés pour les acteurs concernés;
accompagner effectivement le fonctionnement des différents acteurs et l'évaluer objectivement pendant l'exercice, et en fonction des objectifs d'exercice fixés;
tirer des conclusions pertinentes de l'exercice, à la fois en ce qui concerne les bonnes pratiques et les points à améliorer;
pouvoir distinguer en ce qui concerne les points d'amélioration: le plan cadre, les procédures et plans complémentaires, la diffusion d'information et la formation.
Lorsque des manquements sont constatés lors de l'évaluation et du retour d'expérience d'un exercice, une démarche d'amélioration continue doit être mise en place ou poursuivie entre les partenaires et services concernés. Cette démarche a notamment une vocation pédagogique d'amélioration de la qualité et doit permettre d'éviter lors des futurs exercices la reproduction des erreurs et manquements constatés. Lorsque des manquements au niveau de l'exploitant ont été constatés dans le cadre de l'évaluation des exercices de planification d'urgence coordonnée par le NCCN, l'AFCN peut, le cas échéant en concertation avec le NCCN, imposer des exercices de suivi concernant des aspects partiels de la gestion de crise, sur base de l'article lOsepties de la loi du 15/04/1994 et selon les modalités prévues par ce dernier.
Pour les exercices organisés au niveau national au regard de ce plan cadre au cours d'une année calendrier, le NCCN rédige un rapport annuel qui est soumis avant la fin du mois d'avril de l'année calendrier suivante au ministre de l'Intérieur.

(78)
Les exploitants d'installation nucléaires de classe I actuelle et future en exploitation en Belgique (voir §1.3).

7.2 Centre d'expertise CBRNe

Le NCCN collabore avec les instances responsables, les services opérationnels, les centres de connaissance et les centres de formation pour ce qui concerne la préparation, la gestion et le suivi des situations d'urgence chimiques, biologiques, radiologiques ou nucléaires, voire l'utilisation d'explosifs - ci-après appelé CBRNe - au moyen d'un centre d'expertise CBRNe établi au sein du NCCN en tant que plateforme multidisciplinaire ayant pour mission de:
rassembler l'information et développer la connaissance concernant les risques CBRNe;
mettre l'information et la connaissance concernant les risques CBRNe à la disposition de ses partenaires;
assurer une fonction de conseil ainsi que faciliter, soutenir et coordonner les initiatives et projets développés en la matière par le NCCN et ses partenaires;
développer des approches multidisciplinaires intégrées concernant les aspects de sûreté et de sécurité liés aux risques CBRNe.

7.3 Révision et évaluation du plan d'urgence

Tous les 5 ans, une analyse du présent plan d'urgence et des principes directeurs qu'il contient est effectuée par le NCCN, en concertation avec l'AFCN et les gouverneurs concernés. Dans ce cadre, l'avis d'autres partenaires peut également être sollicité. Le but de cette analyse est de déterminer si des évolutions significatives (nouvelles idées scientifiques, organisationnelles, adaptations législatives,. ..) ont eu lieu et doivent être intégrées dans le plan d'urgence. Le résultat de l'analyse doit être soumis au conseil des ministres. Si le conseil des ministres le juge nécessaire, une révision du plan est organisée afin d'y intégrer les nouveautés/modifications nécessaires.
De plus, il y aura au moins une évaluation indépendante des éléments du plan d'urgence et de sa mise en oeuvre (par exemple, un peer review de l'AlEA).

8 Glossaire

Les éléments de langage repris dans le glossaire sont extraits de différents textes législatifs et procédures (internationales). Ceux-ci doivent être vus comme une aide à la compréhension du plan d'urgence nucléaire et non comme des définitions scientifiques. Pour approfondir les définitions de ces éléments de langage, veuillez-vous référer aux textes repris en bibliographie (§ 8.3).

8.1 Lexique

Terme / Expression
Définition
Accueil
En cas d'évacuation, le citoyen est pris en charge dans une structure d'accueil. L'accueil peut être à finalité informative (point sur la situation, suivi radiologique, démarches à entreprendre avant le retour à la normale, etc.) et/ou logistique (fournir à boire, à manger, assurer les soins nécessaires, etc.).
Action de protection directe de la population
Action visant à protéger la population de toute exposition radiologique directe (par irradiation externe, contamination externe ou contamination interne par inhalation).
Action de protection indirecte de la population
Action visant à protéger la population contre une contamination interne par ingestion de radionucléides (chaine alimentaire, eaux de boisson, objets contaminés, etc.).
Actions de protection
Actions ayant pour but d'éviter ou réduire les doses résultant d'une exposition radiologique qui, en leur absence, pourraient être reçues dans une situation d'exposition d'urgence ou d'exposition existante.
Activation du plan d'urgence nucléaire
L'activation du plan d'urgence nucléaire entraine l'alerte et la mobilisation immédiate des cellules de crise compétentes.
 
As Low as Reasonably Achievable (aussi bas que raisonnablement possible), aussi connu sous le nom de “principe d'optimisation”.
ALARA
L'exposition des personnes aux rayonnements ionisants résultant d'une activité ou d'une intervention doit être maintenue au niveau le plus faible qu'il est raisonnablement possible d'atteindre, compte tenu de l'état des techniques, des facteurs économiques et sociaux et, le cas échéant, de l'objectif médical recherché.
Alert (Déclaration)
Événement à caractère nucléaire ou radiologique menant à une déclaration par l'exploitant aux autorités compétentes. Des actions peuvent être menées sur le site concerné par l'AFCN et Bel V, toutefois le plan d'urgence nucléaire ne doit pas être activé.
Collectivité
Lieu de travail ou de vie qui réunit plusieurs personnes au même endroit autour d'un intérêt commun (école, hôpital, grand magasin, entreprise, administration, club sportif, etc.)
Concertation capot
Première coordination multidisciplinaire après l'arrivée sur le lieu d'une situation d'urgence.
Contact direct réussi
On entend par “contact direct réussi” un contact s'effectuant oralement (directement ou par téléphone) avec une personne compétente. Tout autre contact passif (un message laissé sur une boite vocale, email, SMS, etc.) ne constitue pas un “contact direct réussi”.
Contamination (radioactive)
Contamination d'une matière, d'une surface, d'un milieu quelconque ou d'un individu par des substances radioactives. Cela comprend à la fois la contamination externe cutanée et la contamination interne par quelque voie que ce soit.
Contrôle de la contamination
Action de mesurer l'exposition radiologique d'une personne, d'un objet ou d'un lieu.
Coordination opérationnelle
La mission multidisciplinaire visant à limiter les conséquences d'une situation d'urgence en organisant les diverses interventions sur le terrain.
Coordination stratégique (à l'échelon communal et provincial)
La mission multidisciplinaire visant à limiter les conséquences d'une situation d'urgence, en mettant au point la réponse actuelle et future à y apporter, en soutenant les actions opérationnelles et en prenant les décisions nécessaires afin de revenir à une situation normale.
Coordination stratégique (à l'échelon national)
La mission consistant à coordonner différents départements et organismes publics de manière à limiter les conséquences d'une situation d'urgence, en mettant au point la réponse actuelle et future à y apporter, en soutenant les actions opérationnelles par la répartition des moyens nationaux, et en prenant les décisions nécessaires afin de revenir à une situation normale.
Déchets (radioactifs)
Toutes substances radioactives provenant d'une pratique autorisée ou d'une activité professionnelle, traitée en tout ou en partie, comme une pratique non exemptée en vertu de l'article 9.3 du RGPRI, et pour laquelle aucun usage ultérieur n'est prévu au sein de l'établissement, ainsi que les substances radioactives provenant d'une intervention mise en oeuvre en application de l'article 72bis du RGPRI (ou d'une mesure protectrice mise en oeuvre en situation d'urgence radiologique).
Déclaration
Un événement qui de par sa nature ou ses conséquences doit être déclaré par un exploitant aux autorités compétentes conformément aux dispositions définies par l'AFCN.
Dose collective
Somme des doses individuelles reçues par une population ou un groupe de personnes donné.
Dose efficace
Somme des doses équivalentes pondérées délivrées aux différents tissus et organes du corps mentionnés à l'annexe II par l'irradiation interne et externe (voir RGPRI).
Dose équivalente
Dose absorbée par le tissu ou l'organe, pondérée suivant le type et la qualité du rayonnement (voir RGPRI).
Dosimètre actif
Les dosimètres sont des appareils qui détectent et mesurent les doses de rayonnements ionisants. Un dosimètre actif fournit une information en temps réel en dose efficace et en débit de dose. Ces doses sont affichées directement sur le dosimètre, et une alarme sonore s'active en cas de dépassement d'un seuil. Les mesures doivent être lues et enregistrées ultérieurement en utilisant une unité de lecture.
Dosimètre passif
Les dosimètres sont des appareils qui détectent et mesurent les doses de rayonnements ionisants. Un dosimètre passif enregistre
 
les mesures mais ne les affiche pas. Ces mesures doivent être extraites et lues ultérieurement en utilisant une unité de lecture.
Effets déterministes
Les effets déterministes (ou réactions tissulaires) sont provoqués par la mort cellulaire (dommages sur l'ADN d'une cellule si importants qu'elle ne peut plus se diviser/réparer) radio-induite d'une quantité critique de cellules. Avant que ces effets ne puissent survenir, la dose doit dépasser un certain seuil. Lorsque ce seuil est dépassé, l'effet commence à se manifester chez la grande majorité des individus de la population exposée. En deçà de cette dose seuil, les effets ne peuvent pas apparaître (hormis chez les très rares personnes qui présentent des prédispositions génétiques spécifiques), tandis qu'au-delà de cette dose seuil, plus la dose est élevée, plus les effets sont graves. Ces effets sont généralement immédiats (des brûlures par exemple).
Effets stochastiques
Les effets stochastiques sont la conséquence de mutations génétiques affectant une ou plusieurs cellules (induites par la non-réparation ou le défaut de réparation de lésions de la molécule ADN). Pour ce type d'effets, il n'existe pas de dose seuil précise en dessous de laquelle le risque d'apparition est nul et la probabilité d'apparition de ces effets augmente au fur et à mesure que la dose augmente. Dès qu'un individu reçoit une certaine dose de rayonnement, le risque d'effets néfastes sur sa santé existe. La probabilité de voir ce risque se concrétiser est minime lorsque la dose est très faible, mais elle s'accroît à mesure que la dose augmente. Ces effets sont généralement différés (cancer par exemple).
Enregistrement
En cas d'évacuation, le citoyen est pris en charge dans une structure d'accueil. L'enregistrement est la première étape avant l'accueil. Les coordonnées (nom, prénom, téléphone, adresse) sont collectées pour assurer le suivi du parcours du citoyen (accueil, relogement temporaire ou définitif).
Établissement nucléaire
Ensemble d'une ou plusieurs installations où sont effectuées des opérations ou des activités professionnelles impliquant des substances radioactives ou des sources de rayonnements ionisants, telles que définies à l'article 1 du RGPRI, qui sont situées dans une zone géographique limitée et bien définie et dont le même exploitant est responsable.
Événement (à caractère nucléaire et radiologique)
Incident, accident ou mauvaise manipulation (fortuite ou volontaire) susceptible d'avoir des conséquences radiologiques non négligeables pour la population et l'environnement.
Installation industrielle
Ensemble du site placé sous le contrôle d'un exploitant où des substances dangereuses sont présentes dans une ou plusieurs installations, y compris les infrastructures ou les activités communes ou connexes. Ce terme couvre les bâtiments et l'ensemble des opérations qui permettent d'obtenir, de transformer ou de transporter des produits ou des services.
Installation nucléaire
Ensemble d'objets, d'appareils, de dispositifs ou de bâtiments constituant à l'intérieur d'un établissement nucléaire, une unité technique où sont exercées des pratiques ou activités
 
professionnelles avec des substances radioactives ou des sources de rayonnements ionisants, telles que visées à l'article 1 du RGPRI.
Intervenant(s)
Personne ayant ou à laquelle l'autorité a confié une mission clairement définie dans le cadre de la gestion d'une situation d'urgence à caractère nucléaire ou radiologique (pompiers, Protection civile, personnel de l'exploitant, services de police, personnel des services médicaux, chauffeurs de moyens de transport réquisitionnés, etc.). Elle est susceptible d'être exposée aux rayonnements ionisants lors de cette mission (en période aiguë et/ou en période de transition). À ce titre cette personne est professionnellement exposée au sens du RGPRI.
Intervention
Activité humaine destinée à prévenir ou à réduire l'exposition des individus aux rayonnements ionisants à partir de sources qui ne font pas partie de l'exercice d'une profession ou ne sont pas maîtrisées, en agissant sur les sources de rayonnement ionisant, les voies d'exposition et les individus eux-mêmes.
Mise à l'abri
Action de protection visant à abriter les personnes à l'intérieur d'un bâtiment afin de diminuer l'exposition directe aux rayonnements ionisants ambiants.
Mise à l'écoute
Action visant à informer la population par tous les canaux jugés pertinents (réseaux sociaux, médias, système d'alerte par mail et téléphone des autorités, services de secours,. ..)
Niveaux de référence
À des doses élevées (~500 mSv), les rayonnements ionisants provoquent des effets directement observables dont la gravité est proportionnelle à l'accumulation de la dose reçue. Une exposition à faible dose implique un risque d'apparition d'effets à plus long terme (ex: cancer, cataracte, maladies cardiovasculaires) avec une probabilité d'occurrence (et non une gravité) proportionnelle à la dose accumulée lors des différentes expositions.
Des limites de doses ont donc été fixées afin d'éviter ou de limiter le plus possible de tels effets dans le cadre d'une exposition professionnelle sur toute une carrière. Pour les situations d'urgence, les limites de doses ne s'appliquent pas aux intervenants mais des niveaux de référence doivent être respectés. Durant les périodes aigues et de transition, les niveaux de référence pour l'exposition des intervenants sont fixés dans un intervalle de 20 à 100 mSv (en dose efficace aiguë ou annuelle). Si un intervenant se situe dans cet intervalle, il est obligatoire que celui-ci soit vu par un médecin du travail agréé qui statuera sur les conditions d'exposition ultérieures pour cette personne.
Niveau opérationnel d'intervention
Valeur de dose équivalente ou de dose efficace, ou valeur dérivée, à laquelle certaines interventions devraient être envisagées. En principe, dans le cadre du processus de justification de l'intervention, ces niveaux s'appliquent à des doses susceptibles d'être évitées par l'intervention concernée; il faut cependant également tenir compte de l'existence d'effets à seuil susceptibles d'être évités par une intervention et pour lesquels il faut prendre en compte la dose totale reçue par l'ensemble des voies d'exposition.
Notification
Un événement qui par sa nature ou ses conséquences est notifié par l'exploitant selon les modalités définies par le présent plan. Une notification mène à une activation automatique du plan d'urgence nucléaire.
On-Site Operations Coordination Centre (OSOCC)
L'OSOCC a été développé comme un outil de réponse rapide qui travaille en étroite collaboration avec le gouvernement d'un pays impacté pour fournir un système de coordination et faciliter les activités des efforts de secours internationaux sur le site d'une situation d'urgence.
Période aiguë
La période aiguë est déclenchée par la prise de connaissance d'un événement qui présente un risque d'exposition de la population à une quantité de rayonnements ionisants supérieure à la limite de dose annuelle (pour la population) (1 mSv/an). Elle se caractérise souvent, surtout dans les premières heures, par une connaissance limitée de ses conséquences potentielles. Ainsi, par précaution les décisions sont généralement prises sur la base d'une évaluation prudente mais appropriée.
Plan d'urgence et d'intervention
Plan qui prévoit les directives générales et les informations nécessaires pour assurer la gestion de la situation d'urgence, en ce compris les mesures à prendre et l'organisation des secours.
Portail national de sécurité
Plateforme de communication sécurisée mise en place par le NCCN afin de permettre l'échange d'informations entre partenaires, tant pour la planification d'urgence et le suivi de grands événements que pour la gestion d'incidents et de situations d'urgence.
(Radio)nucléides
Atomes/éléments ayant un noyau instable radioactif.
Rayonnements ionisants
Un rayonnement est une émission d'énergie ou d'onde électromagnétique (par des atomes). Les rayonnements sont dits “ionisants” car ils ont assez d'énergie pour perturber la charge énergétique des atomes qu'ils traversent (et les transformer en ions). Il existe plusieurs types de rayonnements ionisants: alpha, bêta, gamma, neutrons et X. Ces rayonnements peuvent provoquer des dégâts sur le corps humain en fonction de leur nature, et de la durée et de l'intensité de l'exposition.
Rejet (radioactif)
Un rejet (radioactif) est l'émission ou la décharge d'une substance (radioactive) provenant d'une installation dans l'atmosphère, les eaux de surface ou dans certains cas, dans le sol.
Relogement définitif
Relogement définitif de citoyens ayant été évacués d'une zone inhabitable pour une longue durée suite à une situation d'urgence radiologique (plus d'une année civile).
Relogement temporaire
Relogement temporaire (2 jours à 1 année civile) de citoyens ayant été évacués suite à une situation d'urgence radiologique.
Rétablissement (période de)
Période pendant laquelle se déroule le processus coordonné d'aide aux personnes et communautés impliquées dans une situation d'urgence pour la reconstruction de l'environnement bâti et naturel et pour la restauration et l'amélioration de l'équilibre social et économique ainsi que du bien-être physique et mental tout en visant à mitiger les risques ainsi qu'à créer des communautés
 
résilientes. Cette période précède le retour à une situation normale (celle d'avant la gestion de crise) ou à une situation de nouvelle normalité. Par exemple, si des zones du territoire national sont en quarantaine, une stratégie de rétablissement sera menée pour assainir la zone contaminée (mesures et prélèvements, interdiction d'habitation ou de consommation, etc.). Cette période peut durer quelques jours ou plusieurs (dizaines) années.
Secteur socio-économique
La socio-économie étudie les relations mutuelles entre les réalités sociales d'une part et les réalités économiques d'autre part. Un secteur socio-économique régit donc les relations sociales et économiques au sein d'un milieu d'activité défini (par exemple les soins médicaux, les télécommunications, les transports, etc.).
Secteur vulnérable
Un secteur socio-économique tel que défini ci-dessus, qui est susceptible d'être impacté par une situation d'urgence radiologique.
Sievert (Sv)
Le sievert (Sv) est l'unité de mesure des doses équivalente et efficace. Elle prend en compte l'effet et la dangerosité des rayonnements ionisants ainsi que les tissus vivants affectés, ce qui permet d'évaluer et comparer l'impact sur le corps humain d'une exposition à ces rayonnements ionisants.
Situation d'exposition d'urgence
Situation d'exposition où les intervenants sont engagés dans des interventions rapides nécessaires pour porter secours à la population, pour empêcher l'exposition d'un grand nombre de personnes (pour mettre en place des actions de protection) ou pour sauver une installation ou des biens de grande valeur, et au cours de laquelle une des limites de dose individuelles fixées pour le personnel professionnellement exposé pourrait être dépassée.
Situation d'exposition existante
Situation d'exposition qui existe déjà lorsqu'une décision doit être prise sur son contrôle, et qui ne nécessite pas, ou ne nécessite plus, d'actions urgentes. Ceci concerne notamment les situations où la radioactivité a été effectivement rejetée, qu'elle a provoqué une contamination étendue et rémanente de l'environnement et qu'elle entraine une exposition chronique de la population.
Situation d'exposition planifiée
Situation d'exposition qui résulte de l'exploitation planifiée d'une source de rayonnement ou d'une activité humaine qui modifie les voies d'exposition, de manière à causer l'exposition ou l'exposition potentielle de personnes ou de l'environnement. Les situations d'exposition planifiées peuvent comprendre tant des expositions normales que des expositions potentielles (voir RGPRI).
Situation d'urgence (nucléaire ou radiologique)
Tout événement susceptible d'exposer la population à des niveaux supérieurs aux limites de dose pour les individus de la population, définies dans le RGPRI, qui entraîne ou qui est susceptible d'entraîner des conséquences dommageables pour la vie sociale, comme un trouble grave de la sécurité publique, une menace grave sur la vie ou la santé des personnes et/ou contre des intérêts matériels importants. Ces évènements nécessitent une coordination opérationnelle et/ou une coordination stratégique afin d'éliminer la menace ou de limiter leurs conséquences néfastes.
TELERAD
Réseau automatique de télémesure de la radioactivité sur le territoire belge géré par l'AFCN. Il est composé de stations qui mesurent en permanence la radioactivité présente dans l'air et les eaux de rivières. Ces stations sont reliées à un système centralisé qui est automatiquement alerté si une valeur seuil de radioactivité est dépassée.
Terme source
Le terme source désigne le type et la quantité de substances radioactives rejetées dans l'environnement à la suite d'un incident.
Transition (période de)
Période qui précède la période de rétablissement. Elle a pour but de préparer le rétablissement. Une stratégie doit être établie (notamment les actions de protection à maintenir et à adapter et l'autorité en charge du suivi). Pendant la période de transition, la cause de la situation d'urgence est connue et maîtrisée, et il n'y a pas de risque de suraccident.
Travailleur (en charge des travaux de remédiation)
Personne ayant des tâches clairement définies pendant la période de rétablissement à la suite d'une situation d'urgence radiologique, et susceptible d'être exposée aux rayonnements ionisants. À ce titre elle est professionnellement exposée au sens du RGPRI.
Trou de serrure
Zone circulaire autour du site nucléaire concerné, élargie pour inclure le secteur situé sous le vent. Dans certains cas, le secteur sous le vent pourrait être élargi à 360°, formant alors une zone circulaire plus large.
USIE
Système unifié d'échange d'information de l'Agence internationale de l'énergie atomique.
WebECURIE
Système communautaire d'échange rapide d'informations dans le cas d'une urgence radiologique tel qu'établi par la Décision 87/600/Euratom du Conseil du 14 décembre 1987 concernant les modalités communautaires en vue de l'échange rapide d'informations dans le cas d'une situation d'urgence radiologique et en vertu de la convention de l'AlEA du 26 septembre 1986 sur la notification rapide d'un accident nucléaire.
Zone d'extension
Territoire qui s'étend au-delà de la zone de planification d'urgence. Elle s'étend dans un rayon de 100km autour du site d'exploitation concerné (sur ou en-dehors du territoire Belge). Elle sert à la mise en oeuvre d'actions de protection de la population au-delà de ces zones de planification d'urgence et au travers d'une stratégie d'approche graduée.
Zone de planification d'urgence
Territoire découpé en couronnes concentriques et en blocs autour de l'exploitation considérée. Elle s'étend dans un rayon de 10km (IRE) à 20km (Doel, Tihange, Mol-Dessel et Chooz).
Zone de préparation
Terme générique qui recouvre les concepts de “zone d'extension” et de “zone de planification d'urgence”.
Zone réflexe
Périmètre constitué du bloc S et de la couronne X. Le périmètre varie en fonction de l'installation nucléaire considérée.
Zone(s) d'action de protection
Précédemment appelée “Zone d'intervention nucléaire”. Une zone d'action de protection est constituée des blocs ou territoire(s) dans
 
lesquels la mise en application pour la population d'une action de protection (in)directe spécifique est décidée par les autorités.

8.2 Liste des abréviations

ALARA
As Low As Reasonably Achievable (Aussi bas que raisonnablement possible)
AFCN
Agence fédérale de Contrôle nucléaire
AFSCA
Agence fédérale pour la Sécurité de la Chaîne Alimentaire
AGS
Aerial Gamma-Spectrometry: Système de mesure radiologique utilisable dans l'air.
AIEA
Agence internationale de l'énergie atomique
Am
Américium
Bel V
Filiale de l'AFCN (Responsable de l'inspection technique et de l'évaluation de la sécurité).
BoO
Base of Operations
BP
Belgoprocess
Bq
Bequerel
CBRNe
Chimique, Biologique, Radiologique ou Nucléaire, éventuellement en combinaison avec des explosifs.
CC-Com
Comité de coordination / Cellule de crise communale
CC-Prov
Comité de coordination / Cellule de crise provinciale
CE
Commission européenne
CELEVAL
Cellule d'évaluation
CELINFO
Cellule d'information
CELMES
Cellule de mesure
CIC 101
Centre de communication et d'information 101
CI2C
Cellule interne de crise de l'AFCN
COFECO
Comité fédéral de coordination
Cs
Cesium
CU112
Centrale d'urgence 112
Dir-Log
Directeur de la discipline logistique
Dir-Med
Directeur de la discipline médicale
Dir-PC-Ops
Directeur du poste de commandement opérationnel
ECOSOC
Cellule socio-économique
ECURIE
European Commission Urgent Radiological Information Exchange
ERCC
Emergency Response Coordination Centre
ESA
European Space Agency
EURATOM
European Atomic Energy Community
FAREX
First Alert and Response Exercise
FED
Niveau fédéral (national)
HERCA
Heads of European Radiation Protection Competent Authorities
HNS
Host Nation Support
I
Iode
IEC
Information and Emergency Center (AEIA)
IRE
Institut National des Radioéléments
IRM
Institut Royal Météorologique
JRC
Joint Research Centre
MPI
Moyen(s) de protection individuel
NatLogHub
Hub Logistique National
NCCN
Nationaal Crisiscentrum - Centre de crise National
OCDE
Organisation de Coopération et de Développement Economiques
ONDRAF
Organisme national des déchets radioactifs et des matières fissiles enrichies
OSOCC
On-Site Operations Coordination Centre
PC-Ops
Poste de commandement opérationnel
PGUI
Plan général d'urgence et d'intervention
PIU
Plan interne d'urgence
PPUI
Plan particulier d'urgence et d'intervention
Pu
Plutonium
RANET
Response and assistance Network
RDC
Réception and Departure Centre
RGPRI
Règlement Général de la Protection de la population, des travailleurs et de l'environnement contre le danger des Rayonnements Ionisants
SPF
Service public fédéral
Sr
Strontium
(m)Sv
(milli)Sievert
TELERAD
Télémesure de la radioactivité
UCPM
Union Civil Protection Mechanism
UE
Union européenne
USIE
Unified System for Information Exchange in Incidents and Emergencies (de l'AlEA)
WENRA
Western European Nuclear Regulators' Association

8.3 Références

Cette section répertorie de façon non exhaustive des textes de référence contenant des informations pouvant se révéler utiles dans le cadre du plan d'urgence nucléaire. Ces textes peuvent être lus en parallèle du plan d'urgence nucléaire et permettent d'approfondir la matière.
RÉFÉRENCES NATIONALES
Plan d'urgence national
Arrêté royal du 31 janvier 2003 - Arrêté royal portant fixation du plan d'urgence pour les événements et situations de crise nécessitant une coordination ou une gestion à l'échelon national, Moniteur Belge, 21 février 2003.
Planification d'urgence locale
Arrêté royal du 22 mai 2019 - Relatif à la planification d'urgence et la gestion de situations d'urgence à l'échelon communal et provincial et au rôle des bourgmestres et des gouverneurs de province en cas d'événements et de situations de crise nécessitant une coordination ou une gestion à l'échelon national, Moniteur Belge, 27 juin 2019.
RGPRI
Arrêté royal du 20 juillet 2001 - Portant règlement général de la protection de la population, des travailleurs et de l'environnement contre le danger des rayonnements ionisants, Moniteur Belge, 30 août 2001.
Livre blanc de la Commission d'experts en matière de gestion de crise
SCHMITZ, O. et al. (2023). Livre blanc. Recommandations permettant d'améliorer la gestion de crise en Belgique. Commission d'experts en matière de gestion de crise.
RÉFÉRENCES BILATERALES & MULTILATERALES
Accord BENELUX
Memorandum d'Accord de coopération dans le domaine de la gestion de crises pouvant avoir des conséquences transfrontalières entre le Royaume de Belgique, le Royaume des Pays-Bas et le Grand-Duché de Luxembourg, 01 juin 2006
Accord BNSO
Accord entre les Pays-Bas et la Belgique, Belgische Nederlandse werkwijze bij nucleaire crisisbeheersing (BNSO), 12 juin 2019
Accord Franco-belge
Arrangement administratif relatif à l'assistance entre la Belgique et la France, 12 septembre 2019.
Accord Belgo-Luxembourgeois
Accord entre le Grand-Duché de Luxembourg et la Belgique, Uitwisseling van informatie in geval van een incident of een ongeval dat stralingsgevolgen zou kunnen hebben, 29 mars 2023.
Directives canadiennes
Directives sur la planification du rétablissement à la suite d'une urgence nucléaire ou radiologique. Santé Canada, 2020.
RÉFÉRENCES INTERNATIONALES
Approche HERCA-WENRA
Approche HERCA-WENRA pour une meilleure coordination transfrontalière des actions de protection durant la première phase d'un accident nucléaire, 22 octobre 2014.
IAEA GSR Part 7
IAEA Safety Standards for protecting people and the environment, Series N°GSR Part 7, Preparedness and response for a nuclear of radiological emergency, Vienne (2015).
Convention de l'AlEA sur la notification rapide d'un accident nucléaire
AIEA Convention sur la notification rapide d'un accident nucléaire du 26 septembre 1986.
Convention de l'AlEA sur l'assistance en cas d'accident nucléaire ou de situation d'urgence radiologique
AIEA: Convention sur l'assistance en cas d'accident nucléaire ou de situation d'urgence radiologique du 26 septembre 1986.
EURATOM 2013/59
Directive 2013/59/EURATOM du Conseil, 5 décembre 2013 - Fixant les normes de base relatives à la protection sanitaire contre les dangers résultant de l'exposition aux rayonnements ionisants.
EURATOM 2016/52
Règlement EURATOM 2016/52 du Conseil de l'Union européenne, 15 janvier 2016 - Fixant les niveaux maximaux admissibles de contamination radioactive pour les denrées alimentaires et les aliments pour animaux après un accident nucléaire ou dans toute autre situation d'urgence radiologique.
Décision ECURIE
Décision 87/600/Euratom du Conseil du 14 décembre 1987 concernant des modalités communautaires en vue de l'échange rapide d'informations dans le cas d'une situation d'urgence radiologique
Decision - 87/600 - EN - EUR-Lex (euroüa.eu)
EUCPM
Mécanisme communautaire visant à fournir une coopération renforcée dans le cadre des interventions de secours relevant de la Protection Civile (Décision du Conseil Européen du 23.10.2001, publiée au Journal Officiel n° L-297 du 15.11. 2001 p. 0007-0011).
EU HNS Guidelines
EU Host Nation Support Guidelines du 01 juin 2012.
OSOCC Guidelines
On-Site Operations Coordination Centrer (OSOCC) Guidelines 2018, 23 octobre 2018.